Avant l'accouchement, la grossesse est souvent synonyme de troubles divers ©senivpetro

Nausées, troubles circulatoires, problèmes de peau… La grossesse est souvent synonyme de désagréments. Le Dr Camille Dunand, assistante chef de clinique au CHU de Grenoble au sein du pôle de gynécologie-obstétrique, explique comment minimiser l’impact des maux de la future maman.

Quels sont les petits maux les plus fréquents en début de grossesse ?

Au premier trimestre, la femme enceinte peut souffrir de fatigue, de nausées, de vomissements. Cela s’explique par l’influence des hormones produites de manière très abondante, et notamment de l’hormone HCG. Au tout début de la grossesse, leur taux double toutes les 48 heures avec un point culminant autour de 14-16 semaines  d’aménorrhée. Puis ce taux va diminuer jusqu’à la fin de la grossesse, et les nausées, vomissements et la fatigue vont s’estomper. On sait aussi qu’attendre des jumeaux engendre encore plus de nausées, en raison d’un taux sanguin d’HCG plus élevé.
Chez certaines patientes sensibles, on peut aussi observer des dérèglements du foie liés encore une fois à la présence décuplée des hormones, ou encore des troubles de la thyroïde, visibles par une prise de sang. Cependant, il faut bien vérifier si ces pathologies sont dues seulement à la grossesse, ou dues à d’autres causes et exacerbées par la grossesse.

Les nausées

Que peut-on faire contre ces fameuses nausées du premier trimestre ?

Il est possible de consommer du gingembre, ou encore de recourir à la phytothérapie ou l’homéopathie. Ensuite, il existe un certain nombre de médicaments, comme le Donormyl, qui est l’anti-nauséeux de référence aux Etats-Unis. Mieux vaut le prendre le soir car il est légèrement sédatif. Sur ordonnance, on dispose d’un certain nombre de médicaments classiques, comme le Primperan. Il est important de rappeler que les patientes ne doivent pas rester avec des nausées qui les invalident, et ne pas attendre trop longtemps pour consulter leur sage-femme, leur gynécologue ou leur médecin traitant. Il peut arriver que certaines patientes se fassent hospitaliser pour recevoir un traitement par voie intra veineuse, car elles sont trop déshydratées, ou parvenues à une intolérance alimentaire complète.

La constipation

Il n’est pas rare que les femmes enceintes souffrent de constipation, mais elles n’osent pas forcément en parler. Que leur conseillez-vous ?

Effectivement, dès le début de la grossesse, on observe un ralentissement des mouvements du tube digestif (ce qu’on appelle le péristaltisme), notamment à cause de l’imprégnation hormonale. En fin de grossesse, l’utérus prend de plus en plus de place, et entraîne également une gêne mécanique. A cela s’ajoute le fait que la patiente est souvent moins bien hydratée et ne fait que peu d’activité physique. Il faut donc qu’elle pense bien à boire mais aussi à avoir une alimentation variée, comprenant beaucoup de légumes et de fibres, mais aussi à marcher. Il est également possible de lui prescrire un laxatif doux, ou d’utiliser de l’huile de paraffine pour rendre les selles moins dures. Le traitement peut aller jusqu’au lavement, si vraiment la constipation est très avancée mais c’est une situation très rare. Encore une fois, il faut agir car la constipation peut donner des spasmes du tube digestif qui est juste à côté de l’utérus, qui peut se contracter à son tour.

Les reflux et brûlures d’estomac

Quels sont les autres troubles que l’on peut observer au niveau gastrique ?

Alors que l’utérus prend de plus en plus de place, des reflux ou brûlures d’estomac peuvent apparaître, et ce d’autant plus lorsque le fœtus est d’un beau gabarit. Dans cette situation,  on conseille à la future maman d’éviter le chocolat, le café, la menthe et les épices, qui favorisent les reflux. Il vaut mieux essayer aussi de ne pas dîner trop tard pour avoir déjà digéré avant de se coucher, car la position allongée favorise les reflux. Il est aussi possible de mettre deux gros oreillers sous la tête pour surélever la partie haute du corps.

Les lombalgies

Quelles douleurs le poids du bébé engendre-t-il sur la maman ?

Les maux de la grossesse
Sous le poids du fœtus, la grossesse est souvent synonyme de troubles divers comme des lombalgies ©R.Goetter

Sous l’effet de la croissance du fœtus, l’utérus va se déjeter en avant et déséquilibrer la colonne vertébrale de la patiente en sollicitant des ligaments et en comprimant des nerfs. Une prise de poids maternelle importante va aggraver le phénomène. La maman peut souffrir de douleurs liées au nerf crural ou au nerf sciatique, qui se manifestent par des douleurs et parfois une diminution de la sensibilité au niveau de la fesse, du genou, ou de la jambe.. Quand la douleur de compression nerveuse  est installée, on a recours à des antidouleurs simples, au port d’une ceinture lombaire pour aider au maintien de l’utérus. Des lombalgies peuvent aussi se manifester, particulièrement la nuit. En fin de grossesse, les patientes n’arrivent souvent plus à dormir sur le dos. De ce fait, elles dorment sur le côté. Le problème est que l’utérus se projette alors vers l’avant, et que leur colonne vertébrale n’est pas rectiligne. L’idéal est donc de caler son dos avec un coussin d’allaitement sous la jambe, le genou et le ventre, afin que l’utérus ne tire pas. Autrement, je prescris souvent  des séances de kinésithérapie, ostéopathie, des massages, leur conseille des étirements, et leur explique les gestes à éviter.
Les femmes enceintes souffrent aussi de douleurs ligamentaires, liées aux ligaments suspenseurs de l’utérus qui sont étirés quand l’utérus grossit et se projette en avant. Au début, ce dernier est plutôt orienté vers l’arrière, mais à mesure que le bébé va grossir, l’utérus va pointer vers l’avant. Cela va entraîner des douleurs lorsque la patiente sera debout, avec notamment des douleurs au niveau du bas ventre, ou sur les côtés. La solution est d’essayer de se reposer le plus possible. Certaines patientes sont parfois carrément contraintes de rester alitées, et on prescrit du magnésium qui possède une action bénéfique sur un ligament sur-sollicité.

Le masque de grossesse

Quels peuvent être les troubles de la peau pendant la grossesse ?

Le fameux masque de grossesse ! Il s’agit d’une pigmentation de la peau du visage au niveau du contour des yeux et des joues, liée à l’imprégnation des hormones en œstrogènes, et à une hypersensibilité au soleil. Il faut vraiment éviter toute exposition solaire, et appliquer de l’écran total, car ce masque de grossesse peut être irréversible. On peut aussi observer une ligne brune au milieu du ventre associée à une plus forte pilosité. Certaines femmes pensent à tort que l’apparition de ces signes de virilisation est due au fait que le fœtus est de sexe masculin mais c’est faux, car cela survient évidemment aussi quand on attend une petite fille. Ce phénomène de pigmentation de la ligne médiane est réversible.
Pendant la grossesse, la maman peut aussi avoir des sensations de tiraillements, de sécheresse cutanée, des envies de se gratter, des vergetures. La peau est souvent déshydratée, et la peau du ventre se distend. Cela met en tension la peau qui a du mal à suivre le rythme et à s’agrandir. Les femmes ne sont pas égales face à ce phénomène. Le facteur de risques principal reste la prise de poids excessive, et les vergetures peuvent apparaître tardivement lors de la grossesse et parfois même après l’accouchement. Il n’est pas nécessaire d’utiliser un produit coûteux contre les vergetures, car ce dernier ne sera pas plus efficace. La crème hydratante permettra cependant d’apaiser les sensations de tiraillement. Les massages réguliers pour activer la micro circulation de la peau sont également conseillés.

La prise d’une demi-pointure

La prise possible d’une demi-pointure pendant la grossesse est-elle un mythe ou une réalité ?

C’est effectivement possible. Cela s’explique par la présence des œstrogènes et leur imprégnation au niveau des ligaments et des tendons entre les os du pied. Ce sont donc les structures tendineuses et non pas les os qui vont s’agrandir. Ce phénomène est donc souvent irréversible, et à distinguer des œdèmes ou de la rétention d’eau. La prise de poids peut aussi jouer un rôle : il y aura plus de pression sur les articulations, ce qui les fera s’écarter.

Les troubles circulatoires

Des troubles circulatoires peuvent-ils apparaître pendant la grossesse ?

Oui, les troubles circulatoires peuvent arriver assez vite, surtout s’il s’agit d’une deuxième ou troisième grossesse. C’est encore en relation avec l’augmentation de la taille de l’utérus qui va appuyer sur les gros vaisseaux du petit bassin. Le retour veineux chez certaines femmes va alors bien s’opérer et entraîner  des malaises vagaux, des œdèmes des jambes, des varices. Ce problème de retour veineux peut aussi entraîner des hémorroïdes ou des varices vulvaires, dont les patientes n’osent pas parler.  Le conseil que l’on peut donner est de porter des bas de contention, de bien s’hydrater, de surélever ses jambes notamment la nuit et de ne pas se lever trop rapidement si on est sujette au malaises vagaux.

Retrouvez la liste de tous les gynécologues de votre ville ou de votre quartier sur www.conseil-national.medecin.fr

A SAVOIR

On estime que 72% des femmes seraient victimes de nausées pendant la grossesse. N’hésitez pas à parler de vos troubles à votre sage-femme, votre gynécologue ou votre médecin traitant.

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Journaliste indépendante depuis 2013, Paulina Jonquières d'Oriola s'est longtemps spécialisée dans la rédaction d'articles santé : psycho, sexualité, santé animale... Une fine plume au service de l'info santé !

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