Mal de dos, douleurs au niveau des hanches ou encore gênes dans l’aine, il existe peut être la réponse à tous ces maux : le syndrome de Maigne, ou syndrome de la jonction thoraco-lombaire. Cette pathologie se caractérise par des douleurs projetées généralement en bas du dos. D’où vient ce syndrome ? Comment le reconnaître ? Existe-t-il un moyen de soulager les douleurs ? Les explications du Dr Nicolas Joyard, médecin ostéopathe à Lyon.
Plusieurs pathologies existent pour expliquer les maux de dos, fléaux de notre société moderne. Outre la sciatique et le lumbago, il y a aussi, parmi tous ces diagnostics, le syndrome de Maigne à prendre en compte. Cette pathologie, peu connu du grand public, a été découvert en 1972 par le Dr Robert Maigne, grâce à ses études sur le dérangement intervertébral mineur. Le point sur ce syndrome avec le Dr Nicolas Joyard.
Syndrome de Maigne : une douleur dans le dos, mais pas seulement
Syndrome de Maigne : d’où vient la douleur ?
Le syndrome de Maigne est associé au dérangement intervertébral mineur (DIM), concept inventé par le Dr Robert Maigne pour classifier les douleurs vertébrales. Les vertèbres de la région dorso-lombaire subissent des altérations légères, mais qui peuvent entraîner une compression des nerfs situés entre la dernière vertèbre thoracique et la première vertèbre lombaire, également connue sous le nom de charnière dorso-lombaire.
Lorsque les nerfs sont comprimés, ils envoient des signaux de douleur incohérents le long de leur trajet, provoquant ainsi une douleur projetée. Cela signifie que la douleur n’est pas localisée à l’endroit exact de la compression nerveuse, mais peut être ressentie dans d’autres parties du corps, telles que les hanches, les cuisses ou l’aine. Ainsi, bien que la source de la douleur soit dans le dos, elle peut être ressentie à distance. C’est là toute la complexité du syndrome de Maigne.
Quels sont les symptômes du syndrome de Maigne ?
Le syndrome de Maigne se traduit par un ensemble de douleurs dans le bas du dos principalement, mais qui peuvent, comme mentionné précédemment, se propager dans plusieurs zones et s’aggraver lors de flexion, extension ou rotation du dos. Il y a donc plusieurs parties du corps qui peuvent être touchées par des douleurs, ce qui rend le diagnostic difficile.
- La lombalgie basse : une douleur localisée sacro-iliaque (jonction entre le sacrum et le bassin) mais aussi au-dessus des fesses.
- Les pseudos-douleurs de hanche : la douleur peut se focaliser de manière unilatérale, au niveau de la hanche.
- Les pseudos-douleurs viscérales : les douleurs peuvent aussi être ressenties au niveau du pli de l’aine, des testicules, du pubis ou des voies digestives basses.
Syndrome de Maigne : n’attendez pas pour consulter !
Quelles sont les causes de ce syndrome ?
- Compression nerveuse : le dérangement intervertébral mineur peut entraîner une compression des nerfs de la charnière dorso-lombaire. Cette compression nerveuse peut provoquer des signaux de douleur incohérents le long du trajet des nerfs, caractéristique du syndrome de Maigne.
- Irritation des tissus environnants : En plus de la compression nerveuse, le dérangement intervertébral mineur peut entraîner une irritation des tissus environnants, tels que les ligaments, les muscles et les articulations de la région dorso-lombaire. Cette irritation peut également contribuer à la douleur et aux autres symptômes du syndrome de Maigne.
- Défauts posturaux ou mouvements répétitifs : Des défauts posturaux ou des mouvements répétitifs peuvent aggraver les anomalies vertébrales et les dérangements intervertébraux mineurs. Par exemple, rester assis dans une mauvaise posture pendant de longues périodes peut exercer une pression excessive sur la région dorso-lombaire et favoriser le développement de la compression nerveuse.
Comment le diagnostiquer ?
L’examen physique réalisé par un ostéopathe peut révéler le syndrome de Maigne grâce à la palpation. Si la douleur est très intense au toucher, il est probable qu’il s’agisse de cette pathologie.
De plus, la compression des nerfs peut entraîner une douleur cutanée, se manifestant par une peau épaisse et granuleuse dans la zone affectée. Un phénomène connu sous le nom de cellulalgie.
“Malheureusement, de nombreux patients souffrent d’errances thérapeutiques interminables, souvent marquées par des examens coûteux et complexes qui n’aboutissent à rien de concret”, explique le Dr Nicolas Joyard. “Ils restent en quête d’un diagnostic précis et d’un soulagement de leurs symptômes. C’est pourquoi il est important de mettre en avant l’examen physique et les traitements manuels, comme ceux proposés par des praticiens spécialisés dans le syndrome de Maigne. Bien que la rééducation posturale puisse être bénéfique, elle ne constitue pas la solution principale pour ce syndrome.”
Comment réagir ? Consulter un ostéopathe
Existe-t-il des traitements ?
Selon le Dr Joyard, “le traitement le plus efficace pour le syndrome de Maigne est une approche mécanique et manuelle de la région dorsolombaire. Ce traitement, défini par le médecin rééducateur fonctionnel et rhumatologue Robert Maigne, consiste en des manipulations spécifiques de la charnière dorsolombaire. Il est important de noter que le Dr Maigne a joué un rôle crucial dans le développement de la “médecine manuelle ostéopathie” en France, en collaboration avec le docteur Albert Pécunia, bien avant que la pratique de l’ostéopathie ne soit légalisée dans le pays et que les ostéopathes DO ne soient reconnus.”
Le traitement mécanique et manuel du syndrome de Maigne implique des manipulations précises de la région dorsolombaire de la colonne vertébrale. Ces manipulations visent à corriger les déséquilibres ou dysfonctionnements qui peuvent contribuer aux symptômes du syndrome, tels que la douleur dans la région lombaire et les douleurs irradiant vers les fesses ou les membres inférieurs. En ajustant les structures vertébrales et en relâchant les tensions musculaires, ce traitement peut soulager les symptômes et améliorer la fonctionnalité de la région affectée.
À SAVOIR
Les douleurs du syndrome de Maigne, provenant du dos, sont projetées à 89% des cas dans la partie postérieure (bas du dos). 6% des cas sont des douleurs pseudo-viscérale et de l’aine et 5% sont des douleurs pseudo-trochantériennes (hanche).