Les troubles de l'érection sont plus courants qu'on ne le pense.
Le coup de la panne, au lit, n'est pas seulement un mythe. Face aux problèmes d'impuissance, souvent cachés et minimisés, les solutions existent. ©Shutterstock

En matière de sexe, nombreux sont les hommes qui connaissent des « pannes » plus ou moins fréquentes. Les troubles de l’érection restent pourtant un sujet tabou, avec à la clé souffrance, frustration et autres répercussions psychologiques. Ouin ce silence forcé fait des dégats. Dommage, car il existe des solutions. On fait le point avec Claudie Caufour, psychothérapeute et sexothérapeute à Lyon.

« Les troubles de l’érection touchent de plus en plus d’hommes, et ce n’est pas un hasard. La jeune génération a fait son éducation sexuelle à travers la pornographie, intégrant certains codes d’attraction sexuelle ne correspondant pas à la réalité. Une fois qu’ils se retrouvent face à une vraie partenaire qui ne partage pas ces codes et n’agit pas comme dans les films, l’excitation n’est pas au rendez-vous. » Claudie Caufour est psychothérapeute et sexothérapeute à Lyon, et bien placée pour dresser un état des lieux. « Certains hommes en arrivent à penser qu’ils n’ont pas de désir. C’est faux, puisqu’ils vont se masturber chaque jour. Mais ils n’auront pas de désir en face de leur partenaire. »

Troubles de l’érection : aux origines de la panne

Les troubles de l’érection sont une incapacité à maintenir une rigidité du pénis suffisante pour vivre une pénétration. Cela entraîne souvent beaucoup de souffrance. « Les troubles des codes de l’attraction sexuelle sont une des causes principales », insiste Claudie Caufour. « Un de mes patients, par exemple, ne pouvait ressentir de l’excitation que face à une femme brune portant du rouge à lèvres. Ces hommes seront attirés par des choses très précises, qu’ils auront du mal à retrouver chez leur partenaire, comme on peut le voir chez les fétichistes, pour qui l’excitation sexuelle aura du mal à se présenter en l’absence de leur fétiche. »

Le stress, une grosse fatigue, la peur de ne pas être à la hauteur… peuvent être également incriminés. La dépression est une cause fréquente de troubles de l’érection. Il y a aussi, bien sûr, des causes organiques. Certains médicaments peuvent par exemple entraîner des troubles de l’érection. Une hypertension artérielle, du cholestérol, du diabète ou une athérosclérose sont parfois en cause, parce qu’ils entraînent des anomalies des vaisseaux sanguins. Les hommes ayant eu une chirurgie de la prostate peuvent aussi avoir des difficultés à retrouver une érection.

Comment bien réagir

Quand son partenaire a une panne, il y a des choses à dire, et surtout, à ne pas dire, pour éviter d’aggraver la situation. « Certaines femmes pensent que la difficulté de leur compagnon à maintenir une érection est liée à un manque de désir pour elles. Elles pensent qu’elles ne sont pas assez désirables. Or, la plupart du temps, cela n’a rien à voir ! »

La première chose à faire, c’est donc de ne pas le prendre personnellement. « Un homme aussi peut ne pas avoir envie, c’est important de le dire ! Ces messieurs sont trop souvent dans une logique de performance. Or, ils ont le droit de se sentir fatigués, d’avoir des soucis… et donc, de perdre temporairement leur érection. Quand cela reste épisodique, il ne faut surtout pas dramatiser ! » Les hommes ne sont pas des machines. « On peut donc rassurer son partenaire en lui disant qu’il n’y a rien de grave, que cela nous arrive aussi de ne pas avoir envie. »

Troubles de l’érection : quand consulter

S’il n’est pas nécessaire de se précipiter chez le médecin à la première panne, dès que le problème dure un peu, au-delà de trois mois, et qu’il devient une vraie source d’inquiétude, une consultation s’avère nécessaire. « Cela évite de se retrouver dans l’angoisse de ne pas y arriver. Car qui dit angoisse, dit absence d’érection. C’est un cercle vicieux dans lequel il vaut mieux éviter de tomber. Je conseille d’aller d’abord consulter un urologue, pour écarter une cause physiologique. Le médecin pourra aussi prescrire du Cialis®. À condition que l’homme ait du désir, ce médicament va permettre de déclencher à nouveau une érection, et donc, de lui redonner confiance. »

Si le problème vient de la prise de médicaments (comme ceux prescrits contre la dépression ou l’hypertension), n’arrêtez surtout pas votre traitement seul. Mais demandez conseil à votre médecin, qui pourra prescrire un autre médicament à la place, ou modifier la posologie. « Si le problème perdure, il peut alors être utile de consulter un sexothérapeute. »

De l’importance d’une bonne hygiène de vie

« Manger sainement, faire du sport régulièrement permettront d’être en forme et de soutenir une bonne érection. » D’autant plus vrai quand le poids des ans commence à se faire sentir. Les troubles de l’érection augmentent en effet avec l’âge, en raison de la baisse progressive du taux de testostérone et de l’apparition de problèmes de santé entraînant des troubles de l’érection. « Certains hommes devront aussi réapprendre à érotiser le corps des femmes. » Le tabac et l’alcool n’arrangent pas les choses. En cas de troubles de l’érection persistants, mieux vaut donc les évincer de son quotidien. Bénéfices collatéraux, cela vous évitera bien d’autres problèmes de santé…

À SAVOIR

En dehors des petites pilules, type Viagra® ou Cialis® à prendre avant le rapport, il existe d’autres solutions, moins connues, pour retrouver une bonne érection. Comme ces crèmes à appliquer à l’extrémité du pénis. Comment ça marche ? Grâce à une substance, l’alprostadil, qui entraîne localement une dilatation des vaisseaux sanguins de la verge. Ils font effet en quelques minutes, mais ne doivent pas être utilisés plus de deux à trois fois par semaine. Le médecin peut parfois prescrire des injections intracaverneuses. L’homme s’injecte alors lui-même le médicament dans le pénis. L’érection obtenue peut aller jusqu’à une heure.

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Stéphanie Paicheler
Journaliste depuis 2001, l'expertise et la passion de Stéphanie Paicheler tournent autour de la santé. Curieuse, rigoureuse (notamment sur les délais et contraintes de formats), autonome, flexible, elle est toujours en quête d'informations décalées et originales, en lien avec l'actualité.

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