Une jeune fille qui souffre de la solitude et qui ne trouve pas de solutions pour la vaincre.
Environ 17 % des Français souffrent de solitude chronique. ©  Freepik

35 % des Français âgés de 25 à 39 ans déclarent se sentir fréquemment seuls en 2025, un score deux fois supérieur à celui des 60–69 ans. La solitude ne concerne plus seulement nos grands-parents, mais aussi les jeunes adultes, pourtant bercés par l’hyperconnexion des écrans. 

On a longtemps pensé que la solitude touchait surtout les personnes âgées, mais la tendance semble peu à peu changer de cible. La majorité des enquêtes de ces dix dernières années confirment un pic de solitude subjective chez les 25-39 ans.

Changements de vie (déménagement, fin d’études, mobilité professionnelle), rythmes de travail intenses, fragilité du lien social dans un monde ultra-connecté, ou encore la pression d’une vie “à construire”… Autant de facteurs qui imposent une pression et une déconnexion du monde qui nous entoure. 

Résultat, une jeunesse active, entourée de “contacts” sur leur téléphone, mais souvent seule. Et ce sentiment n’est pas anodin. Solitude, isolement social, absence de soutien réel… Ce manque de relation sociale augmente le stress, fragilise la santé mentale, voire accroît les risques physiques (hypertension, troubles cardiovasculaires, etc.).

Alors non, ce n’est pas une question de “timidité”, de “sous-socialisation à cause des écrans”, ou de “génération trop individualiste”. C’est un problème structurel, un symptôme d’un modèle social qui évolue vite, sans garant d’humanité.

Redonner du sens au lien social : réinvestir les interactions

On discute toute la journée sur WhatsApp, on enchaîne les réactions, les messages vocaux, les emojis faciaux… et pourtant, on se sent vide. Et l’humain, le vrai, finit par disparaître derrière l’écran. Il manque la voix, la présence, le regard, les nuances qui tissent une vraie connexion relationnelle.

Alors, réinvestir les relations humaines, remettre un peu de chair, de spontanéité, de chaleur dans sa vie quotidienne, est le premier bouclier contre cette solitude et ce sentiment de vide intérieur. Parce que le lien social, au même titre que manger ou dormir, fait partie de l’hygiène de vie mentale.

un café entre deux rendez-vous, un déjeuner avec ce collègue qu’on apprécie sans jamais le dire, ou même un simple “bonjour” échangé avec le voisin qu’on croise en bas depuis des mois. Sur le moment, ça semble dérisoire. Mais mis bout à bout, ce sont ces micro-interactions qui redonnent de la texture à nos journées, qui recréent de la familiarité, qui brisent cette impression d’être “hors du monde”.

Et oui, parfois, il faut faire un petit effort. On doit pousser la porte, décrocher le téléphone, envoyer le premier message. Mais aller vers les autres, c’est commencer à rompre l’isolement. 

Construire un réseau varié : ne pas miser tout sur un seul cercle

À 25, 30 ou 35 ans, beaucoup d’éléments de la vie peuvent bouger en même temps. Un premier emploi, un déménagement, une relation qui commence ou s’arrête, un changement de rythme. Dans ces moments-là, s’appuyer sur un seul cercle social (un couple, un groupe d’amis, une équipe de travail) rend la vie relationnelle vulnérable. Il suffit d’un départ, d’une rupture ou d’un changement professionnel pour que tout se déséquilibre.

C’est précisément pour cela que diversifier ses cercles est essentiel. Avoir des amis d’enfance, des collègues avec qui on s’entend bien, des voisins qu’on connaît un peu, ou des contacts via une activité sportive ou culturelle… Tout cela crée une structure plus solide. La sociologie parle de résilience sociale. En clair, si un lien se fragilise, les autres restent là pour amortir le choc.

Et ce n’est pas de la dispersion. Chaque type de relation apporte quelque chose de différent : un soutien émotionnel, un sentiment d’appartenance à un lieu, de la stimulation intellectuelle, ou simplement un moment agréable sans enjeu particulier.

Privilégier la sincérité : des liens vrais plutôt que des contacts vides

Avoir des copains, c’est bien. Avoir des amis, c’est mieux. Car ce n’est ni la quantité, ni la fréquence, mais la qualité des liens qui protège réellement de la solitude, du stress, de l’isolement psychique.

Mais construire ces relations de confiance, cela suppose d’oser être vulnérable, de parler vrai, d’accepter les doutes, les peines, les fêlures, et de choisir des relations qui apportent du soutien, de l’écoute, de l’empathie. Même si cela demande du temps, du courage, parfois un peu d’inconfort.

Revenir au réel : favoriser la rencontre physique plutôt que le tout-écran

Les réseaux sociaux, les applis, les fils d’actualité, c’est pratique, certes. Mais pour le lien humain, rien ne vaut un échange “en vrai”.

Une discussion en face à face, un sourire, une intonation, un silence même… Tous ces éléments créent une connexion que les messages et les appels vidéo reproduisent difficilement. Le cerveau réagit différemment et sécrète davantage d’ocytocine (l’hormone du lien), il réduit le stress, il renforce la sensation de proximité.

Ce n’est pas une condamnation des réseaux sociaux ni une injonction à vivre hors du numérique. C’est plutôt un rappel que le virtuel peut compléter, mais pas remplacer. 

Il n’est jamais trop tard pour combattre la solitude, mais il faut décider de ne plus attendre. Quand plus d’un tiers des jeunes actifs se sentent seuls, ce n’est pas un mauvais moment à passer, c’est un signal d’alarme. Pour eux. Pour nous.

La solitude n’est pas une tare. Ce n’est pas une question de “personnalité”. C’est le symptôme d’un lien rompu ou jamais tissé. Et ce lien, on peut le retisser. À grande maille, ou petit point par petit point.

On peut recréer du lien, même quand on part de zéro. On peut remettre l’humain au centre. On peut choisir la présence plutôt que la distance, la sincérité plutôt que la superficialité, la rencontre plutôt que l’écran.

Il suffit de commencer. Maintenant. Avec un café, un sourire, un “ça va?, un “ça te dit ?” et puis un autre, puis un autre.

À SAVOIR

Selon une enquête menée par l’IFOP, le sentiment de solitude progresse nettement en France : il touchait 25 % des Français en 2018, contre 31 % en 2024, toutes générations confondues.

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Marie Briel
Journaliste Ma Santé. Après un début de carrière en communication, Marie s’est tournée vers sa véritable voie, le journalisme. Au sein du groupe Ma Santé, elle se spécialise dans le domaine de l'information médicale pour rendre le jargon de la santé (parfois complexe) accessible à tous.

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