La ménopause bouleverse la vie des femmes. Outre les aspects psychologiques ou les bouffées de chaleur, il faut se prémunir contre certains risques comme l’ostéoporose ou les maladies cardiovasculaires. Explications du Dr Duclos, gynécologue à Lyon et spécialiste de la ménopause.
Quel impact la ménopause a t-elle sur la vie de la femme ?
Mon expérience me démontre que dans l’ensemble, la ménopause donne l’impression de prendre un « coup de vieux ». Les femmes n’en sont pas ravies, surtout si elles s’imaginent ressembler à des femmes plus âgées et vieillissantes, ce qui est peu valorisé dans la société.
Parfois, il peut cependant arriver que la ménopause soit une libération pour certaines car elles supportaient mal la contraception et se sentent désormais plus libres dans leur sexualité. A l’inverse, d’autres sont contentes d’avoir un alibi pour ne pas avoir de rapport sexuel avec leur conjoint, soit parce qu’elles n’ont jamais été vraiment érotisées, soit parce que leur partenaire n’assure pas. En revanche, il peut arriver que certaines retrouvent le désir en prenant un amant ! Pour qu’un couple dure, il faut toujours s’étonner et se faire plaisir…
Une baisse de libido non systématique !
La ménopause a t-elle un impact sur la libido ?
Beaucoup de femmes déclarent aujourd’hui avoir un droit à la libido. Dans mes consultations, on en parle beaucoup. Il est clair que la ménopause abaisse la libido à cause de la chute des hormones. Et puis, il existe aussi un effet psychologique. Les femmes ménopausées se sentent moins femmes, surtout si elles n’ont pas fait la scission entre sexualité et reproduction. Émotionnellement, ces femmes ont l’impression de perdre quelque chose. Quand elles ont pris du poids, elles ont également moins confiance en elles. Le regard de leur conjoint ou amant est alors essentiel. Croyez-moi, j’ai rencontré des femmes en maison de retraite qui avaient toujours du désir !
Bouffées de chaleur et insomnies
Quels sont les désagréments qui gênent le plus les patientes au quotidien ?
Les bouffées de chaleur sont citées en premier. 5% des femmes ne les connaissent pas, mais entre 5 et 10% déclarent en souffrir énormément dans leur vie professionnelle ou personnelle. Les insomnies qui surviennent à la ménopause peuvent aussi être gênantes. Elles s’expliquent notamment par la perturbation des récepteurs de sérotonine et de noradrénaline, qui provoque aussi les bouffées de chaleur. La prise de poids est également mal vécue, sauf si le conjoint aime les rondeurs. Mais il n’y a pas que le regard des hommes qui compte, il y a aussi celui des femmes, des amies. Si vous êtes la petite ronde dans un groupe de femmes élancées, cela sera plus difficile à vivre…
Des risques cardiovasculaires importants
Les risques cardiovasculaires sont-ils accrus avec la ménopause ?
Oui. Avant la ménopause, les femmes sont protégées par les oestrogènes. Sans traitement hormonal substitutif (THS), le corps de certaines femmes se virilise. Le terrain héréditaire compte aussi bien sûr. Le problème de ces accidents cardiovasculaires est que les symptômes sont souvent moins visibles chez les femmes, et les cas souvent très graves. Aujourd’hui, les femmes meurent davantage d’accidents cardiovasculaires que de cancers. On n’en parle pas suffisamment alors qu’on pourrait les prévenir via des examens prédictifs plus systématiques.
Ménopause, gare à l’ostéoporose
Quant au squelette, il devient plus fragile avec la ménopause ?
Effectivement, le squelette va devenir plus fragile. A la ménopause va se rompre l’équilibre entre ce qui est détruit et créé, et cela va jouer sur la densité des os. La perte de la formation en os va finir par mener à l’ostéopénie puis à l’ostéoporose. Mais il n’y a pas que les os, il y a aussi la diminution de la masse musculaire : la sarcopénie. Pour moi, les deux sont indissociables. Chaque femme étant unique, il y a une grande disparité qui tient compte de la génétique et de l’alimentation, de l’activité physique.
Prise de poids et alimentation équilibrée
Que faire face à ces risques et désagréments ?
Il faut d’abord les évaluer, mesurer leur retentissement physique et psychique, tenir compte des attentes de la patiente. L’une des solutions consiste à ré-hormoner pour faire face à la chute des oestrogènes. Et puis, j’insiste énormément sur l’alimentation auprès de mes patientes. Déjà, je leur conseille de diminuer les sucres (rapides, mais aussi lents), et de privilégier les bonnes protéines pour faire face à la sarcopénie. Ensuite, une bonne alimentation doit leur apporter les bonnes vitamines, et notamment la vitamine D contre l’ostéoporose.
Ensuite, il faut privilégier les bonnes graisses. Notre alimentation favorise les oméga 6 au détriment des oméga 3, notamment à cause de la nourriture donnée aux animaux que nous consommons. Or, cela crée un terrain favorable aux maladies métaboliques, aux cancers ou maladies neurodégénératives. La nourriture industrielle est donc à éviter. En revanche, un peu de beurre le matin me semble bon, à condition qu’il provienne d’une vache bien nourrie en pâturage. En effet, l’acide ruménique produit par les vaches de pâtures est un acide gras polyinsaturé, qui réduirait le risque de cancers, et notamment de cancers du sein. Quant au vin, un verre de rouge à chaque repas semble plutôt réussir aux patientes.
En fait, il s’agit ni plus ni moins d’appliquer le régime crétois, de manger des fruits et légumes de saison, bios si possible, de cuisiner à basse température car tout ce qui est grillé n’est pas terrible. L’idéal demeure la cuisson à la vapeur. Et puis il y a un aliment extrêmement intéressant si encore une fois il est de qualité : l’oeuf. Il contient beaucoup de vitamines, de zinc, de sélénium et d’oméga 3. Lorsque vous regardez les étiquettes, vous pouvez notamment vous appuyer sur le label bleu, blanc, coeur qui garantit une meilleure alimentation qui respecte l’animal et la planète.
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A SAVOIR
A l’arrivée de la ménopause, l’intensité des symptômes fluctue beaucoup d’une femme à l’autre : certaines n’ont pas d’autre symptôme que l’arrêt des menstruations, alors que d’autres ont des symptômes d’intensité modérée à grave (20 à 30 % des femmes). Une consultation chez un gynécologue est évidemment vivement conseillée…