
Généralement associée aux canards migrateurs ou aux élevages de volailles, la grippe aviaire a longtemps semblé cantonnée aux plumes. Mais en ce printemps 2025, voilà que la donne change : le virus a sauté la barrière des espèces. Il ne se contente plus de voler, il rumine désormais. Des bovins laitiers ont été contaminés aux États-Unis. Faut-il craindre une transmission à l’homme ? Le point.
Longtemps considéré comme un virus propre aux oiseaux, le H5N1, sous-type de la grippe aviaire hautement pathogène, semble en pleine mutation. S’il était bien connu pour décimer des élevages de volailles, le virus a été identifié début 2025 dans plus de 1 000 élevages de bovins laitiers aux États-Unis, touchant 18 États selon les données du CDC (Centers for Disease Control and Prevention).
Jusqu’ici, les bovins n’avaient jamais été considérés comme des hôtes naturels du virus. Le passage du H5N1 aux mammifères représente donc une rupture majeure dans son comportement épidémiologique, et cela soulève la question que tout le monde se pose : l’humain pourrait-il être la prochaine étape ?
La “grippe des oiseaux” sort de sa volière !
Un seul cas humain… mais très surveillé
Rassurons-nous d’entrée : le H5N1 ne se transmet pas facilement à l’homme. Les cas humains sont rares, souvent liés à un contact étroit et prolongé avec des animaux infectés. Depuis sa découverte, le virus a infecté moins de 900 personnes dans le monde, principalement en Asie et en Afrique, avec un taux de mortalité élevé chez les cas confirmés (environ 50 %).
Cependant, le premier cas humain lié à un mammifère infecté a été enregistré au Texas en avril 2024. Il s’agissait d’un travailleur agricole ayant été en contact direct avec des vaches laitières contaminées. Les symptômes ? Une conjonctivite, traitée sans complication majeure. Mais ce cas montre que la transmission de la grippe aviaire H5N1 à l’homme via un mammifère n’est plus une hypothèse lointaine.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) maintient que le risque de transmission interhumaine reste faible, mais appelle à une vigilance renforcée, notamment dans les zones d’élevage et pour les professionnels du secteur.
De la ferme à l’assiette : doit-on craindre les produits laitiers ?
Une des grandes questions qui revient souvent en période d’épizootie : les produits issus des animaux infectés sont-ils sûrs pour la consommation humaine ? Le lait pasteurisé ne pose aucun risque. Les autorités sanitaires, dont Santé Publique France et l’OMS, sont claires : la pasteurisation élimine le virus H5N1. Boire du lait ou manger des produits laitiers issus de lait pasteurisé ne présente aucun danger pour la santé.
Le vrai danger reste le lait cru. Des recherches récentes ont montré que des souris nourries avec du lait cru de vaches infectées développaient une forte charge virale de H5N1. Autrement dit, le virus peut survivre dans le lait cru, ce qui en fait un vecteur possible, bien que rare, de transmission.
Que fait-on pour éviter une transmission à l’humain ?
Face à l’évolution du virus, les autorités sanitaires n’ont pas tardé à réagir. Voici les mesures prises pour contenir la menace :
- Renforcement de la biosécurité dans les élevages : désinfection, contrôle des déplacements, quarantaine pour les exploitations touchées.
- Surveillance accrue des mammifères sauvages et domestiques, en particulier les espèces sensibles comme les visons, les porcs et les félins.
- Campagnes de sensibilisation pour les professionnels exposés, notamment les vétérinaires, les éleveurs et les transporteurs d’animaux.
- En France, la Haute Autorité de Santé recommande une vaccination ciblée pour les professionnels en cas de foyers déclarés.
Ces efforts visent à prévenir une éventuelle adaptation du virus à l’homme, qui serait le scénario le plus redouté des épidémiologistes.
À SAVOIR
En octobre 2024, l’USDA a confirmé un cas de H5N1 chez un porc dans l’Oregon, une première aux États-Unis. Les porcs peuvent être co-infectés par des virus aviaires et humains, ce qui augmente le risque de recombinaisons génétiques et de création de souches transmissibles à l’homme.







