Le virus de la variole du singe ou « virus Monkeypox » continue de se répandre dans le monde. C’est début mai 2022 qu’il a fait son apparition dans des pays où cette maladie identifiée de longue date est habituellement très rare. Depuis, plusieurs pays européens imposent l’isolement aux personnes infectées et recommandent la vaccination des sujets à risque pour s’en prémunir. Le point sur cette maladie avec le concours du Dr Amandine Gagneux-Brunon, infectiologue au CHU de Saint-Étienne.
Faut-il avoir peur de la variole du singe ? L’épidémie est sur toutes les lèvres, dans un contexte de crise sanitaire susceptible d’exacerber les craintes. À tort ? Alors que le premier cas a été détecté en mai au Royaume-Uni, on compte maintenant plus de 50 000 cas dans le monde entier. L’OMS a déclenché son plus haut niveau d’alerte fin juillet. « Le risque lié à la variole du singe est modéré globalement dans toutes les régions, sauf en Europe, où nous estimons que le risque est haut » avait déclaré le directeur, Tedros Adhanom Ghebreyesus.
Au 30 août, 22 000 cas étaient recensés en Europe, dont 3 décès. Aucun décès n’a été recensé en France. Si nous sommes loin des chiffres de contamination de l’épidémie de Covid-19, les autorités sanitaires estiment important de sensibiliser la population à l’importance de la vaccination. Les explications du Dr Amandine Gagneux-Brunon, infectiologue au CHU de Saint-Étienne.
Variole du singe : d’où vient la maladie ?
La variole du singe est une maladie infectieuse originaire d’Afrique. Elle est causée par un virus de type Orthopox (un genre de virus de la famille des Poxviridés) et est transmise de l’animal à l’homme (notamment rongeurs, primates et canidés).
La transmission de l’animal à l’homme s’opère par un contact direct avec du sang, des liquides biologiques ou des lésions cutanées d’animaux infectés. Morsures, griffures, dépouillement, piégeage, manipulation de l’animal, ainsi que consommation d’animaux porteurs de la maladie peuvent donc être à l’origine de sa diffusion.
Son appellation vient du fait qu’elle a été découverte en 1958 chez des singes de laboratoire par des chercheurs danois. C’est plus tard, en 1970, qu’un premier cas est repéré chez un enfant congolais âgé de 9 mois. Des épidémies ont régulièrement été rapportées en Afrique.
L’épidémie actuelle se distingue par les zones géographiques touchées et l’importance de la transmission interhumaine.
Quels sont les signes qui alertent ?
Bien que les lésions cutanées provoquées par la variole du singe soient très similaires à ceux de la variole, c’est une maladie différente avec une mortalité bien inférieure.
Les symptômes de la variole du singe sont le plus souvent bénins : fièvre, maux de tête, douleurs musculaires, fatigue, gonflement des ganglions lymphatiques ou encore éruptions cutanées… Ces dernières touchent notamment le visage, la paume des mains et la plante des pieds, la gorge, l’aine et les zones génitales et/ou anales. Des douleurs au niveau anal, des atteintes des amygdales peuvent également être observées. Les lésions cutanées sont d’abord plates et se remplissent ensuite de liquide avant de former une croûte qui finira par tomber.
Certaines personnes sont tout de même à risque de formes graves : les femmes enceintes, les enfants ou les personnes dont les défenses immunitaires sont altérées. La variole du singe peut entraîner chez eux des complications médicales (surinfections cutanées, pneumonie ou encore problèmes oculaires et atteintes neurologiques).
Que faire en cas d’infection ?
Comment l’attrape-t-on ?
La transmission interhumaine, à l’origine de l’épidémie actuelle, s’effectue quant à elle par un contact étroit avec une personne infectée. Par exemple, les face-à-face au cours desquels sont transmis des gouttelettes respiratoires (postillons, éternuements…). Mais aussi les contacts directs de la peau ou des muqueuses avec les éruptions cutanées. Les rapports sexuels sont donc un vrai vecteur de transmission de la maladie.
L’environnement d’une personne malade est aussi contaminé par le virus. Vêtements, linge de maison ou objets tels qu’appareils électroniques et autres surfaces sont concernés.
Comment réagir ?
En cas de symptômes, il est nécessaire de contacter son médecin ou un Cegidd (centre gratuit d’information, de dépistage et de diagnostic). Une analyse biologique par test PCR est le plus souvent recommandé. Si le résultat est positif, il faut s’isoler pendant au moins 21 jours à partir de la date de début des symptômes. Un bilan à la recherche d’une infection sexuellement transmissible pourra être proposé.
Comment prévenir et guérir ?
Les traitements
Dans la majorité des cas, les symptômes disparaissent d’eux-mêmes. En 2 à 4 semaines, la maladie se guérit spontanément par la chute des croûtes cutanées. Mais pour cela, il ne faut surtout pas gratter les lésions. Les couvrir peut donc être une bonne solution.
Pour soulager certains symptômes, des médicaments contre la douleur et la fièvre peuvent être utilisés.
Des moyens de prévention
L’isolement des personnes infectées a vocation à réduire la transmission. En cas d’infection, il est capital d’informer les sujets contacts. Les personnes vivant sous le même toit, les partenaires sexuels, ou les contacts étroits pendant plus de 3 heures. Dans un délai maximum de 14 jours, les sujets contact peuvent être vaccinés en contactant un Ceggid. La vaccination dite post-exposition est d’autant plus efficace si elle est administrée tôt.
Les sujets à risque de contracter la variole du singe sont appelés à se faire vacciner. Cette vaccination pré-exposition est recommandée chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes. Mais aussi les personnes trans ayant des partenaires sexuels multiples, ou les travailleurs du sexe. Les lieux de vaccination sont disponibles sur le site : https://www.sante.fr/monkeypox . La vaccination est gratuite et ne nécessite pas de carte vitale. Par ailleurs, une réduction des risques (campagne d’information, réduction du nombre de partenaires) est efficace.
À SAVOIR
La variole du singe est contagieuse à partir de l’apparition des premiers symptômes et jusqu’à la chute des croûtes. cette maladie peut toucher tout le monde, mais les cas les plus fréquents sont des hommes ayant eu des relations sexuelles avec d’autres hommes (plus de 95%).