Un adolescent qui met du déodorant pour masquer sa sudation odorante.
En moyenne, la puberté débute vers 11 ans chez les filles et 12 ans chez les garçons en France selon l'Inserm. © Adobe Stock

La puberté n’apporte pas que des boutons et des voix qui muent ! Elle s’accompagne aussi d’un phénomène universel mais souvent tabou, une odeur corporelle plus marquée. Pourquoi les adolescents dégagent-ils une senteur plus forte que les enfants ou les adultes ? Explications. 

À partir de la puberté, le corps se transforme sous l’effet d’une véritable tempête hormonale. Les voix muent, les poils poussent, la peau devient plus grasse… et, discrètement mais sûrement, certaines glandes s’activent.

Ce sont les glandes sudoripares apocrines, jusqu’alors dormantes, qui se mettent à fonctionner. Elles ne produisent pas la même sueur que les glandes eccrines, celles qui régulent notre température corporelle en évacuant de l’eau et du sel. Non : les apocrines sécrètent un liquide plus épais, chargé de lipides et de protéines.

Ce type de sueur s’accumule dans les zones où la pilosité se développe (aisselles, aine, poitrine). Or, ces substances grasses et protéiques constituent un buffet idéal pour les bactéries naturellement présentes sur la peau. Ces dernières, en se nourrissant de la sueur apocrine, la décomposent et libèrent des composés organiques volatils. Autrement dit, les molécules responsables des fameuses odeurs corporelles.

C’est précisément cette combinaison (activation des glandes apocrines, apparition de la pilosité et multiplication bactérienne) qui explique pourquoi les adolescents sentent plus fort que les enfants, dont la sueur est plus légère, plus aqueuse et donc moins odorante.

Des molécules odorantes bien identifiées

Les chercheurs se sont intéressés à la composition chimique de cette sueur. Une étude publiée dans la revue Nature Scientific Reports en 2016 a montré que la sueur des adolescents contenait des niveaux particulièrement élevés d’acides carboxyliques. Ces molécules dégagent des senteurs souvent décrites comme piquantes, rappelant le fromage affiné ou même l’urine.

À cela s’ajoutent certains stéroïdes odorants, tels que l’androsténone et l’androsténol, déjà étudiés pour leur rôle potentiel de phéromones. Ces composés apportent des notes musquées, boisées ou animales, qui contribuent au parfum unique (et parfois difficile à supporter) de l’adolescence.

Adrénarche : une étape clé du développement

Un autre acteur mérite d’être mentionné : l’adrénarche. Cette étape du développement, qui survient entre 6 et 20 ans, correspond à la montée en puissance de certaines hormones surrénaliennes comme la DHEA et l’androstènedione. Elle coïncide avec l’apparition des poils pubiens et axillaires, de la peau plus grasse et… des odeurs plus marquées.

Ce n’est donc pas uniquement la sueur qui change, mais l’ensemble de l’écosystème hormonal et cutané qui se modifie, entraînant des transformations visibles… et olfactives.

Un rôle évolutif insoupçonné ?

Au-delà de la biologie, certains chercheurs avancent une hypothèse surprenante. L’odeur forte des adolescents pourrait avoir une fonction évolutive. En effet, plusieurs études suggèrent que l’odeur corporelle des ados provoque une forme de rejet instinctif chez les parents, en particulier du sexe opposé. L’idée est de favoriser l’éloignement, limiter les contacts intimes et réduire le risque de consanguinité

Si cette explication reste débattue, elle illustre combien l’odeur corporelle est aussi un langage social et biologique.

La bonne nouvelle, c’est que des solutions existent pour atténuer ces odeurs.

  • Hygiène quotidienne : une douche par jour, avec insistance sur les zones pileuses, reste le meilleur geste de prévention. Le séchage minutieux est tout aussi important pour éviter la prolifération bactérienne.
  • Déodorants adaptés : les dermatologues rappellent qu’il n’y a aucun risque à utiliser un déodorant ou un anti-transpirant à l’adolescence. Ils permettent de réduire l’humidité et de limiter la dégradation bactérienne.
  • Textiles respirants : privilégier le coton plutôt que les matières synthétiques aide à évacuer la transpiration.

L’odeur corporelle plus forte chez les adolescents n’est donc ni un manque d’hygiène ni une fatalité. Alors, oui, c’est un phénomène déroutant pour les parents et les ados, mais tout à fait normal dans le parcours de la croissance.

À SAVOIR

Selon la Société Française de Dermatologie, environ 3 % de la population souffre d’hyperhidrose, une transpiration excessive parfois odorante. Ce trouble, qui peut débuter dès l’adolescence, ne doit pas être confondu avec l’odeur normale de la puberté. Des traitements existent, allant des antitranspirants aux injections de toxine botulique.

Inscrivez-vous à notre newsletter
Ma Santé

Article précédentFinastéride : quand un traitement de la calvitie expose à un risque suicidaire
Article suivantRentrée scolaire : pourquoi les crises d’asthme augmentent-elles chez les enfants ?
Marie Briel
Journaliste Ma Santé. Après un début de carrière en communication, Marie s’est tournée vers sa véritable voie, le journalisme. Au sein du groupe Ma Santé, elle se spécialise dans le domaine de l'information médicale pour rendre le jargon de la santé (parfois complexe) accessible à tous.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici