Depuis le mois de décembre, les professionnels de santé multiplient les initiatives pour faire entendre leurs voix. A l’origine de ce mouvement de grogne, la loi de santé défendue par Marisol Touraine. Une quarantaine de syndicats appellent leurs adhérents à fermer leur cabinet avant de manifester, dimanche, à Paris.
A Lyon, plus de 250 internes et étudiants en médecine avaient fait entendre leur mécontentement, le vendredi 6 mars, avant de réaliser un sitting place de l’Opéra, symbolisant la mort de leur profession.
Ce week-end, le mouvement prend une toute autre ampleur. Discrets depuis le début de la grève, les syndicats de médecins, chirurgiens-dentistes, opticiens, kinésithérapeutes, organisations étudiantes mais aussi des associations de patients appellent à la manifestation. Toutes les professions médicales et paramédicales vont être rassemblées à Paris pour ce « mouvement pour la santé de tous ». Objectif ? Tenter d’infléchir la position de leur ministre de tutelle, Marisol Touraine, dont le projet de loi continue d’attiser la grogne.
Manifester, c’est la santé…
Auparavant, les professionnels de santé sont incités à fermer leurs cabinets médicaux. Pour rejoindre dimanche la grande manifestation nationale en tenue de médecin. Il n’y a pas de mobilisation prévue en province et en région Rhône-Alpes. Dans le cadre de ce « week-end santé morte », les praticiens rhônalpins prendront en suite le TGV, dimanche matin, pour manifester en compagnie de leurs confrères venus des quatre coins de la France.
Les patients aux côtés des médecins
Pour Charles-Henry Guez, représentant du Syndicat des Médecins Libéraux en Rhône-Alpes, il s’agit de la dernière mobilisation avant la présentation de la loi le 17 mars à l’Assemblée Nationale. « Le mouvement de décembre a été initié par les internes, et petit à petit toutes les professions médicales les ont rejoint. Nous travaillons en équipe, et c’était une évidence de manifester ensemble. Dimanche, l’objectif est de se faire entendre face à une ministre qui reste sourde à nos demandes. Mais aussi pour que les patients comprennent l’enjeu de cette réforme. Une réécriture de la loi n’est plus envisagée dans les discussions, car le fond du problème reste entier. L’Etat va prendre la main sur la santé de tous. Les patients nous rejoignent dans notre mouvement, car ils s’aperçoivent que les données médicales ne seront plus privées. L’Etat a décidé de lever l’anonymat des données médicales, ce qui est un risque pour les patients. Dimanche, nous attendons au moins 50 000 personnes à Paris. C’est une manifestation pour le corps médical, mais aussi pour les patients. De nombreuses associations ont réalisé les enjeux de cette loi et nous rejoignent. »
Une analyse confirmée par un sondage réalisé par Odoxa qui révèle que les Français soutiennent majoritairement la fronde des médecins (55%) même si 60% sont favorables à la généralisation du tiers payant. Paradoxe, paradoxe….
Concrètement, certains cabinets seront fermés cette fin de semaine en Rhône-Alpes, alors que deux TGV ont été affrétés pour rallier la capitale, dimanche matin, depuis la gare de la Part-Dieu, afin d’être présent en début d’après-midi lorsque le long cortège s’ébranlera depuis la place Denfert-Rochereau.
A SAVOIR
La grogne des professionnels de santé se concentre surtout autour de trois mesures fortes défendues par Marisol Touraine dans son projet de loi: la généralisation du tiers-payant, les pouvoirs accrus donnés à l’administration – via les Agences régionales de santé – dans les territoires, la perte de l’exclusivité de certaines tâches (et notamment la possibilité aux pharmaciens de vacciner). Les médecins généralistes s’élèvent aussi contre le refus d’obtenir une réévaluation de 2 euros du tarif des consultations.