Déjà largement utilisée au sein des Hospices Civils de Lyon pour soulager la douleur, l’hypnose est moins répandue en chirurgie. Et pourtant, elle peut être une alternative efficace à l’anesthésie. Le service de radiothérapie des HCL est le premier à soigner les cancers de la prostate par curiethérapie sous hypnose.
Une meilleure rĂ©cupĂ©rationÂ
Concrètement, l’anesthĂ©siste ne touche jamais le patient mais parle avec lui tout au long de l’intervention. Le patient n’est pas endormi. Il reste coopĂ©rant tout au long de l’intervention. « Il s’agit de focaliser son attention pour lui permettre de s’évader dans son monde intĂ©rieur», explique le docteur Rigal, qui prĂ©cise que les patients sont interrogĂ©s prĂ©alablement au sujet du thème qu’ils souhaitent aborder pendant l’intervention. Cela peut-ĂŞtre un souvenir agrĂ©able, une activitĂ© quotidienne, ou bien leur sport favori… Les contre- indications sont très rares. Il est utile que le patient soit motivĂ© et coopĂ©rant.
Dans le bloc, il règne alors une ambiance particulière. Pour ne pas perturber l’état de “focalisation de l’attention” dans lequel est plongĂ© le patient, l’anesthĂ©siste et le radiothĂ©rapeute Ă©changent sur les Ă©tapes-clĂ©s de l’intervention Ă l’aide d’ardoises. L’hypnose est une technique complexe, qui nĂ©cessite un apprentissage rigoureux.
L’intervention sous hypnose est strictement la mĂŞme que sous anesthĂ©sie gĂ©nĂ©rale. Elle a une durĂ©e similaire mais elle a de nombreux avantages en termes de rĂ©cupĂ©ration. Pour le professeur Chapet, c’est une technique d’avenir : « Grâce Ă l’hypnose, on Ă©vite les risques liĂ©s Ă l’anesthĂ©sie, et ses effets secondaires (nausĂ©es, vomissements, fatigue) Le patient après intervention sous hypnose est rapidement en forme. La reprise d’une activitĂ© est possible dans les jours qui suivent l’intervention. De plus, il a la satisfaction d’avoir Ă©tĂ© actif dans la prise en charge de sa maladie“.
L’hypnose, une solution Ă©conomique
Actuellement, plusieurs médecins ou soignants suivent des formations afin d’étendre cette pratique prometteuse. Car si l’intervention sous hypnose exige la présence de l’anesthésiste tout au long du temps passé au bloc, elle permet des économies en termes de matériel et de personnel de surveillance (pas besoin de salle de réveil).
Pierre Charvet a eu l’occasion de tester l’hypnose en milieu hospitalier: « J’ai vĂ©cu ça comme une expĂ©rience. On est conscient mais on ne ressent pas la douleur. Bien sĂ»r, j’étais un peu inquiet au dĂ©but mais l’équipe instaure un climat de confiance rassurant et nous avons discutĂ© tout le temps de l’opĂ©ration », confie ce patient qui, arrivé à l’hĂ´pital Ă 9 heures, Ă©tait de de retour chez lui Ă 16h30. Et ce n’est pas une histoire Ă dormir debout…
A savoir
La curiethérapie est réservée aux cancers peu développés qui se limitent à l’intérieur de la prostate. Guidé par imagerie 3D, le radiothérapeute insère des aiguilles par le périnée afin de déposer dans la prostate de minuscules grains remplis d’iode radioactif qui vont détruire le cancer. La curiethérapie est pratiquée en ambulatoire aux HCL et permet une récupération rapide. Cette technique ne génère pratiquement jamais de fuites urinaires et fait partie des traitements présentant les meilleurs résultats en termes de conservation de la fonction sexuelle. Une soixantaine de curiethérapies sont pratiquées chaque année aux HCL.








