Les varices, des veines saillantes et souvent bleuâtres
Les femmes sont deux à trois fois plus touchées que les hommes par les varices ©DR

Des centaines d’opérations de varices sont réalisées chaque jour en France mais la plupart se font encore sous anesthésie générale. Les contraintes sont pourtant moindres et les résultats aussi probants, voire meilleurs sous anesthésie locale, d’après le Dr Olivier Creton, chirurgien vasculaire à la clinique Charcot de Lyon.

Avoir des varices est une anomalie

Dans quel cas se faire opérer des varices est-il nécessaire ?

L’opération des varices n’est pas que une question d’esthétique. C’est d’abord une maladie fréquente de l’orthostatisme (des troubles observés en station debout). Habituellement bénigne, elle peut néanmoins être grave, à terme, dans certains cas. Elle peut notamment donner lieu à des complications ulcéreuses (plaies variqueuses) ou être la cause de problèmes thromboemboliques (phlébite, embolie pulmonaire, etc.). Pour le comprendre, il faut savoir comment fonctionne le courant sanguin veineux. Il passe par les jambes et si on considère que la contraction musculaire du mollet en est le moteur, les veines des membres inférieurs en sont les conduits. Ce moteur ne se met en route qu’après le 5e pas et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle marcher facilite notre circulation veineuse alors que piétiner est insuffisant. Avoir des varices est une anomalie : le sang redescend dans les varices au lieu de remonter de bas en haut dans les veines saines. Les enlever permet d’empêcher ce reflux.
 

A quoi reconnaît-on la présence de varices si dans certains cas, elles ne se voient pas ?

 Il y en a toujours qui se voit et on ressent une lourdeur dans les jambes quand ce ne sont pas des douleurs, des fourmillements, des crampes nocturnes, des troubles cutanés … Quelquefois certains patients consultent pour un œdème de jambe ou un gonflement des chevilles qui est également un signe révélateur. En revanche, avoir des télangiectasies (varicosités), n’a parfois rien avoir avec la présence de varices. Ces veinules de couleur rouge, bleue ou violette sont le résultat d’une dilatation des capillaires sanguins qui se situent au niveau de l’épiderme. C’est un problème bénin et leur traitement n’est pas le même. On les fait disparaître par micro sclérose.

 

Opération des varices, privilégier l’anesthésie locale

Et pour faire disparaître les varices, quel serait le meilleur traitement ?

Un spécialiste de la chirurgie vasculaire
Le docteur Creton à Lyon ©VML

Le meilleur traitement est celui « à la carte », adapté à chaque patient et basé sur l’étude précise de sa circulation grâce à une bonne connaissance de l’echodoppler veineux. Il y a plusieurs techniques chirurgicales : l’ASVAL (Ablation sélective des varices sous Anesthésie Locale), l’ablation thermique (notamment par radiofréquence ou vapeur), l’ablation chimique par échosclérose mousse, le stripping classique et les procédés les plus modernes comme l’utilisation de colle chirurgicale ou l’embolisation. L’ASVAL est une chirurgie qui privilégie une ablation sélective des veines et le respect du tronc saphène, comme son nom l’indique. Or c’est important de conserver au maximum son capital veineux quand cela est encore possible.
Le mode d’anesthésie est également très important. L’ensemble de ces techniques peut être réalisé sous anesthésie locale stricte. Nous restons peu nombreux, en France, à le proposer alors que c’est largement plébiscité dans toute l’Europe. L’anesthésie locale n’a que des avantages : les risques sont moindres ; il y a moins de saignements et donc moins d’ecchymoses (bleus) et de douleurs associées ; on marche aussi plus facilement après, et on peut même reprendre une activité normale dès le lendemain dans plus de 9 cas sur dix

Faut-il se faire opérer à une certaine période de l’année ?

Il n’y a pas de saisonnalité pour traiter les varices. J’ai pu constater que les suites opératoires étaient les mêmes en été qu’en hiver. De même qu’il n’a jamais été prouvé que l’exposition au soleil soit un facteur aggravant.

Varices, une maladie congénitale

Après une intervention chirurgicale, est-on définitivement débarrassé des varices ?

Cette maladie veineuse étant congénitale, elle sera toujours présente. Mais on peut tout à fait s’en débarrasser si le geste est bien ciblé et avec l’aide des techniques modernes, dont la radiofréquence, qui remplace le stripping dans 90% des cas. Après une intervention, il est toutefois fortement recommandé de porter des chaussettes de contention classe 2 tous les jours. Il en existe maintenant d’une grande variété de couleurs et de textures. C’est à mon avis le traitement le plus efficace pour éviter les récidives ou pour reporter l’apparition éventuelle d’autres varices.

Comment expliquer que les femmes soient plus concernées par les varices que les hommes ?

Effectivement à 85%, ce sont les femmes qui sont touchées. Il est fréquent que des varices apparaissent dès l’âge de 35 ans, notamment après les grossesses puis leur nombre augmente avec l’âge. L’excès de poids aussi joue un rôle. Mais dans la majorité des cas, c’est l’hérédité la principale responsable. Lorsqu’un seul parent a des varices, les filles ont 62% de risque d’en avoir plus tard et les garçons, 25%.
 
Retrouvez la liste de tous les chirurgiens vasculaires et spécialistes des varices sur le site du conseil national de l’ordre des médecins.
 

A SAVOIR

Il y a deux systèmes circulatoires veineux au niveau des membres inférieurs : l’un profond, est la cause des phlébites ; l’autre, superficiel, est responsable des varices. La maladie variqueuse est due à l’inefficacité du système des valvules et à l’affaiblissement progressif de la paroi des veines superficielles.

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