Près de 2% des Français sont touchés par des crises de boulimie. Ce fléau, qui se traduit par des prises compulsives de nourriture et des comportements compensatoires (vomissements, usage de laxatif…) peut entraîner de lourdes conséquences pour la santé. Généralement liée à un état psychologique fragile généré par un traumatisme, une période de stress ou encore un environnement social instable, ce trouble alimentaire peut toutefois être pris en charge de manière efficace. Le point.
On estime à 1,5% la part des 11-20 ans souffrant de boulimie en France. Ce trouble du comportement alimentaire, dont la gravité varie en fonction des patients, affecte davantage les femmes, notamment à l’aube de l’âge adulte. Le pic des crises boulimiques intervient en effet aux alentours de 19 ans. La boulimie est souvent confondue avec l’hyperphagie boulimique, autre trouble du comportement alimentaire.
La boulimie se manifeste par crises
La boulimie est un trouble du comportement alimentaire qui apparaît le plus souvent à l’adolescence. Il se manifeste par un besoin compulsif d’absorber de la nourriture, que l’on appelle « craving ». Lors des crises, susceptibles de survenir à n’importe quel moment de la journée, le but est de se « remplir » et non de se faire plaisir. Ce fléau souvent sous-estimé est donc identifiable par un sentiment de perte de contrôle totale et une incapacité à s’arrêter de manger.
Les crises de boulimie sont suivies par des comportements compensatoires : vomissements, prises de laxatifs, pratique d’activités physiques intensives, jeûnes, etc. Ces comportements induisent en conséquence de nombreuses variations de poids. Mais contrairement à ce que l’on peut croire, les personnes souffrant de boulimie sont rarement en surpoids. Comme les personnes victimes d’anorexie, les boulimiques sont préoccupées par le fait de ne pas grossir. C’est pour cela qu’elles ont recours à des comportements compensatoires.
Boulimie : plusieurs facteurs favorisent son apparition
Les troubles alimentaires, et notamment la boulimie, ont le plus souvent des origines d’ordre psychologiques et sociales. Les périodes dépressives ou de fort stress sont ainsi susceptibles de favoriser l’apparition de troubles du comportement alimentaire. Au même titre que de nombreux troubles psychiatriques, à l’image des troubles bipolaires. Dans un autre registre, les traumatismes (maltraitances infantiles, divorce des parents ou encore le décès d’un proche) peuvent aussi contribuer au développement de la maladie.
Des conséquences potentiellement graves
Les crises boulimiques peuvent entraîner de lourdes complications, qu’elles soient physiques comme psychologiques.
Au niveau physique, les vomissements répétitifs peuvent entraîner la formation de lésions digestives, notamment à l’œsophage. Les épisodes boulimiques peuvent aussi créer des carences de fer, de magnésium, etc., voire conduire à la dénutrition. Parmi les autres conséquences régulièrement constatées figurent les dérèglements menstruels, et dans les cas les plus graves, des troubles cardio-vasculaires.
Sur le plan psychologique, l’impact est tout autant conséquent. Les boulimiques se sentent particulièrement honteux et coupables, et s’isolent souvent volontairement. Ils font généralement face à une baisse importante d’estime de soi et de confiance en eux. Dans les cas les plus graves, la boulimie peut engendrer des idées suicidaires.
Comment traiter ce trouble alimentaire ?
L’un des meilleurs moyens de prévenir la boulimie est d’observer une alimentation équilibrée dès le plus jeune âge. Il est aussi important de construire les repas autour de moments d’échange et de convivialité pour que l’enfant comprenne que le fait de manger doit être un plaisir et non une corvée. Une manière de sensibiliser l’enfant aux risques susceptibles de se développer à l’adolescence et au début de l’âge adulte.
La guérison de la boulimie est possible, d’autant plus si elle est prise en charge tôt. Son dépistage précoce permet d’éviter au maximum les formes chroniques et les complications évoquées ci-dessus. Il facilite aussi la relation parent-patient-médecin.
Ce trouble de comportement alimentaire nécessite un suivi pluridisciplinaire, impliquant des psychologues mais également des nutritionnistes. Une psychothérapie individuelle d’un an au minimum est généralement mise en place. Celle-ci aide les patients à réapprendre à se nourrir de façon équilibrée et rationnelle. Si ces méthodes douces ne suffisent pas, il est possible de recourir à la prescription d’anti-dépresseurs, susceptibles d’atténuer les crises.
Dans les cas les plus graves, une thérapie plus approfondie couplée d’un contrôle médical renforcé peuvent être mis en place. Une hospitalisation peut également être préconisée, notamment en cas de pensées suicidaires et de troubles psychiatriques intenses.
L’entourage familial et social joue un rôle important dans la guérison de la boulimie. Si tant est que le malade ne se laisse accompagner, car accepter l’aide proposée n’est pas toujours facile. Surmonter un tel trouble alimentaire demande des efforts, mais n’est pas insurmontable, surtout lorsqu’il bénéficie de l’écoute nécessaire et du bon suivi psychologique.
À SAVOIR
Un numéro gratuit et anonyme est ouvert aux jeunes qui ont besoin d’information sur les troubles de comportement alimentaires : 0800 235 236.