Directeur général de l’Agence Régionale de Santé (ARS) Auvergne-Rhône-Alpes, basé à Lyon, le docteur Jean-Yves Grall a orchestré dès le début du mois de février la lutte contre l’épidémie de Covid-19 en AuRA. Sa prochaine mission ? Gérer la phase de déconfinement en écartant la menace d’une seconde vague. Interview.
Auvergne-Rhône-Alpes va aborder la phase de déconfinement liée au Covid-19. Pensiez-vous un jour être confronté à une pandémie comme celle du coronavirus ?
Dans mon métier, même si on ne s’attend pas forcément à une épidémie de cette ampleur, on s’y prépare. Dans un passé récent, nous avions déjà eu plusieurs alertes avec le SRAS en 2003, le MERS-CoV en 2013, Ebola en 2014, sans parler de la grippe dont l’épidémie chaque année est loin d’être anodine.
Toutes les crises que j’ai eu à connaître étaient singulières dans leur intensité, leur mode d’apparition et leurs caractéristiques. Le Covid-19 est encore différent par son caractère hautement pathogène et son infectiosité.
Qu’est-ce qui a été le plus difficile à gérer depuis le début de la pandémie ?
Maintenir la cohésion entre les acteurs de terrain, tout en gérant la masse d’information qui nous arrive de toute part et de manière diffuse. Chaque interlocuteur interfère à sa façon, et à juste titre, sur la stratégie. Le plus dur, c’est de garder la ligne, le cap, en obtenant l’adhésion de tous.
Il faut informer, être pédagogue, et surtout garder son sang-froid sur le fond comme sur la forme, en toute circonstance. C’est le cas depuis de début de la crise avec mes collaborateurs proches à l’ARS Auvergne-Rhône-Alpes. Nous sommes amenés en permanence à arbitrer. Il faut prendre des décisions adaptées à chaque fois à chacun des douze départements de la région.
Une solidarité extraordinaire du monde soignant
Comment parvenez-vous à mener de front toutes ces missions ?
En organisant des points réguliers avec les différents acteurs. Tous les matins, par exemple, je commence ma journée par un point avec le préfet de région. S’en suivent toute la journée diverses réunions d’échanges par audio ou visio avec tous les acteurs de la santé. Et ce, jusqu’au soir, où de 20h à 21h30, les directeurs des différentes ARS se retrouvent pour une conférence à distance avec le ministère de la Santé.
Chaque mercredi, j’organise aussi une réunion en audio-conférence avec tous les représentants des professionnels de santé libéraux. Il y a enfin des rendez-vous périodiques avec l’ensemble des élus. Tous ces liens sont indispensables.
Quels enseignements retenez-vous de cette période de confinement ?
Je retiens d’abord qu’en période de crise, l’ensemble du monde soignant, public et privé, a su se mobiliser et se serrer les coudes pour une cause commune. Le sens de l’intérêt collectif a prévalu sur les considérations individuelles.
C’est ainsi qu’on a réussi à casser la courbe exponentielle de la contagion pour éviter une saturation des lits de réanimation. Au plus fort de la crise en Auvergne-Rhône-Alpes, jusqu’à 1000 lits ont été occupés en « réa » pour une capacité que nous avons réussi à monter à 1200 lits, alors que la capacité théorique au début de la pandémie était de 560.
C’est le fruit d’une mobilisation extraordinaire du monde hospitalier pour s’adapter à la situation et augmenter ses capacités d’accueil des malades graves.
Auvergne-Rhône-Alpes en première ligne du Covid-19
Voilà pourquoi la région n’a finalement jamais été en tension extrême ?
Oui, sachant qu’à la différence d’autres ARS, nous avons été confrontés à l’épidémie très tôt. Dès le 7 février, il a fallu prendre les dispositions pour gérer le premier cluster de France, aux Contamines-Montjoie puis celui de la Balme de Sillingy en Haute-Savoie.
L’opération de « contact tracing », menée de manière rigoureuse, a permis d’identifier rapidement tous les porteurs du virus. On a ainsi pu contenir ce foyer épidémique et préserver le reste de la population d’Auvergne-Rhône-Alpes jusqu’aux contaminations survenues brutalement suite au grand rassemblement religieux à Mulhouse.
Ensuite, il a fallu gérer l’urgence sur l’ensemble du territoire. Mais l’expérience et les enseignements tirés aux Contamines-Montjoie puis à La Balme de Sillingy nous ont mis dans une dynamique de vigilance et de mobilisation. Il n’y a pas eu d’effet de surprise.
Pour ce qui concerne l’afflux de patients en réanimation, nous avons pu mettre en place une régulation régionale entre tous les acteurs de la santé avec la désignation de pilotes territoriaux, à l’instar des Hospices Civils de Lyon et avec l’accord de tous les établissements privés ou publics. Ce dispositif a permis d’éviter la saturation et même de pouvoir accueillir plus de 60 malades d’autres régions.
De façon plus globale, il s’est créé une très bonne synergie entre les équipes préfectorales et celles de l’ARS.
Déconfinement, la menace d’une seconde vague
Aujourd’hui, l’heure est au déconfinement. Comment appréhendez-vous cette nouvelle étape ?
Il est fondamental d’éviter la seconde vague durant le déconfinement. Cela implique de réagir très vite lors de toute apparition de nouveau cas pour stopper la propagation du virus.
Cela passe par trois priorités : 1) Le dépistage avec des tests PCR réalisés systématiquement en cas de symptômes ; 2) Casser la chaîne de contamination en isolant les personnes infectées mais aussi les « sujets contacts », à savoir toutes les personnes susceptibles d’avoir été contaminées en amont par le malade; 3) Assurer le suivi de toutes ces personnes mises en « quatorzaine » à leur domicile ou dans un lieu d’hébergement mis à disposition par la préfecture.
Tout ce dispositif durant le déconfinement, pour être vraiment efficace, exige un délai de réponse rapide des tests en cas de suspicion et une recherche de cas contacts rigoureuse.
Vous êtes confiant ?
Oui, en pariant sur une application toujours stricte des mesures barrières. Elles ont fait la preuve de leur efficacité. Cette hygiène collective devra perdurer, même après la crise du Covid-19, pour limiter à l’avenir la propagation d’autres épidémies. Cela doit (re)devenir un mode de vie. Et c’est l’affaire de chacun.
Pendant le déconfinement, “ne baissez pas la garde !”
Justement, craignez-vous la résurgence d’autres épidémies dans les prochaines années ?
Chaque année, on est confronté à une épidémie virale qui s’appelle la grippe. Il y en aura forcément d’autres. En France, la politique vaccinale extrêmement dynamique promue à partir des années 50 nous a collectivement fait presque oublier le risque d’épidémie qui est progressivement sorti de nos préoccupations. Et pourtant, le Coronavirus, comme d’autres épidémies, montrent qu’il n’en est rien.
Les recherches sur un vaccin Covid-19 sont donc fondamentales pour nous protéger ?
Effectivement, la meilleure prévention de nombreuses maladies infectieuses virales reste aujourd’hui la vaccination.
Un dernier conseil aux Auverhônalpins en cette période de déconfinement ?
Encore une fois les mesures barrière et en particulier se laver les mains, et souvent. La lutte contre le Covid-19 est une responsabilité individuelle et collective. Donc… ne baissez pas la garde !
A SAVOIR
Praticien hospitalier cardiologue, le Dr Jean-Yves Grall a notamment occupé le poste de directeur d’Agence régionale de l’hospitalisation (ARH) en Lorraine puis de directeur d’Agence régionale de santé (ARS) dans la même région jusqu’en 2011 où il devient directeur général de la santé (DGS) de 2011 à 2013. Nommé directeur de l’ARS Nord Pas de Calais, il construit l’ARS des Hauts de France dont il devient le directeur au 1er janvier 2016 avant de rejoindre l’ARS Auvergne-Rhône-Alpes en novembre 2016.
Le Dr Jean-Yves Grall est également l’auteur de plusieurs rapports, dont « Le médicament à l’hôpital » (2003), « Les maisons médicales de garde » (2006), « L’évaluation du plan urgence » (2007), « L’adaptation du dispositif de la permanence des soins ambulatoires » (2007) et « La territorialisation des activités d’urgences » (2015).
Bonjour Docteur ,
je suis conscient de la situation difficile, mais je suis scandalisé que je sois obligé d’ attendre maintenant au mieux janvier au plutot pour etre opéré alors que je devais l’etre maintenant par le docteur Bahurel.
Je devais etre operé du pouce , je sais que ce n’est pas une opération du coeur ou vitale, mais dans la vie courante nous ne pouvons rien faire sans pouce.
Le docteur Bahurel était prés à le faire, cela n’aurait rien changé à la crise du covide , mais dans ma vie oui.
Veuillez recevoir, Docteur , mes salutations.
Joel Pagot.
Bonjour Docteur ,
je suis conscient de la situation difficile, mais je suis scandalisé que je sois obligé d’ attendre maintenant au mieux janvier au plutot pour etre opéré alors que je devais l’etre maintenant par le docteur Bahurel.
Je devais etre operé du pouce , je sais que ce n’est pas une opération du coeur ou vitale, mais dans la vie courante nous ne pouvons rien faire sans pouce.
Le docteur Bahurel était pret à le faire, cela n’aurait rien changé à la crise du covide , mais dans ma vie oui.
Veuillez recevoir, Docteur , mes salutations.
Joel Pagot.