Taux de positivité en hausse, nombre d’hospitalisations en augmentation constante… Sans surprise, la Métropole de Lyon, mais aussi Grenoble et Saint-Étienne sont officiellement placés depuis hier en alerte maximale coronavirus. Conséquence, les bars seront fermés à compter de samedi et de nouvelles mesures de restriction seront imposées dans les restaurants. Plusieurs événements majeurs dont Equita sont annulés. Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a également annoncé le basculement de Clermont-Ferrand en zone d’alerte renforcée, faisant d’Auvergne-Rhône-Alpes l’une des régions françaises les plus touchées par la circulation du Covid-19.
L’annonce était attendue. Elle est désormais officielle depuis hier. Lyon, Saint-Étienne et Grenoble basculent en zone d’alerte maximale coronavirus.
Avec 18 746 nouveaux cas de coronavirus en 24 heures, le virus “circule trop vite” en France, s’inquiétait Emmanuel Macron la semaine dernière. Cette évolution s’est traduite par de nouvelles restrictions qui n’ont pas épargné Lyon, Saint-Étienne et Grenoble. Lors de sa prise de parole hebdomadaire, le ministre de la Santé Olivier Véran a donc annoncé ce jeudi le passage des trois villes en alerte maximale, à compter de samedi 10 octobre.
Ces trois villes faisaient partie, avec Lille et Toulouse, des cinq métropoles surveillées de près par le gouvernement. Les indicateurs ont démontré que la situation ne s’était pas améliorée. “La situation sanitaire continue hélas de se dégrader en France”, a indiqué le Premier Ministre. “Chaque jour de plus en plus de personnes contaminées, avec un impact hospitalier qui augmente”.
Alerte maximale coronavirus à Lyon : bars et cafés fermés
Ce basculement en zone d’alerte maximale, qui concerne également Lille mais pas encore Toulouse, s’accompagne inévitablement d’un durcissement des mesures de restrictions. Concrètement, les bars et cafés, à partir de samedi, vont baisser totalement leurs rideaux.
Le protocole sanitaire sera renforcé dans les restaurants, qui ne pourront pas accueillir plus de six personnes par table. Toujours dans les restaurants, les clients devront veiller à porter leur masque jusqu’au service du premier plat. Ils devront le remettre lors de leurs déplacements et entre les services.
Par ailleurs, le paiement devra obligatoirement se faire à la table des consommateurs afin d’éviter leurs déplacements au sein des établissements. Enfin, il sera interdit de consommer une boisson debout, à l’intérieur comme à l’extérieur des restaurants.
Ces mesures seront officiellement confirmées et détaillées ce vendredi par le Préfet du Rhône, Pascal Mailhos.
L’alerte maximale sonne le glas d’Equita Lyon
Autre conséquence de ce passage en alerte maximale, plusieurs événements majeurs en sursis sont officiellement annulés. C’est le cas du Marché du Goût, prévu le 14 octobre sur la Place Bellecour, à Lyon. Autre coup dur, Equita, le grand rendez-vous de l’équitation, programmé à l’origine du 28 octobre au 1er novembre, est aussi annulé.
La mort sans l’âme, Sylvie Robert, la présidente de GL Events Equestrian Sport, a annoncé qu'”en raison du durcissement des règles sanitaires, le salon Equita Lyon et l’Equita Lyon Western Horse Show ne pourront pas avoir lieu cette année et sont annulés“.
En revanche, pour la première fois, le Longines Equita Lyon, Concours Hippique International, se tiendra sur neuf jours, du 24 octobre au 1er novembre 2020, mais sans public. La jauge de 1 000 personnes étant réservée aux partenaires de l’événement.
Alerte maximale : les mesures ne passent pas à Lyon et Saint-Étienne
Les appels répétés des élus locaux n’ont donc pas eu l’effet escompté. “J’ai demandé au Premier Ministre de maintenir une vie sociale minimum”, indiquait plus tôt dans la journée Gaël Perdriau, le maire de Saint-Étienne, à l’antenne de France Info. L’édile appelait à “faire véritablement confiance à la responsabilité individuelle plutôt que de prendre des mesures massives qui nous enfonceraient sans doute encore davantage”.
Même son de cloche de Lyon, où le maire Grégory Doucet demandait dès la veille à ne pas “aller plus loin” dans les mesures. Et, au contraire, à en assouplir certaines, telle la jauge de 1000 personnes pour les grands événements. “On est en train de prendre les bonnes mesures complémentaires. On est très, très réactifs. Je considère qu’aujourd’hui, on a les moyens sur la ville, sur la Métropole, de répondre à l’évolution de l’épidémie”, indiquait-il à nos confrères d’Europe 1.
Coronavirus : les chiffres de la dégradation sanitaire sont implacables
Selon les modalités mises au point par le gouvernement, la conjonction de trois critères est nécessaire au passage en zone d’alerte maximale, la zone où la circulation active du virus est la plus forte. L’incidence doit y dépasser les 250 cas pour 100 000 habitants, et les 100 cas pour 100 000 personnes âgées. La part des patients en service de réanimation doit aussi dépasser les 30%.
Dans la métropole lyonnaise, le taux d’incidence s’élève à 245 cas pour 100 000 habitants. Et surtout de 146 cas pour 100 000 habitants de plus de 65 ans. Quant au taux de patients Covid-19 en services de réanimation, il s’établit désormais à 31%. “L’ensemble de tout cela nous donne un signal qui n’est pas bon pour la prise en charge des patients”, justifie le virologue lyonnais Bruno Lina, qui avait pourtant évoqué une situation de “plateau” ces derniers jours. “Il y a parfois besoin d’un petit traitement de choc pour casser une dynamique et retrouver de la maîtrise”, a précisé le membre du conseil scientifique.
Une analyse confirmée par les derniers chiffres fournis par Santé Publique France. L’organisme d’Etat a annoncé le décès de 5 nouveaux patients au cours des 24 dernières heures dans les hôpitaux du Rhône. Au total, ce sont 753 personnes qui ont succombé au virus depuis le début de la pandémie dans le département. Par ailleurs, on note 45 nouvelles hospitalisations en 24 heures, dont 9 dans les services de réanimation, sur le département.
Bruno Lina annonce “un pic vers la fin de l’automne”
C’est pour cette raison que le ministre de la Santé a lancé un nouvelle appel “à la responsabilisation” de la population. “Quand on fait des efforts dans le métro ou au travail, il est dommage de les relâcher à la maison”. Les admissions en hôpital révèlent en effet une recrudescence coupable des cas de contamination en milieu familial.
Ces efforts devront être soutenus durant plusieurs mois encore. “On est sur une circulation qui va durer plusieurs mois, avec un pic vers la fin de l’automne et le début de l’hiver“, prévient Bruno Lina. La Région Auvergne-Rhône-Alpes, où Clermont-Ferrand vient aussi de basculer en zone d’alerte renforcée, va devoir s’armer de patience.
À SAVOIR
La situation française n’est pas une exception européenne. Plusieurs pays ont pris de nouvelles mesures pour tenter de contrecarrer la deuxième vague de l’épidémie de Covid-19. En Belgique, la capitale Bruxelles a fermé ses bars et cafés jusqu’au 8 novembre. L’Italie a décidé le port du masque obligatoire en extérieur. C’est également le cas en Pologne dans les lieux publics. En Espagne, la recrudescence des cas (5000 lors des dernières 24 heures) a poussé le gouvernement à imposer un reconfinement partiel de Madrid… Décision rejetée il y a quelques heures par un tribunal madrilène.