L'orgasme ne correspond pas forcément à la définition que l'on imagine... ©Alex Van

La psycho-sexathérepeute corporelle lyonnaise Claudie Caufour prend un “malin plaisir” à répondre à toutes les questions autour d’un sujet tabou. L’orgasme vaginal existe-t-il ? L’orgasme est-il automatique en cas d’éjaculation ? Comment contrôler la montée du plaisir ? Tout, tout, tout, vous serez tout sur l’orgasme !

On parle parfois d’orgasme vaginal, mais certains sexologues contestent son existence. Qu’en pensez-vous ?

Claudie Caufour : On croit à tort que lorsqu’un homme éjacule, il atteint l’orgasme. Idem pour les femmes : le moment où se produisent les spasmes ne correspond pas forcément à un orgasme. Selon l’approche Sexocorporelle qui est à la base de ma pratique, l’orgasme correspond à la montée de l’excitation génitale associée au plaisir sexuel jusqu’au point de non retour. On ne peut pas parler d’orgasme sans plaisir. Or, bien souvent, certains vivent leur excitation dans un corps trop tendu, ce qui bloque la respiration et rend le corps inconfortable. Les réactions spasmodiques tout comme l’éjaculation qui en résultent, correspondent à une décharge génitale réflexe consécutive à un excès de tonus musculaire. On appelle cela également un orgaste. Pour qu’il y ait orgasme, il faut que l’excitation soit vécue avec une charge émotionnelle positive, autrement dit, du plaisir sexuel, ce qui ne peut se vivre dans un corps bloqué par l’excès de tonus musculaire. L’orgasme nécessite donc un tonus corporel modéré qui permet le vécu de l’excitation dans un corps souple et fluide.

Le clitoris, un gros papillon

Quid du clitoris ?

Claudie Caufour : Le clitoris est un organe extraordinaire, uniquement dédié au plaisir. Il est possible de le solliciter indirectement, en utilisant par exemple son périnée pour stimuler la partie non visible car le clitoris est extrêmement long. Il est toujours actif dans l’excitation sexuelle de la femme. Le clitoris a une forme de gros papillon et pas uniquement la petite boule qui pointe à l’extérieur.

Est-ce qu’un périnée tonique est le gage de plus de plaisir ?

Claudie Caufour : Il est bon d’avoir le périnée tonique, mais pas trop. Par exemple, les hommes qui ont un périnée trop musclé vont avoir tendance à éjaculer plus vite s’ils n’en ont pas la conscience et s’ils ne parviennent pas à le relâcher. Comme pour les femmes, le corps va se tendre trop vite et provoquer la décharge génitale. Sans la fluidité corporelle nécessaire au plaisir sexuel, l’orgasme ne sera pas possible. C’est donc plutôt la conscience que l’on a de son périnée qui est intéressante, en ressentir la tension musculaire, (en poussant le pubis vers l’avant), et son relâchement (en poussant les fesses en arrière).

Ejaculation ne signifie pas orgasme

L’éjaculation ne correspond donc pas systématiquement à un orgasme ?

Claudie Caufour : En effet. Dans notre société on assimile orgasme et éjaculation alors que l’éjaculation n’est qu’une décharge réflexe et pas le signe qu’il y a du plaisir. Un homme qui maîtrise bien sa sexualité parvient à faire monter son excitation et à faire durer au maximum le plaisir. Les hommes qui éjaculent trop vite vivent l’excitation sexuelle avec un tonus musculaire trop important, ce qui limite considérablement la respiration et bloque le corps. En apprenant à étendre la respiration dans leur ventre, il leur sera plus aisé d’associer les mouvements de leur bassin à la respiration abdominale.

En fait, il s’agit donc de se concentrer sur ses sensations sexuelles et d’en finir avec la dictature de l’orgasme tel qu’on l’imagine ?

Claudie Caufour : On pourrait dire cela. Nous sommes dans une société de la surenchère et de la performance. Comme si une relation sexuelle sans orgasme n’avait pas de valeur. Pourtant, l’érotisme peut se décliner sur des registres très variés.

Apprendre à relâcher son corps

Vous insistez sur le relâchement du corps, comment procède-t-on ?

Claudie Caufour : Pour détendre son corps, un seul mot clef : l’espace corporel. L’espace interne grâce à une respiration abdominale large et profonde, et l’espace externe par des mouvements de corps, notamment du bassin, amples et fluides. Si vous êtes contracté, votre bassin sera immobile. Le corps doit certes rester un peu tonique pour faire monter l’excitation, mais ne pas trop être tendu pour permettre l’accès aux émotions du plaisir sexuel. En respirant profondément tout en bougeant de manière fluide, on peut déjà améliorer significativement le vécu de l’excitation sexuelle.

A savoir

Selon une récente enquête réalisée auprès de 8000 femmes de huit grands pays européens et nord-américains, les Françaises sont celles qui connaissent le moins fréquemment l’orgasme. Cette étude révèle ainsi qu’en France, 49% des femmes ayant eu un rapport il y a moins d’un an n’atteignent pas régulièrement l’orgasme. En matière de plaisir, les mieux loties sont les Néerlandaises (les Bataves atteignent le septième ciel dans 72% des rapports) devant les Espagnols (60%), le Royaume-Uni (59%) et l’Allemagne (58%). En revanche, les Canadiennes et les Italiennes, comme les Françaises, ne sont pas les reines de l’orgasme…

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