Alors que le dépistage du Covid-19 se généralise en France, une nouvelle technique révolutionnaire est développée à Lyon… La détection de la maladie via le souffle. Aussi simple qu’un éthylotest ! Le point sur cette étude prometteuse (mais onéreuse) avec les docteurs Riva et George, chercheurs au CNRS, à Lyon.
Depuis le début de la pandémie de Covid-19, les chercheurs du Centre national de recherche scientifique (CNRS) ont cherché à apporter leur contribution à la lutte contre la propagation du virus. En partenariat avec l’Institut de recherches sur la catalyse et l’environnement de Lyon (IRCELYON), l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) et l’Institut des sciences analytiques (ISA), ils se sont penchés sur une nouvelle méthode de diagnostic via le souffle. Pour réaliser ce dépistage, une machine de 250 kilos fiable en matière de diagnostic. Seul problème : son coût ! Environ 100 000 euros…
A terme, l’examen éprouvant avec l’écouvillon au fond du nez pourrait ainsi laisser place à une technique bien plus simple, indolore et immédiate. Objectif : faciliter le diagnostic du Covid-19. L’étude est actuellement en cours auprès des patients de l’Hôpital de la Croix-Rousse, à Lyon. Les détails de cette enquête avec le Dr Matthieu Riva, chargé de recherches et le Dr Christian George, directeur de recherches, au CNRS de Lyon.
Test de dépistage de Covid-19 par le souffle : une innovation lyonnaise
Quel est l’intérêt de ce type de test ?
Il s’agit d’une première dans la recherche. La machine que nous utilisons actuellement pour effectuer ce test est à l’origine destinée au contrôle de la qualité de l’air. Nous avons détourné notre expertise afin de soutenir la lutte contre la pandémie de Covid-19. Le but est de faciliter voire révolutionner le dépistage de cette maladie.
L’élaboration du test est en effet très simple et la vitesse de réponse est quasi immédiate : environ 5 minutes par patient. Si les tests sont concluants et que cette machine peut en effet être utilisée dans les hôpitaux, cela pourrait permettre de dépister à grande échelle.
Concrètement, comment ça marche ?
Le fonctionnement ressemble à celui d’un éthylotest. Le patient souffle dans la machine qui peut en l’espace de quelques secondes définir les différentes molécules présentes dans son expiration. Cet appareil possède en effet un haut niveau de précision puisqu’il est capable d’analyser plusieurs centaines d’éléments à la fois. Mieux encore, il est possible de localiser les différentes parties du système respiratoire desquels ils proviennent. La machine est ainsi capable de détecter des molécules présentes aussi bien dans le nez que dans les alvéoles pulmonaires.
Où en êtes-vous actuellement dans cette étude ?
Nous avons reçu la machine mi-mai grâce aux fonds européens et régionaux de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Pour le moment, nous sommes en train de définir les différents biomarqueurs (éléments propres à une maladie pouvant donc indiquer sa présence) permettant de détecter la présence du Covid-19 dans le souffle des patients. Nous espérons que d’ici septembre 2020, nous arrivions à déterminer de façon précise la cartographie de ces éléments.
Pour le moment, combien de personnes ont été testées ?
Cette étude est actuellement menée auprès de différents patients dans les services d’infectiologie et de réanimation de l’Hôpital de la Croix-Rousse. Les personnes testées ont des profils différents et peuvent être porteuses ou non du Covid-19, l’objectif étant justement de permettre un diagnostic fiable.
Depuis le début de cette enquête en mai dernier, nous avons réalisé des examens via le souffle avec une quarantaine de patients environ. D’ici la fin de la recherche, nous tenterons d’élargir au maximum le panel pour obtenir des résultats les plus pertinents possibles.
Un espoir de diagnostic pour d’autres pathologies
Quelles sont les perspectives d’évolution pour ce nouveau test de dépistage ?
Le fait que la machine puisse permettre de localiser les différents biomarqueurs présents dans le souffle offre des informations précieuses. Cela est notamment le cas dans le diagnostic de certaines pathologies pulmonaires ou respiratoires. Ce système de détection pourrait même être réalisé pour d’autres maladies de type cancérologie par exemple. En effet, il est par exemple possible actuellement de détecter le cancer du sein à travers l’analyse de la sueur. Pourquoi pas par le souffle ? Il s’agit d’un véritable espoir dans la recherche.
À SAVOIR
Actuellement, les méthodes de dépistage de Covid-19 disponibles sont le test PCR (à l’aide d’un écouvillon inséré au fond de la cavité nasal) et l’analyse sanguine via une prise de sang.