
Un nouveau foyer de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) vient d’être confirmé dans le Rhône. Cette maladie virale du bétail, jusqu’ici cantonnée à quelques départements alpins, continue de progresser. Mais qu’est-ce exactement que cette infection bovine ? Est-elle dangereuse pour l’Homme ? Comment se transmet-elle et quelles mesures sont mises en place ? On fait le point.
La dermatose nodulaire contagieuse (DNC) est une maladie virale qui touche exclusivement les bovins (vaches et taureaux). Elle est provoquée par un capripoxvirus, de la même famille que celui de la variole ovine et caprine.
Concrètement, les bovins atteints développent des nodules cutanés (petites boules sous la peau), souvent accompagnés de fièvre, perte d’appétit, baisse de production laitière et amaigrissement. Ces symptômes peuvent fortement affaiblir l’animal et réduire les performances d’un troupeau. Si la mortalité reste faible (environ 1 à 5 % selon l’Organisation mondiale de la santé animale – WOAH), les conséquences économiques peuvent être lourdes pour les éleveurs.
Dermatose Nodulaire Contagieuse : comment se transmet cette maladie ?
La DNC se propage principalement via des piqûres d’insectes hématophages (moustiques, taons, moucherons), mais aussi par contact direct entre bovins ou par l’utilisation de matériel contaminé (aiguilles, instruments vétérinaires). Une fois introduite dans un troupeau, la maladie peut se répandre rapidement.
La maladie est connue depuis longtemps en Afrique, où elle est endémique, et elle s’est progressivement répandue au Moyen-Orient, en Asie et en Europe de l’Est. L’Union européenne a observé des premiers cas en Grèce en 2015, avant une diffusion vers les Balkans. La France, elle, a déclaré son premier foyer le 29 juin 2025 en Savoie.
Faut-il s’inquiéter de la propagation de ce virus ?
Quelle est la situation en France aujourd’hui ?
Au 19 septembre 2025, on comptait 79 foyers de DNC confirmés : 32 en Savoie, 44 en Haute-Savoie, 2 dans l’Ain, et depuis le 18 septembre un premier cas dans le Rhône (Saint-Laurent-de-Chamousset). Cela représente 47 élevages touchés. La préfecture a immédiatement déclenché le plan ORSEC épizooties majeures :
- Abattage des troupeaux infectés pour limiter la propagation,
- Zones réglementées avec restrictions de circulation des animaux autour des foyers,
- Contrôles vétérinaires renforcés dans les exploitations voisines,
- Réunions de crise avec les organisations agricoles et vétérinaires.
À noter : depuis le 19 juillet 2025, la France a lancé une campagne de vaccination dans les départements alpins, en parallèle des mesures d’abattage.
Dermatose Nodulaire Contagieuse : y a-t-il un risque pour l’Homme ?
Non, la dermatose nodulaire contagieuse n’affecte pas l’être humain. Les autorités sanitaires insistent sur ce fait. La consommation de lait, de viande ou le contact avec des bovins infectés ne présentent aucun danger pour les consommateurs.
Aucune contamination n’est possible ni par contact direct, ni par consommation de viande ou de lait, ni par piqûres d’insectes.
En clair, il ne s’agit pas d’une zoonose, contrairement à d’autres maladies animales comme la grippe aviaire ou la rage. Le virus responsable de la DNC est strictement spécifique aux bovins. Les études menées par l’Organisation mondiale de la santé animale (WOAH) et confirmées par le ministère français de l’Agriculture convergent : “aucun cas humain n’a jamais été rapporté, nulle part dans le monde”.
Quels sont les impacts pour les éleveurs ?
Même si la santé publique humaine n’est pas concernée, l’impact économique et psychologique sur les éleveurs est majeur. Perdre un troupeau entier, voir ses animaux malades ou être soumis à des restrictions de mouvement représente une charge lourde. D’après la WOAH et la Commission européenne, les pertes économiques proviennent de :
- la baisse de production laitière et de viande,
- l’interdiction de commercialisation des animaux,
- les coûts liés à l’abattage, à la désinfection et désormais à la vaccination,
- la perturbation des échanges commerciaux.
En Grèce, lors de l’épisode de 2015, les pertes agricoles ont été évaluées à plusieurs dizaines de millions d’euros selon la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture).
Dermatose Nodulaire Contagieuse : quelles solutions existent ?
La vaccination
Il existe un vaccin vivant atténué. C’est un vaccin fabriqué à partir d’un virus affaibli qui ne provoque pas la maladie mais stimule efficacement l’immunité.
La France a lancé sa campagne de vaccination en juillet 2025 dans les départements alpins les plus touchés. Les vétérinaires vaccinent en priorité les élevages proches des foyers pour créer un cercle de protection immunitaire.
La lutte contre les insectes vecteurs
Comme la DNC se transmet principalement par des insectes piqueurs (moustiques, moucherons, taons), limiter leur présence est essentiel. Les éleveurs sont encouragés à :
- installer des moustiquaires ou filets dans les bâtiments,
- utiliser des produits répulsifs ou insecticides adaptés,
- assécher ou traiter les zones d’eau stagnante où prolifèrent les moustiques.
La vigilance sanitaire
Au-delà des mesures techniques, la détection rapide reste une arme décisive. Chaque éleveur doit surveiller attentivement l’apparition de nodules cutanés, de fièvre ou d’une baisse de production laitière, et alerter sans délai les services vétérinaires départementaux en cas de doute.
À SAVOIR
Selon l’Organisation mondiale de la santé animale (WOAH), la dermatose nodulaire contagieuse est classée parmi les maladies animales transfrontalières prioritaires en raison de son potentiel de diffusion rapide et de son impact économique. Elle figure donc sur la liste des maladies à déclaration obligatoire au niveau international.







