Infirmières, routiers, agents d’entretien… Les conditions du travail de nuit peuvent avoir des effets nuisibles pour notre santé. Alain Comte, médecin du travail à l’AST Grand Lyon, explique comment le corps réagit face à la perturbation de son rythme naturel et délivre quelques conseils simples pour y faire face.

Les enjeux et réalités du travail de nuit : réglementation, durées et secteurs concernés

Le travail de nuit, c’est quoi ?

Le Code du travail définit le travail de nuit comme tout travail effectué entre 21 heures et 6 heures du matin. Vous êtes considéré comme travailleur de nuit si vous accomplissez au moins deux fois par semaine au minimum 3 heures de travail de nuit quotidiennes.

Quelle est la durée quotidienne de travail d’un travailleur de nuit ?

La durée quotidienne dépend des secteurs ! Les équipes de transporteurs font en moyenne 8h par nuit, alors que le domaine de la santé va jusqu’à 12h de travail, ce qui commence à être long ! Il existe aussi deux modes de travail de nuit : ceux qui travaillent en équipe fixe de nuit mais encore ceux qui travaillent en horaires alternés. Attention, un travailleur de nuit ne doit pas excéder 8h !

Quels sont les secteurs les plus concernés ?

Parmi les secteurs les plus concernés, il y a sont bien sûr ceux de la santé, du transport ou encore de la police.  Le travail de nuit est présent dans plus de domaines que l’on ne pourrait imaginer : dans une centrale nucléaire par exemple, quelqu’un doit être présent constamment pour assurer la surveillance. Un domaine auquel on ne pense pas forcément aussi est celui de l’informatique, où des opérations de maintenance ne peuvent s’effectuer seulement que la nuit.

Travail de nuit: quand le danger guette !

Le sommeil de jour est-il aussi réparateur que celui de nuit ?

Même si certains salariés que l’on pourrait qualifier d’oiseaux de nuit s’adaptent assez bien,  de manière générale le sommeil de jour est de nettement  moins bonne qualité que celui de nuit. C’est une donnée physiologique. Nous sommes faits pour dormir de nuit. D’autres facteurs  sont à prendre en compte. D’abord, notre sommeil varie en fonction de l’âge : une personne jeune a en moyenne un meilleur sommeil que quelqu’un de plus âgé.

Notre environnement détermine également la qualité du sommeil.  Si vous vivez dans un endroit où il y a beaucoup de bruit, il peut être très difficile de se reposer la journée. Si nous avons des enfants plus petits, il est souvent difficile de dormir à cause du bruit. Parfois aussi, certaines femmes travaillent la nuit pour économiser des nounous, et ainsi garder leurs enfants le jour. Attention à la grande fatigue qui risque de s’accumuler ! Il est important d’avoir à vos côtés votre mari ou quelqu’un de votre famille, qui vous aide à assurer cet emploi du temps un peu trop chargé en prenant le relais.

Quelles sont les risques de maladie à cause du travail de nuit ?

La prise de poids est très fréquente chez les personnes travaillant la nuit. A cela s’ajoute le diabète et l’hypertension. Chez les femmes, les risques d’un cancer du sein sont plus élevés à cause de la fatigue et de la faiblesse immunitaire qui s’installe peu à peu. L’état de fatigue chronique est aussi remarqué, notamment pour les personnes bénéficiant de primes de nuit, et qui ont alors tendance à vouloir travailler plus qu’elles ne devraient !

Quelles sont les répercussions sur notre vie quotidienne ?

Dans notre société moderne occidentale, un manque de relations sociales régulières est observé chez les travailleurs de nuit. Se coucher à l’heure où tout le monde se lève, se réveiller lorsque le reste du monde a terminé sa journée, n’aide pas à l’intégration sociale. Prenez garde à l’isolement : avoir un bon entourage familial et amical est fondamental. Les équipes de nuits, souvent  plus solidaires, parviennent parfois  à palier ce manque de rapports sociaux.  On peut parfois observer que certains employés cherchent à fuir les ambiances de jour, qu’ils jugent plus froides et moins chaleureuses que celles de nuits.

Notre système digestif est-t-il perturbé à cause du travail de nuit ?

L’alimentation des travailleurs de nuit  est souvent perturbée. Les travailleurs de nuit ont tendance à grignoter davantage, notamment dans les équipes de santé, où viennoiseries et autres sucreries sont régulièrement au menu ! Il est néanmoins important de garder une hygiène de vie saine. Les trois repas par jour sont à conserver, travailler la nuit ne doit pas être un prétexte pour manger plus. Faire un bon dîner avant de commencer votre activité est une bonne solution afin de rester éveillé. N’abusez pas non plus de la caféine, qui a des effets néfastes sur le long terme.

Travail de nuit: comment surmonter les effets négatifs ?

Quels sont vos conseils pour surmonter ce dérèglement ?

Il est essentiel d’avoir une bonne hygiène de vie : lutter contre la sédentarité, boire beaucoup d’eau et manger équilibré. Si votre activité demande beaucoup d’efforts, comme pour les transporteurs, il faut adapter votre alimentation à votre dépense calorique. Malheureusement, certaines personnes ne sont pas faites pour travailler la nuit : il faut savoir écouter son corps, et ne pas se forcer à exercer un emploi que l’on ne parvient plus à assurer. Les horaires alternés sont difficiles à surmonter car ils bouleversent notre horloge biologique. Des horaires fixes sont à privilégier afin de conserver un bon équilibre de vie.

Les locaux professionnels sont-ils davantage aménagés ces dernières années pour s’adapter au travail de nuit ?

Les hôpitaux disposent souvent de locaux adaptés pour les employés de nuit. Dans le domaine du transport, il y a rarement les mêmes équipements, puisque les équipes ont peu de temps de repos. Les aménagements dépendent des endroits professionnels, certains bénéficiant de plus d’avantages que d’autres. Certaines entreprises aménagent de vrais lieux de repos pour permettre aux salariés de récupérer : ce sont des mesures qui tendent à se développer.

Le travail de nuit mérite-t-il d’être plus encadré ?

Les employés de nuit doivent bénéficier, eux aussi, d’un encadrement en fonction de leur activité. Dans les hôpitaux, il est nécessaire d’avoir un cadre de nuit : le dialogue avec ses employés est important. Les équipes de nuit ne doivent pas être en décalage par rapport à celles de jour. Cela peut survenir dans certaines sociétés. Le travail de nuit est parfois plus difficile à appréhender par les managers.

A SAVOIR

Les travailleurs de nuit doivent être surveillés avec une fréquence de tous les trois ans maximum, dans le privé. Auparavant, c’était tous les 6 mois. Dans la fonction publique, des visites et examens supplémentaires peuvent être réalisés à la  diligence du médecin du travail. Il peut aussi y avoir des réductions des heures de travail en lien avec la pénibilité. N’hésitez pas à aborder avec votre médecin du travail les différents problèmes professionnels que vous pouvez rencontrer, afin de trouver des solutions adaptées à votre situation, notamment en ce qui concerne les postes de nuit.

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