Une femme qui sent les mauvaises odeurs de ses aisselles parce qu'elle a laissé pousser ses poils.
Ce sont les bactéries présentes sur la peau, favorisées par l’humidité retenue par les poils, qui créent les mauvaises odeurs. © Adobe Stock

Transpirer, tout le monde le fait. Mais transpirer avec des poils, est-ce pire ? Beaucoup de personnes associent pilosité, transpiration et odeurs désagréables. Pourtant, la réalité scientifique est un peu plus nuancée. Alors, mythe ou réalité : les poils sont-ils vraiment responsables des mauvaises odeurs ?

Pour comprendre le rôle éventuel des poils, il faut d’abord revenir sur ce qu’est la transpiration. Notre corps est équipé de deux grands types de glandes sudoripares. Les glandes eccrines, présentes partout sur la peau, produisent une sueur composée principalement d’eau et de sels minéraux. Cette sueur, totalement inodore à la base, a pour fonction de maintenir la température du corps à 37 °C. Elle agit comme un climatiseur naturel.

Les glandes apocrines, elles, sont situées dans des zones bien précises : les aisselles, l’aine ou encore le cuir chevelu. Leur sécrétion est plus complexe, enrichie en protéines et lipides. Là encore, la sueur sort du corps inodore. C’est au contact des bactéries naturellement présentes sur la peau qu’elle se transforme en molécules odorantes.

Une étude de l’université de York a ainsi identifié le rôle clé de la bactérie Staphylococcus hominis, capable de transformer un précurseur inoffensif de la sueur en thioalcool, une substance particulièrement malodorante.

Contrairement aux idées reçues, avoir des poils ne fait pas transpirer plus. La quantité de sueur produite dépend uniquement de l’activité des glandes sudoripares, et non de la densité ou de la longueur de la pilosité. Les déclencheurs sont la chaleur, l’effort physique, le stress ou encore les hormones. Les poils n’ont donc aucun effet direct sur la production de sueur.

Mieux encore, certaines observations suggèrent que la pilosité pourrait jouer un rôle régulateur. Les poils créent une fine couche d’air sur la peau qui aide à amortir les variations de température. Mais attention, cela ne veut pas dire qu’ils n’ont aucun rôle dans les odeurs.

Quand les poils deviennent un terrain favorable aux odeurs

C’est là que le sujet devient intéressant. Les glandes apocrines débouchent dans les follicules pileux. Autrement dit, la sueur odorante est libérée directement dans les zones pileuses. Les poils ont alors tendance à retenir cette sueur plus longtemps contre la peau. Résultat, une humidité persistante qui devient un milieu idéal pour la prolifération bactérienne.

C’est cette rétention, et non une surproduction de sueur, qui explique pourquoi certaines personnes constatent plus d’odeurs quand elles laissent pousser leurs poils sous les aisselles ou à l’aine. L’épilation ou le rasage n’empêchent pas de transpirer, mais ils réduisent la surface où la sueur peut stagner et où les bactéries peuvent s’activer.

Tout le monde transpire, mais certains plus que d’autres

En France, l’hyperhidrose, cette transpiration excessive qui touche certaines personnes indépendamment de leur pilosité, concernerait entre 0,6 et 3 % de la population (Société Française de Dermatologie).

La puberté est un moment clé. Les glandes apocrines s’activent en même temps que la pilosité se développe, ce qui explique l’apparition soudaine d’odeurs corporelles chez les adolescents.

Ces données confirment que la transpiration et ses conséquences odorantes relèvent avant tout de la physiologie et des bactéries, et non des poils en eux-mêmes.

Oui, grâce à une hygiène irréprochable :

  • se laver, 
  • bien sécher les zones humides, 
  • choisir des vêtements respirants. 

Les déodorants permettent de masquer ou de neutraliser les odeurs, tandis que les antitranspirants, souvent à base de sels d’aluminium, réduisent la production de sueur.

Concernant la pilosité, chacun est libre de son choix. Raser ou s’épiler peut réduire la sensation d’humidité et limiter les odeurs, mais cela n’a aucun effet direct sur la production de sueur. À l’inverse, garder ses poils n’est pas “sale” en soi, tant que l’hygiène est adaptée. Il faut aussi garder en tête que le rasage ou l’épilation peuvent entraîner des irritations cutanées, parfois plus gênantes que les odeurs elles-mêmes.

À SAVOIR 

Au-delà des poils, les vêtements influencent aussi les odeurs. Les fibres synthétiques comme le polyester retiennent davantage la sueur et les bactéries, contrairement aux fibres naturelles. Une étude a montré que la laine réduit les odeurs de 66 % par rapport au polyester et de 28 % par rapport au coton.

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Marie Briel
Journaliste Ma Santé. Après un début de carrière en communication, Marie s’est tournée vers sa véritable voie, le journalisme. Au sein du groupe Ma Santé, elle se spécialise dans le domaine de l'information médicale pour rendre le jargon de la santé (parfois complexe) accessible à tous.

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