
Les dispositifs connectés prétendant mesurer la glycémie sans piqûre séduisent de nombreux patients diabétiques. Mais ces outils sont-ils réellement fiables ? L’ANSM et la DGCCRF, dans un communiqué, alertent ainsi sur les risques associés aux défaillances potentielles de ces appareils.
Le suivi régulier de la glycémie est essentiel pour les personnes atteintes de diabète. Face aux contraintes des méthodes traditionnelles, de nouveaux dispositifs connectés promettent une mesure sans piqûre, via des montres, bagues ou autres moniteurs. Cependant, les autorités sanitaires françaises chargées particulièrement de la surveillance des dispositifs médicaux expriment de sérieuses réserves quant à leur fiabilité et leur sécurité.
L’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé) et la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) ont en effet publié une alerte concernant ces dispositifs.
Dans un communiqué en date du 31 mars 2025, ces deux organismes soulignent que ces appareils, censés mesurer la glycémie par simple contact avec la peau, ne fournissent pas de valeurs fiables, mettant ainsi en danger la santé des patients diabétiques.
Mesure de la glycémie : pourquoi ces dispositifs connectés sont-ils risqués ?
Les dispositifs traditionnels de mesure de la glycémie fonctionnent soit par prélèvement d’une goutte de sang analysée par un lecteur, soit grâce à un capteur inséré sous la peau. Ces méthodes, qui ne sont pas sans contraintes, ont clairement prouvé leur efficacité et leur fiabilité.
En revanche, les dispositifs prétendant mesurer la glycémie de manière non invasive, sans effraction cutanée, n’ont pas démontré scientifiquement leur précision. Et se fier à des mesures inexactes peut entraîner des erreurs dans le traitement, augmentant le risque de complications graves liées au diabète.
Hospitalisations, coma, voire décès…
À ce jour, aucun dispositif de suivi de la glycémie par simple contact avec la peau n’a obtenu d’autorisation de mise sur le marché en France. Les allégations de mesure “non invasive” sont donc considérées comme trompeuses par les autorités. La commercialisation de ces produits repose sur des promesses non étayées, représentant un risque majeur pour la santé des utilisateurs.
“Dans ce contexte, la commercialisation de produits prétendant mesurer la glycémie de manière « non invasive » repose sur des allégations trompeuses, et présente un risque majeur pour la santé”, prévient l’ANSM. “Ces produits peuvent fournir des valeurs erronées, ce qui peut conduire au retard de prise en charge d’une hypoglycémie (diminution importante du taux de sucre dans le sang) ou d’une hyperglycémie (augmentation importante du taux de sucre dans le sang). Dans les cas les plus sévères, cette situation peut entraîner des hospitalisations, un coma, voire même le décès”.
Connectés ou pas connectés : quelles solutions pour les patients diabétiques ?
Les recommandations des autorités sanitaires sont simples : il est essentiel que les patients diabétiques utilisent des dispositifs de mesure de la glycémie dont la fiabilité est reconnue et qui sont conformes aux réglementations en vigueur. Dans leur communiqué, la DGCCRF et l’ANSM recommandent même “aux personnes ayant acheté un tel produit de ne plus utiliser la fonction « glycémie » ou « blood glucose ». Les consommateurs peuvent se rapprocher du vendeur pour réclamer le remboursement du produit”.
Et de préciser la nécessité de “consulter son médecin ou pharmacien avant toute modification des modalités de suivi de sa glycémie”.
Conclusion, si l’innovation technologique offre des perspectives intéressantes pour le suivi du diabète, il est crucial de rester prudent face aux dispositifs connectés non homologués. La santé ne saurait être mise en péril par des gadgets aux promesses infondées : “les patients doivent être particulièrement vigilants face aux offres en ligne ou sur les réseaux sociaux proposant des solutions trop belles pour être vraies”, concluent l’ANSM et la DGCCRF.
À SAVOIR
En France, près de 4 millions de personnes sont traitées pour un diabète, majoritairement de type 2, selon Santé publique France (2023). Ce chiffre est en constante augmentation, notamment en raison du vieillissement de la population et de la progression de l’obésité. On estime qu’environ 500 000 personnes seraient diabétiques sans le savoir. Le diabète est responsable de nombreuses complications (cardio-vasculaires, rénales, visuelles) et représente un enjeu majeur de santé publique. En 2022, les dépenses liées au diabète ont dépassé 8 milliards d’euros pour l’Assurance maladie.







