Trois Français sur quatre ont recours à l'homéopathie. ©Shutterstock

Homéopathie, la bataille fait rage entre pro et anti remboursement des soins par la Sécurité Sociale, sur fonds de légitimité de la discipline. Les Français, eux, ont tranché en faveur de cette médecine douce et alternative.

Sur la sellette, l’homéopathie a vu les Français lui réaffirmer clairement leur attachement, à travers un récent sondage Ipsos paru début novembre 2018 dans Le Parisien. 74% des personnes interrogées estiment en effet que les médicaments homéopathiques sont efficaces. Un sentiment favorisé par le boom du recours à cette médecine douce et alternative, depuis une quinzaine d’années, et amplifié par le vent de méfiance envers les médicaments conventionnels généré par les récents scandales sanitaires (Levothyrox, Mediator…)
Trois Français sur quatre ont ainsi indiqué être opposés à l’arrêt de leur remboursement, question étudiée de près par le Ministère de la Santé depuis l’éclatement de la polémique, au printemps dernier. Une évaluation a été commandée par la Haute Autorité de Santé pour juger de l’efficacité de l’homéopathie, et, incidemment, de la légitimité de son remboursement. Ses résultats sont attendus d’ici fin février 2019.
Le timing du sondage Ipsos ne doit donc rien au hasard : derrière l’enquête figurent les trois laboratoires pharmaceutiques Weleda, Lehning et Boiron, bien déterminés à défendre leur marché. Basé à Lyon, le dernier cité, et premier producteur mondial de préparations homéopathiques, n’a toutefois pas souhaité s’exprimer sur le sujet, estimant certainement que les chiffres de l’enquête parlent d’eux-mêmes.

Homéopathie : les médecins sont divisés

En attendant, le débat continue de diviser les praticiens. « Notre objectif est d’informer les gens que le traitement homéopathique n’est basé sur rien. Il n’y a aucune preuve scientifiquement établie de son efficacité », assène le Dr Julien Gere.
Ce neurologue chambérien (Savoie) est membre du Collectif FakeMed, à l’origine de l’affaire. « Nous ne sommes pas contre l’homéopathie en tant que telle. Si les gens ont le sentiment que cela leur fait du bien, tant mieux. Mais que ces soins soient remboursés par la Sécurité Sociale, au détriment d’autres soins, cela pose problème. On sait que la musique adoucit les maux : va-t-on pour autant demander le remboursement de la musique classique ? L’effet placebo a ses limites, et quand je vois des patients épileptiques cesser leur traitement pour passer à l’homéopathie, je trouve cela dangereux ».

Homéopathie : une source d’économie pour la Sécu

La défiance envers les médicaments conventionnels conduit-elle réellement à de telles errements ? « Nous faisons de la médecine, et nous savons faire la part des choses », répond le Dr Jean-Louis Masson, généraliste à Écully (Rhône) et adhérent du Syndicat National des Médecins Homéopathes Français. « Nous avons la preuve au quotidien que les médicaments homéopathiques fonctionnent, comme pour l’asthme ou d’autres pathologies courantes, et ce en complémentarité avec les traitements conventionnels ».
Selon le SNMHF, l’homéopathie, qui ‘’représente seulement 0,29% des remboursements de médicaments’’, joue un rôle certain contre la surconsommation médicamenteuse et fait même faire de substantielles économies à l’Assurance Maladie, avec un coût de prise en charge en moyenne 35% moins élevé pour un patient pris en charge par un médecin homéopathe.
C’est ce qu’illustre le Dr Dominique Jeulin-Flamme, qui exerce à Montpellier (Hérault) : « sachant que le montant de l’ensemble de mes prescriptions est moitié moins élevé que la moyenne de celle de mes confrères, je considère que le maintien du remboursement des médicaments homéopathiques se justifie pleinement ». C’est aussi l’avis, en tout cas, de trois Français sur quatre…

A SAVOIR

L’homéopathie en France:
30%, le plafond de remboursement des soins homéopathiques par la Sécurité Sociale
20 000, le nombre de médecins généralistes intégrant l’homéopathie dans leur pratique (soit 25%)
77%, la part de Français ayant recours à l’homéopathie
200 ans, comme la présence de l’homéopathie en France

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Ma Santé

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Journaliste expert santé / Rédacteur en chef adjoint du Groupe Ma Santé. Journaliste depuis 25 ans, Philippe Frieh a évolué dans la presse quotidienne régionale avant de rejoindre la presse magazine pour mettre son savoir-faire éditorial au service de l'un de ses domaines de prédilection, la santé, forme et bien-être. Très attaché à la rigueur éditoriale, à la pertinence de l'investigation et au respect de la langue française, il façonne des écrits aux vertus résolument préventives et pédagogiques, accessibles à tous les lecteurs.

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