La sophrologie est connue pour ses vertus apaisantes et relaxantes mais nettement moins comme stimulant de la libido ! Et pourtant, cette méthode de relaxation et de centration sur soi pourrait être une solution pour de nombreux troubles de la sexualité. Véronique Frieh, sophrologue et praticienne EFT à Lyon, en détaille les bienfaits.
Près de 30 à 50 % des femmes présentent un trouble de la fonction sexuelle dans leur vie. Ils peuvent être de plusieurs ordres : manque de désir ou d’intérêt, difficultés à atteindre l’orgasme, douleurs au cours de l’activité sexuelle, rétractation involontaire des muscles entourant le vagin, vaginisme.
Si les troubles sexuels touchent les deux sexes, les femmes en parlent plus volontiers. Elles sont donc mieux prises en charge. Les dysfonctions érectiles toucheraient toutefois plus d’un tiers des hommes entre 40 et 70 ans. Zoom sur la sophrologie comme approche complémentaire à un suivi médical et psychologique, avec Véronique Frieh, sophrologue et praticienne EFT à Lyon.
Troubles sexuels : des origines diverses
“Chacun se construit par rapport à son histoire familiale, de l’amour reçu ou non et de son éducation sociale et religieuse. Ce vécu sinueux, peut être marqués par différentes choses. Des doutes, des interdits, des non-dits, des habitudes ou expressions entendues ou encore des conflits non réglés ou des traumatismes transgénérationnels. La sexualité se construit par rapport à plusieurs choses telles qu’un accès précoce à la pornographie voire des traumatismes plus ou moins graves, (mauvaises expériences sexuelles, climat incestueux, agressions sexuelles, viols). Les conséquences peuvent être des troubles sexuels. Ceux-ci sont liés à la mise en place de réflexes conditionnés de protection, de déni, d’évitement”, explique Véronique Frieh.
Or, le psyché et le corps forment un tout. Les émotions et traumatismes ont une incidence sur le fonctionnement de l’organisme. ” Le corps est un miroir qui traduit l’expression de notre ressenti et de notre vécu. Il va traduire en symptômes ce que les traumatismes vécus ont empêché de verbaliser, en refoulant au plus profond de soi, l’événement, en l’oubliant, en dissociant le corps de l’esprit, pour se protéger et ne plus souffrir”, détaille la sophrologue. Il s’agirait d’un mécanisme de défense. Le processus psychologique se constitue de messages d’alerte envoyés au cerveau. Ces messages entrainent des réactions physiologiques.
La sophrologie pour booster la santé sexuelle
Qu’est-ce que la sophrologie et en quoi peut-elle aider ?
La sophrologie est une méthode de relaxation qui permettrait de rétablir le lien entre le corps et l’esprit. Elle est aujourd’hui largement recommandée par des professionnels de santé. Cette méthode s’inspire de l’hypnose et du yoga. Elle serait particulièrement adaptée aux personnes souffrant de troubles sexuels. Sa pratique procure une détente mentale et physique qui permet une meilleure connaissance de soi. Elle permettrait aussi d’apprendre à vivre l’instant présent, se concentrant sur les cinq sens. En parallèle, la sophrologie modifierait et agirait progressivement sur les habitudes et les comportements nocifs.
Comment cela fonctionne ?
La pratique de la sophrologie passe par plusieurs techniques dont celle centrée sur la respiration. “Les techniques de sophrologie permettent en pleine conscience, de se concentrer sur sa respiration abdominale. Ainsi que sur les différentes parties son corps. Elles permettent de relâcher les tensions physiques et mentales pour obtenir un état de conscience modifiée. État, pendant lequel, le cerveau, entre veille et sommeil, libère et stimule la circulation et la fabrication de différentes hormones (sérotonine, dopamine, endomorphismes)“, explique la sophrologue.
Ces hormones ou neuromédiateurs sont efficaces dans la réduction du stress. Mais aussi des douleurs et des tensions. Elles stimulent le ressenti du plaisir comme lors d’une activité sexuelle. Cet état de relaxation et de méditation en pleine conscience, permet les visualisations positives. Celles-ci activent dans le cerveau les circuits de la récompense permettant ainsi d’envisager une issue positive à sa sexualité.
La sophrologie se pratique sous deux formes : la relaxation dynamique et les séances “sophronisation”. La première permet d’accéder à des sensations de détente et de relâchement. “La relaxation dynamique permet d’habiter à nouveau son corps à travers des mouvements doux associés à la respiration“, précise Véronique Frieh.
La « Sophronisation » contre les troubles sexuels
Cette pratique de la sophrologie permet d’installer une détente profonde et une projection positive. Au moyen de sa voix, le sophrologue va amener la personne dans un état de profonde relaxation. Cela permettra ainsi de lui proposer des visualisations positives (un lieu agréable, par ex). Dans cet état particulier, entre veille et sommeil, l’activité cérébrale entre en phase d’ondes Alpha. Celles-ci favorisent la création, l’imagination et la méditation. Après quelques séances, le sophrologue peut amener la personne à se projeter dans une visualisation d’une sexualité réussie et épanouie. La pratique régulière de ces séances, va permettre d’affiner ces visualisations et les sensations d’une sexualité désirée.
Au cours des séances, le sophrologue va donner au patient les moyens de connaitre son corps. Mais également l’aider à déprogrammer les expériences traumatiques. Ainsi, le patient pourra chercher de nouveaux ancrages positifs en se projetant, par exemple, dans un rapport sexuel réussi. C’est l’installation de nouveaux comportements. Imaginer, visualiser, vivre, ressentir, percevoir les sensations du plaisir. Cela va permettre d’envisager une sexualité plus épanouie sur du long terme.
L’EFT, une technique complémentaire à la sophrologie
“Une technique énergétique psychocorporelle émotionnelle”
“L’EFT (Emotional Freedom Technique) rétablit l’équilibre de notre système énergétique perturbé par des pensées, des émotions liées à des souvenirs de traumatismes plus ou moins graves et enfouis, explique Véronique Frieh. Cela apaise en effet ces tensions provoquées par la remontée des souvenirs de l’inconscient en libérant les émotions négatives liées au traumatisme. Le souvenir sera toujours présent, mais sans les charges émotionnelles qui lui étaient associées. Le patient pourra se sentir assez rapidement mieux. Sans tension et souffrance. Et il pourra envisager un avenir de sa sexualité plus positif.”
Cette technique combine selon la sophrologue, deux effets. Les effets physiques de l’acupression (technique de massage traditionnel qui s’appuie sur des points d’acupuncture). Et les effets psychologiques et cognitifs d’une Thérapie Cognitivo-Comportemenale (ou TCC). Elle consiste à stimuler ces points d’acupuncture en se concentrant sur la douleur ou le problème et l’émotion qui en découle, en les énonçant à haute voix.
Le patient pourrait alors se libérer du poids et des effets des émotions négatives et des conséquences psychologiques et somatiques. La libération de ces blocages émotionnels mal gérés vont pouvoir envisager une vie et une sexualité plus épanouie.
La sophrologie et l’EFT, pratiquées conjointement, peuvent être des solutions thérapeutiques efficaces à des problèmes issus de traumatismes. Et ainsi permettre de sortir de souffrances, souvent passées sous silence. Car ces dernières ont d’importantes conséquences sur la qualité de vie et la santé. En levant les inhibitions elles vont permettre d’accompagner le processus thérapeutique et la prise en charge psycho-médicale associée.
L’EFT , une solution à divers problèmes
Les séances de Sophrologie et EFT, souvent recommandées par les médecins et psychologues, vont agir sur plusieurs plans selon la sophrologue.
- Une meilleure de gestion du stress et la recherche d’un état de bien-être, un état dit « homéostasique ».
- La libération des tensions et émotions liées des traumatismes anciens. En particulier ceux qui ont engendré des réflexes conditionnés négatifs inconscients pour se protéger, ne plus souffrir. Ils bloquent ainsi le système énergétique et créent un cercle vicieux. Ce serait par exemple le cas de troubles sexuels tels que le vaginisme (contractions involontaires des muscles autour du vagin empêchant tout acte médicale ou sexuel). Mais aussi des troubles de l’éjaculation précoce.
- La création de nouveaux comportements positifs à travers des ancrages positifs.
- La réactivation du désir. D’abord en stimulant la fabrication et la circulation des endorphines ou neuromédiateurs absents ou bloqués. Ceux-ci sont responsables du bien-être (tels que la sérotonine, la dopamine, le GABA…). Puis au cours de la thérapie, en amenant la personne à visualiser un acte sexuel réussi et désiré. Ceci à travers une perception de ses sens mieux définie. Mais aussi en réassociant corps et esprit.
- Une meilleure image de soi et de la confiance en soi. Cela se fait en valorisant son potentiel de séduction. Mais également en réinvestissant son corps avec fierté.
- Une énergie positive. En libérant les tensions et en envoyant de nouveaux messages biochimiques, le système énergétique corporel va retrouver une meilleure fluidité.
- Une projection dans une sexualité épanouissante. Les ancrages positifs, les visualisations spécifiques (érection plus longue, éjaculation plus tardives, meilleure lubrification…) agissent sur les mécanismes reflexes du corps. Cela crée en effet, de nouvelles connexions neuronales pour un meilleur fonctionnement physiologique. On peut ainsi appeler cela un cercle vertueux et limiter les troubles sexuels.
Pour ne pas rajouter une pression supplémentaire, qui serait contre-productive, le sophrologue demande une visualisation dans un futur lointain, de quelques semaines, voire quelques mois.
À savoir
Les techniques EFT et de sophrologie peuvent convenir au plus grand nombre, en complément d’une prise en charge médicale voire psychologique. Les séances, individuelles, durent entre 1h et 1h30. Elles peuvent être pratiquées en cabinet ou parfois vidéo-consultation. L’apprentissage des techniques de l’EFT et de sophrologie peut en effet permettre la pratique individuelle chez soi, vers un mieux être. “Cela peut être utile pour se libérer de ses appréhensions, de toutes pressions de résultats, avant un acte sexuel”, par exemple, selon Véronique Frieh. Ces pratiques ne peuvent toutefois en aucun cas se substituer aux traitements médicaux ou aux psychothérapies.