Comment se reconstruire après le cancer ? C’est autour de cette question que s’organise la 2ème édition du salon des K-Fighteuses, ce jeudi 23 mai au Centre de Léon Bérard, à Lyon. Le témoignage de Séverine Martin, organisatrice de l’événement.
À 42 ans, Séverine Martin, mère de deux enfants a vaincu le cancer du sein. La vie de cette femme au mental d’acier a pris un nouveau tournant depuis sa maladie. C’est un message d’espoir sur la vie après le cancer qu’elle véhicule au sein de son association Dégom’crab et du salon annuel des K-Fighteuses qu’elle organise conjointement avec le Centre Léon Bérard, à Lyon.
Communiquer sur sa maladie : une seconde thérapie ?
« Quand j’ai appris, à 39 ans, que j’avais un cancer, cela a été très oppressant car je ne savais pas ce qui allait arriver. Puis j’ai commencé à aller sur les réseaux sociaux et j’ai pris contact avec des femmes qui parlaient de leurs cancers et de ce qu’elles faisaient après. Cela a été une révélation : il faut puiser des forces dans sa maladie, même si on en a bavé. Pendant la maladie, j’ai écrit un journal de bord, Mon nibard vs Crabevador, et j’étais très active sur les réseaux sociaux. Je communiquais beaucoup sur ma maladie avec d’autres personnes atteintes, ça m’a beaucoup aidé. C’est une grande communauté qui permet d’échanger sur son ressenti et de se sentir moins seule face au cancer, pendant les traitements, mais aussi après. »
Comment définir l’après-cancer ?
« Après le cancer, on a une phase de grand vide. Pendant les soins, on est plus vraiment maître de son emploi du temps, notre vie est orchestrée par les traitements. Et du jour au lendemain, cela s’arrête. C’est bien pour la rémission mais il se crée un vide. C’est difficile car les choses changent brusquement : après le cancer on a beaucoup moins de soutien et on se retrouve plus seul. Les proches sont présents mais ils ne veulent plus vraiment parler de la maladie quand c’est terminé et préfèrent oublier. Alors que nous qui l’avons vécu, nous en avons parfois besoin. Mais on apprécie beaucoup plus la vie après un cancer. Le plaisir des choses est décuplé ! Je rêvais de faire des choses avant, j’ose les faire maintenant ! »
Après le cancer : “il faut avoir des projets”
Comment préparer la vie après un cancer ?
« Pendant le cancer, il ne faut pas se laisser abattre, il faut faire des projets pour la suite ! Même s’il s’agit de programmes simples comme aller en vacances, il faut se dire que l’on a un projet après les traitement pour ne pas ressentir le vide. J’étais encore en soin quand j’ai commencé à réfléchir à la création d’un salon. Et il ne faut surtout pas rester seul. On peut communiquer avec d’autres personnes ayant les même maux et pas forcément sur les réseaux sociaux mais dans des réseaux privés ou les associations par exemple. Ne pas hésiter à consulter une psychologue, pendant les traitements et même après pour se reconstruire. »
Comment se passe le retour à la vie professionnelle ?
« La société a une attitude contradictoire avec les personnes qui ont eu un cancer. D’un côté, on nous demande de tourner la page : les gens ont tendance à ne plus vouloir qu’on en parle et les proches souhaitent l’oublier. À l’inverse, de l’autre côté, la société nous rabâche constamment que l’on a été malade. Dans le milieu professionnel, les anciens malades sont stigmatisés : on ne retrouve pas forcément son poste et les patrons craignent que l’on s’absente de nouveau pendant plusieurs mois. C’est difficile pour beaucoup de monde. Moi heureusement, je n’ai pas connu ces choses là. »
Après le cancer : “fatigue et effets secondaires persistent”
Vous avez changé de travail suite au cancer, pourquoi ?
« C’est la maladie qui m’a permis de trouver un nouveau travail. J’étais assistante sociale en psychiatrie depuis 10 ans mais je n’en pouvais plus depuis longtemps. Je voulais changer de service au départ et suite au cancer, j’ai complètement changé de voie professionnelle ! En organisant et en communiquant sur les salons, j’ai rencontré beaucoup de gens et ça m’a beaucoup aidé. Je travaille depuis mai en tant que chargée de communication digitale dans une entreprise de cosmétiques dédiés aux femmes ayant subi un cancer. Mais je vais à mon rythme car il y a de la fatigue et des effets secondaires de la chimiothérapie qui persistent, même plusieurs mois après. »
Pourquoi avoir créé l’association ?
« En juin 2017, je suis remontée du bloc opératoire et on m’a enlevé mon sein. À ce moment-là je me suis dit qu’un jour peut-être la recherche permettra d’éviter les ablations mammaires. Et c’est à ce moment-là que j’ai décidé de créer une association pour récolter des bénéfices pour le pôle recherche du Centre Léon Berard. Il faut qu’on avance. En octobre de la même année, l’association est née.
Le salon K-fighteuses c’est l’occasion de se rencontrer et de donner de l’espoir. Quand on sort de chimiothérapie et qu’on rencontre des femmes qui sont passées par les mêmes galères et qui ont créé des choses, ça redonne le sourire. »
Retrouvez également le témoignage d’Agnès Fontaine, auteur de ”Vingt femmes face au cancer du sein”.
A SAVOIR
Le salon des K-Fighteuses est organisé par l’association Dégom’crab et le Centre Léon Bérard de Lyon autour de la thématique de la vie après un cancer, jeudi 23 mai 2019. Un événement qui met en avant des réalisations de femmes ayant vaincu le cancer. La conférence débute à 18h en présence de professionnels de santé et de patients venant témoigner sur des thèmes comme le retour à l’emploi, la vie de famille ou encore l’entourage. Au programme cette année : une séance de body combat géante pour les participants ! Pour s’inscrire, rendez-vous sur le site du Centre Léon Berard : www.centreleonberard.fr.