Dans un monde toujours plus connecté, l’exposition aux écrans a de lourdes conséquences sur notre hygiène de vie. La solution ? Sachez déconnecter, comme l’explique la neuropsychologue lyonnaise Stéphanie Mazza.
Le temps moyen passé chaque jour par les Français sur leur écran ne cesse d’augmenter. Selon un sondage BVA établi en juin 2019 pour la Fondation April, il serait aujourd’hui de 4h30, soit 8 minutes de plus qu’en 2018. Le chiffre augmente drastiquement chez les 18-24 ans, rivés 5h48 par jour devant leurs écrans.
Au final, 73% des Français s’avouent dépendants. 72% estiment d’ailleurs qu’une déconnexion leur serait bénéfique. « On perçoit l’hyperconnexion lorsqu’elle touche aux socles de notre santé : l’alimentation, l’activité physique et le sommeil. Sentir une dégradation de ces piliers doit entraîner une réaction. Sans interdire car il faut savoir vivre avec son temps, mais à travers de simples comportements de prévention relevant plutôt du bon sens », explique Stéphanie Mazza, professeur des universités en neurosciences et neuropsychologie à l’université de Lyon.
Professeur des Universités en neuropsychologie et neurosciences à Lyon I, cette experte rappelle les grands dangers de l’hyperconnexion sur notre santé. Chez les enfants, premières victimes de ces dérives, comme chez les adultes.
Sommeil : on dort moins bien
L’usage d’un écran le soir stimule l’activité cognitive et retarde l’heure de l’endormissement. Le temps de sommeil baisse, et sa qualité également, du fait de réveils intempestifs (vibreur, lumière). 74% des 18-34 ans gardent leur téléphone allumé la nuit, et 32% le consultent en cas de réveil nocturne, en éprouvant ensuite des difficultés à retrouver le sommeil.
Hyperconnexion : une activité physique en berne
Alimentation : sédentarité et malbouffe !
L’hyperconnexion favorise la sédentarité et, plus largement, une diminution de l’activité physique. Elle conduit également à un changement des habitudes alimentaires. Le contrôle de la qualité de ce que l’on mange est moindre, et le recours à la junkfood plus fréquent, pour des questions pratiques.
Vision : quand la vue se brouille
L’exposition prolongée aux écrans est génératrice de fatigue visuelle, qui se manifeste par des picotements, irritations, maux de tête, vision floue… La lumière bleue violette, émise par de nombreux appareils numériques, peut aussi à terme entraîner des pathologies plus graves (lésion de la rétine et du cristallin, dégénérescence…)
Hyperconnexion : plus de frontières au boulot
Réseaux sociaux : les liaisons dangereuses
L’activité en connexion, à travers l’usage des réseaux virtuels, fait de chacun une proie facile : harcèlement, vols de données, atteintes à la vie privée et à la réputation, cyberintimidation… Autant de dangers contribuant à une dégradation potentielle de l’image et de l’estime de soi.
Travail : il n’y a plus de limites
La disparition des frontières entre univers pro et perso porte un nom : le bluring, vecteur de stress, mal-être au travail, voire de burn-out. L’hyperconnexion nuit également à la concentration, et donc à la productivité du salarié, sans arrêt interrompu par des notifications, voire des mails qui, souvent, n’ont aucune réelle utilité.
Des relations humaines dégradées
Au quotidien : l’effet double tâche
Au-delà de la perte de temps disponible, l’irruption constante de SMS, coups de fil, mails et autres notifications est source d’épuisement cognitif, le cerveau consommant de l’énergie pour répondre sans cesse à de nouvelles tâches. Avec à la clé du stress, des risques d’accidents de la route ou de chutes causées par l’inattention.
Relations humaines : les dérives du virtuel
L’hyperconnexion est la plus jeune, mais aussi la plus répandue des addictions. Avec, comme pour toute addiction, des dérives comportementales altérant le lien social (au restaurant, au lit…) La connexion virtuelle prend peu à peu le pas sur la connexion directe à l’autre.
À SAVOIR
Quelques conseils simples permettent de lutter contre les dérives de l’hyperconnexion : 1) Prôner une utilisation raisonnée et sans excès d’outils dédiés avant tout à être plus performants;
2) Réserver de vraies périodes de déconnexion : repas, nuit, activité sportive;
3) Bannir le smartphone de la chambre à coucher, en réservant l’usage de l’écran au salon;
4) Utiliser des filtres pour réduire la lumière bleue le soir (intégré au smartphone ou téléchargeable gratuitement);
5) Bannir l’usage du smartphone en conduisant, même à l’arrêt;
6) Débrancher les notifications au travail, pour une meilleure concentration;
7) Éviter les mails inutiles et autres ‘’répondre à tous’’;
8) Privilégier des week-ends et vacances hors connexion.