Les Villes de Lyon, de Nice et la région de Bordeaux viennent de créer le réseau « Territoires & Vaccination ». Objectif ? Informer et sensibiliser pour améliorer la couverture vaccinale. Une initiative inédite en Europe.
La vaccination demeure plus que jamais un enjeu majeur de santé publique, notamment en France où la couverture vaccinale demeure insuffisante, en particulier chez les adolescents et les adultes. Face à ce constat alarmant, plusieurs métropoles viennent de créer à Lyon le réseau « Territoires & Vaccination ».
Immuniser Lyon, l’exemple à suivre
Cette initiative inédite en Europe est inspirée du collectif Immuniser Lyon lancé en juin 2015 dans la cité rhodanienne. A l’époque, collectivités locales et partenaires privés avaient engagés un vaste programme de sensibilisation et d’information.
Site internet dédié, campagne d’affichage, posters, dépliants, formations auprès des professionnels de santé, actions de sensibilisation sur le terrain… Au total, plus de 150 actions réalisées auprès du grand public, des professionnels de santé, des personnels d’organisations partenaires et des publics fragiles ou défavorisés. Cette opération multi supports de grande envergure avait permis de mettre l’accent sur l’importance de se faire vacciner à tout âge de la vie.
« Les bénéfices à l’échelon local sont évidents, mais ce modèle a aussi contribué à l’émergences d’autres initiatives au niveau national, qu’il s’agisse de l’obligation vaccinale, de la vaccination grippe dans les pharmacies, du carnet de vaccination électronique, de la vaccination des seniors ou de la prévention de l’épidémie de rougeole. Les retombées, à ce jour, sont donc très positives », explique le docteur Anne-Sophie Ronnaux-Baron, à la fois porte-parole et cheville ouvrière d’Immuniser Lyon.
Une couverture vaccinale insuffisante en France
Fortes de ce constat, d’autres villes ou grandes agglomérations ont décidé de décliner cette campagne sur leur zone de compétence. Ainsi est né le réseau « Territoires & Vaccination », avec la bénédiction des pouvoirs publics.
« La baisse de la couverture vaccinale en France est inquiétante », souligne le professeur Franck Chauvin, qui cite en exemple une récente épidémie de rougeole dans le Sud-Ouest et la surmortalité constatée l’an dernier en raison de la grippe. « Une mobilisation citoyenne peut modifier les mentalités car elle donne une vision différente de la vaccination. Un collectif n’a pas d’intérêt partisan, puisque les personnes impliquées viennent de tous les horizons. Les politiques nationales indiquent les grandes lignes. Mais si nous voulons qu’elles soient appliquées, il faut des relais locaux. La population a besoin de proximité, de concret, de la mobilisation des maires et des élus locaux sur les sujets de santé ».
La vaccination pour se protéger… et protéger les autres
Un avis partagé par le professeur Bruno Lina, directeur CNR Grippe et président du conseil scientifique d’Immuniser Lyon, pour qui la vaccination est un acte « citoyen ». Une simple injection permet une protection individuelle, mais aussi une protection collective.
« De nombreux opposants aux vaccins profitent de l’immunité de groupe générée par ceux qui sont vaccinés. Il se comportent comme des sources de « pollution infectieuse « en n’assurant pas le contrôle des infections à prévention vaccinale, protection collective fondamentale pour les plus fragiles comme les immuno-déprimés », regrette le chercheur lyonnais.
Selon lui, le niveau d’immunisation en France est « excellent » sur la plupart des vaccinations obligatoires. « En revanche, pour d’autres vaccins comme le HPV ou la grippe, nous sommes en dessous de la moyenne européenne ».
Nice et Bordeaux mobilisent aussi pour la vaccination
C’est donc pour améliorer cette couverture vaccinale que se multiplient les initiatives au niveau local. La Ville de Lyon a montré la voie.
Dans son sillage, la Ville de Nice a lancé l’opération Vacci’Nice. « Depuis deux ans, on organise des actions de prévention de d’information dans le cadre des entreprises et de diverses manifestations, auprès des travailleurs sociaux, des commissions santé de quartier, des mutuelles », explique le docteur Brigitte Amiel, conseillère municipale subdéléguée à la santé.
Autant de lieux où il est possible de se faire vacciner gratuitement tout en rejoignant le fichier vaccinal communal afin d’être tenu informé de sa situation et de recevoir des conseils personnalisés par courrier ou par mail.
« La Ville de Nice coordonne par ailleurs quatre centres de vaccinations publiques, ouverts tout au long de l’année », précise le docteur Amiel.
Quant à la Nouvelle-Aquitaine, elle entend emboiter le pas en 2019 via la CRSA (Conférence Régionale de la Santé et de l’Autonomie) dont un comité scientifique – en cours de constitution – définira prochainement les principales actions menées dans l’agglomération de Bordeaux, voire au-delà.
A SAVOIR
Destiné à favoriser l’échange et le partage d’expériences, le réseau « Territoires & Santé » regroupe pour l’instant les Villes de Lyon, de Nice et de la région de Bordeaux. D’autres villes, communautés de communes ou territoires devraient prochainement rejoindre le réseau, à l’instar de Toulouse, Montpellier, Nantes, Strasbourg, le Var et l’Ardèche. De grandes métropoles européennes ont également fait part de leur intérêt pour cette initiative de prévention et de sensibilisation inédite.