Un homme infecté par la rougeole qui voit les symptômes apparaître sur son corps.
Les premiers signes de la rougeole apparaissent en moyenne 10 jours après l’infection : forte fièvre, toux, conjonctivite, puis une éruption cutanée rouge qui s’étend sur tout le corps. © Adobe Stock

Avec déjà plus de 800 cas confirmés depuis janvier, dont deux décès, la rougeole refait brutalement surface en France. En cause : une couverture vaccinale encore insuffisante et la très forte contagiosité de ce virus pourtant évitable.

Depuis le début de l’année 2025, la France a déjà enregistré 828 cas de rougeole. Le chiffre, confirmé par Santé publique France, dépasse largement les 483 cas recensés sur toute l’année 2024.

Deux décès sont également à déplorer. Ils concernaient des personnes immunodéprimées, incapables de recevoir le vaccin. Selon les données officielles, l’épidémie a atteint son pic en mars. Depuis le mois de mai, le nombre de nouveaux cas est en recul. Mais la maladie circule encore, et la vigilance reste indispensable.

La rougeole figure parmi les maladies les plus contagieuses. D’après l’Organisation mondiale de la Santé, une personne infectée peut contaminer jusqu’à quinze à vingt personnes non protégées. À titre de comparaison, le COVID-19 se transmettait en moyenne à deux ou trois individus par malade.

Les symptômes commencent souvent par une forte fièvre, une toux, une conjonctivite et un écoulement nasal. L’éruption cutanée apparaît ensuite, signe caractéristique de la maladie. Mais derrière cette image parfois banalisée se cachent des risques sérieux : pneumonies, encéphalites, hospitalisations et, dans les cas extrêmes, décès.

  • Mortalité : entre 1 et 3 décès pour 1 000 cas dans les pays industrialisés (OMS).
  • Hospitalisations : taux variables, de 6 % à plus de 30 % lors de certaines flambées en Europe de l’Est et en Asie centrale.

La vaccination reste la meilleure arme contre la rougeole. En France, elle est administrée via le vaccin ROR (Rougeole-Oreillons-Rubéole). Deux doses sont nécessaires pour une protection optimale. Depuis 2018, cette vaccination est obligatoire pour les enfants nés après le 1er janvier de cette année-là.

Cependant, la couverture vaccinale reste en deçà du seuil requis. L’OMS fixe l’objectif à 95 % pour bloquer la circulation du virus. Or, en 2023, environ 90 % des enfants de deux ans avaient reçu deux doses selon Santé Publique France.

Chez les jeunes adultes, la situation est plus hétérogène. Beaucoup n’ont reçu qu’une seule injection, voire aucune. Ce déficit crée des “poches de vulnérabilité” dans lesquelles le virus peut se propager. Ce n’est donc pas un hasard si les adolescents et les jeunes adultes sont aujourd’hui surreprésentés parmi les cas de rougeole.

L’héritage du Covid-19

La pandémie a profondément perturbé les campagnes de vaccination. De nombreux rendez-vous médicaux ont été reportés, ce qui a entraîné des retards de vaccination chez les enfants. À cela s’ajoute une méfiance accrue vis-à-vis des vaccins, nourrie par les polémiques entourant les campagnes anti-COVID.

Autre effet indirect : le respect des gestes barrières a temporairement freiné la circulation de nombreux virus, y compris la rougeole. Quand ces mesures ont été levées, le virus a trouvé un terrain plus favorable, avec une proportion plus importante de personnes susceptibles d’être contaminées. Ce phénomène de “rattrapage” explique en partie la vigueur des flambées observées depuis deux ans.

Rougeole : pourquoi faut-il agir sans attendre ? 

L’épidémie actuelle n’est pas la première alerte. En 2018, la France avait déjà connu une flambée avec plus de 2 600 cas de rougeole et plusieurs décès (bilan SPF 2018). L’histoire montre que le virus peut rapidement regagner du terrain dès que la vigilance faiblit.

La vaccination est donc à la fois une protection individuelle et un geste collectif. En se faisant vacciner, chacun contribue à protéger les plus vulnérables : nourrissons trop jeunes pour recevoir le vaccin, personnes immunodéprimées ou malades chroniques. Les deux décès de 2025 rappellent cruellement que ces publics dépendent de l’immunité de groupe.

Au-delà de la France, la situation est préoccupante à l’échelle européenne. Plus de 127 000 cas de rougeole ont été signalés en 2024 dans la région Europe de l’OMS, soit le chiffre le plus élevé depuis 1997.

À SAVOIR

Avant la vaccination, la rougeole causait plus de 2,6 millions de décès par an dans le monde. Grâce au vaccin, ce chiffre est tombé à environ 128 000 en 2021 selon l’OMS.

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Marie Briel
Journaliste Ma Santé. Après un début de carrière en communication, Marie s’est tournée vers sa véritable voie, le journalisme. Au sein du groupe Ma Santé, elle se spécialise dans le domaine de l'information médicale pour rendre le jargon de la santé (parfois complexe) accessible à tous.

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