Anorexie, boulimie, hyperphagie… Les troubles du comportement alimentaire concernent 600 000 adolescents et jeunes adultes en France. Comment les détecter et s’en sortir ? Les explications et conseils du Dr Sarah Dognin dit Cruissat, nutritionniste à Lyon.
Anorexie mentale, boulimie ou troubles apparentés. Les troubles du comportement alimentaire (TCA) toucheraient selon le Ministère de la Santé jusqu’à 600 000 adolescents et jeunes adultes en France. Dont 90% de jeunes filles et femmes, en première ligne d’un fléau potentiellement mortel. Le point avec Sarah Dognin dit Cruissat, docteur en pharmacie et nutritionniste à Lyon.
Qu’est-ce qu’un trouble du comportement alimentaire ?
Un trouble du comportement alimentaire est une relation déséquilibrée vis à vis de l’alimentation, l’un des principaux carburants de notre organisme avec l’eau et l’oxygène.
Le fonctionnement de notre organisme est régit par des sortes de « radars », qui permettent de maintenir un certain équilibre. En fonction de l’environnement dans lequel nous sommes, ces indicateurs vont influencer notre mécanisme interne afin qu’un certain équilibre soit maintenu. Notre organisme tentant toujours de revenir à l’équilibre, il varie en permanence. Il s’agit ainsi donc d’un équilibre dynamique et en perpétuel changement. Or, dans le cadre des troubles du comportement alimentaire, l’organisme n’arrive plus à revenir à l’équilibre.
Nos comportements sont influencés par un cocktail de neurotransmetteurs produits à la base du cerveau. La mesure de leurs activités et de leur interaction signera la combativité, l’envie de gagner ou au contraire le doute et la résignation.
Le comportement a donc un support biologique, les neurotransmetteurs, fabriqués à partir de matières première issus de l’alimentation : les nutriments
Voltaire disait déjà : « la manière dont on digère décide presque toujours de notre manière de penser ».
Quels sont les principaux troubles du comportement alimentaire ?
Il existe trois grands troubles du comportement alimentaire : l’anorexie (poids bas ou en baisse), la boulimie (poids dans la norme et parfois élevé) et l’hyperphagie boulimique (poids élevé ou en hausse).
L’anorexie est une privation de nourriture entrainant un dysfonctionnement physique et psychique par manque de nutriments. Elle s’accompagne d’ailleurs très souvent d’une suppression des règles. Ce signe avant coureur est à surveiller, même si toutes les femmes qui voient disparaitre leurs règles ne déclencheront pas de l’anorexie et heureusement.
La boulimie et l’hyperphagie boulimique sont une appétence forte pour les aliments. Cette compulsion est parfois couplée à des vomissements pour soulager l’indigestion et le mal-être qui en découle.
Nous avons toutes et tous fait l’expérience de notre soirée télé avec l’envie de chocolat ou de délicieux gâteaux présents dans nos placards. Avec le cerveau qui dit : « non, n’y va pas, tu n’en pas besoin, tu seras mal en suite, tu vas grossir, etc. ». Et en même temps, notre organisme qui réclame intensément la friandise sans parvenir à être raisonné par notre volonté
En réalité, ce sont les microorganismes (bactéries, champignons et parfois parasites) hébergés dans notre organisme et que l’on nomme « microbiote » qui appellent de leurs vœux cette « douceur ». Entrainant ainsi une lutte sans merci avec notre psychisme.
Quels sont les traitements possibles ?
Aussi pour améliorer et régler ces troubles du comportement alimentaire, deux leviers d’actions complémentaires agissent en synergie. L’environnement couplé à nos fonctionnalités métaboliques internes. Ces dernières nécessitent une mise en évidence par des bilans physiologiques et nutritionnels ciblés et personnalisés afin de veiller à la disponibilité des nutriments nécessaires à la fabrication des neurotransmetteurs et au fonctionnement optimal de l’organisme pour rétablir le juste comportement.
La prise en charge de l’environnement social, familial et professionnel par les professionnels de santé sont efficients. Ils s’enrichissent régulièrement de techniques innovantes. Et le renforcement des capacités métaboliques intrinsèques, avec l’aide de la biologie fonctionnelle, est une source d’avancée majeure dans la prise en charge des troubles du comportement alimentaire.
À SAVOIR
Selon une étude britannique, le confinement lié à l’épidémie de Covid-19 aurait engendré une accentuation des troubles du comportement alimentaire. Sur les 129 personnes interrogées (dont 121 femmes), 87% ont fait état d’une aggravation de leurs symptômes, dont 30% gravement. En cause, un isolement accru, combiné à un sentiment de perte de contrôle et à une augmentation du stress.