Une femme souffrant des symptômes du covid long avec un thermomètre dans la bouche et la main sur le front.
6 femmes sur 10 atteintes déclarent que leur qualité de vie a été fortement impactée.© Adobe Stock

Fatigue, essoufflement, troubles cognitifs… Le Covid long affecte des millions de personnes, mais les femmes seraient particulièrement vulnérables. Selon Santé Publique France, 10,2 % des femmes ayant contracté le Covid signalent en effet des symptômes prolongés, contre 5,3 % des hommes. Quels sont les facteurs en cause ? On fait le point, à l’heure où les associations de défense des malades continuent de militer pour le déploiement du plan d’action national sur le Covid Long, publié en… 2021.

C’est un fait établi depuis les mois qui ont suivi le début de la pandémie : l’infection par le Covid-19 ne s’arrête pas toujours après quelques jours. Pour près de 2 millions de Français, la maladie s’éternise, laissant place à des symptômes persistants parfois invalidants. Ce phénomène, appelé Covid long, touche principalement les femmes. Selon Santé publique France, elles sont deux fois plus nombreuses que les hommes à en souffrir.

Mais pourquoi cette inégalité ? Alors que les associations continuent de plaider la cause de malades en manque de reconnaissance, les chercheurs se penchent sur plusieurs pistes, allant des différences hormonales aux mécanismes immunitaires, en passant par les impacts sociaux et professionnels. 

Le Covid long, ou syndrome post-Covid, se manifeste par des symptômes qui persistent au-delà de 4 semaines après l’infection initiale. Parfois, ces symptômes durent des mois, voire des années. Les principaux signes rapportés sont :

D’après l’Organisation mondiale de la santé (OMS), environ 10 à 20 % des personnes ayant eu le Covid développent un Covid long. Et dans cette population, les femmes sont surreprésentées.

Très vite après le début de la pandémie, des groupes de malades se sont constitués sur les réseaux sociaux pour partager et crier leur désarroi. Plusieurs de ces groupes se sont aujourd’hui transformés en associations, qui militent pour la reconnaissance officielle de la maladie.

C’est le cas d’#AprèsJ20 – Association Covid Long France, qui a relayé l’envoi collectif d’une lettre ouverte au ministre de la Santé et de l’Accès aux Soins, Yannick Neuder. Ces sept associations dénoncent “le décalage manifeste entre la reconnaissance institutionnelle d’une part, et sa traduction au plus près des malades d’autre part”. Selon elles, “la non-application des préconisations ministérielles et sanitaires est délétère pour les enfants et les adultes qui subissent cette maladie chronique multisystémique. Empêchés dans leur scolarité ou dans leur vie professionnelle et sociale, ils sont également confrontés à des décisions médicales ou administratives inéquitables”.

Face à ce constat, ce collectif d’associations demande à une action “coordonnée afin de répondre enfin à cette urgence de santé publique avec la mise à et mise en œuvre du plan d’action national sur le Covid Long publié en 2021”.

Une réponse immunitaire plus forte, mais plus sensible

Le système immunitaire féminin est naturellement plus réactif que celui des hommes. Cela signifie qu’il combat mieux les infections… mais parfois trop bien. Cette hyper-réactivité est en grande partie due aux hormones féminines, comme les œstrogènes, qui stimulent la production d’anticorps et de molécules pro-inflammatoires. Si cette réponse immunitaire protège efficacement contre les infections, elle peut aussi entraîner une inflammation prolongée, contribuant à l’apparition de symptômes persistants du Covid long.

Aussi, à certaines périodes de la vie, comme à l’approche de la ménopause, la baisse hormonale pourrait accentuer la sensibilité au Covid long. D’ailleurs, la tranche d’âge la plus touchée est celle des 40-55 ans, souvent en pleine activité professionnelle, selon Santé Publique France. 

De plus, la présence de deux chromosomes X, qui portent des gènes impliqués dans l’immunité, amplifie cette réponse. Ainsi, cette efficacité immunitaire peut se retourner contre les femmes et les rendre plus vulnérables aux complications post-infectieuses.

Des maladies chroniques plus fréquentes

Les femmes sont plus sujettes aux maladies auto-immunes, comme la thyroïdite de Hashimoto, le lupus ou la fibromyalgie. Ces affections résultent d’un dérèglement du système immunitaire, qui attaque les propres cellules de l’organisme, entraînant des symptômes persistants tels que la fatigue chronique, les douleurs musculaires et articulaires, ou encore des troubles cognitifs.

Selon l’Inserm, près de 80 % des personnes atteintes de maladies auto-immunes sont des femmes. Toujours en raison de facteurs hormonaux et génétiques qui influencent la réponse immunitaire.

Un impact social et professionnel plus marqué

Les femmes sont souvent en première ligne dans la gestion du quotidien, entre responsabilités professionnelles et charges domestiques. Elles assument en moyenne 72 % des tâches domestiques, selon l’Insee, ce qui les expose davantage à la fatigue physique et mentale. Cette charge mentale constante peut aggraver les symptômes du Covid long, notamment la fatigue chronique et les troubles du sommeil.

Selon une étude de l’Assurance Maladie, 65 % des arrêts de travail prolongés liés au Covid long concernent des femmes. En cause, la difficulté à concilier travail et gestion familiale dans un contexte où le Covid long impose des limitations physiques importantes, comme l’essoufflement ou l’incapacité à maintenir un rythme soutenu.

De plus, dans des secteurs majoritairement féminins, comme la santé, l’éducation ou le commerce, les femmes sont davantage exposées au virus et à des conditions de travail stressantes, augmentant le risque de développer des formes longues de la maladie.

Il n’existe pas encore de traitement spécifique pour le Covid long, mais plusieurs approches permettent d’atténuer les symptômes et d’améliorer la qualité de vie.

  • Un accompagnement par un médecin généraliste et des spécialistes (pneumologue, neurologue, rhumatologue).
  • L’activité physique doit être reprise progressivement sous surveillance médicale pour éviter la fatigue excessive. La kinésithérapie respiratoire est souvent recommandée.
  • Le Covid long peut être épuisant mentalement. Se faire accompagner par un psychologue ou intégrer des groupes de soutien aide à mieux vivre avec les symptômes.
  • Adopter une alimentation équilibrée, favoriser un bon sommeil et gérer son stress par des techniques comme la méditation ou le yoga peuvent faire une grande différence.

La recherche avance à grands pas. De nombreux programmes d’étude sont en cours pour mieux comprendre les mécanismes du Covid long et proposer des solutions adaptées. En France, plusieurs centres spécialisés ont été mis en place pour accompagner les patients dans leur parcours de soins.

Si vous pensez être concerné par le Covid long, n’hésitez pas à en parler à votre médecin. Des ressources existent pour vous aider à mieux gérer les symptômes et améliorer votre quotidien.

À SAVOIR

Selon une première étude menée par Santé publique France en mars 2022, le Covid long aurait touché environ 4 % des adultes de la population française.

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Marie Briel
Journaliste Ma Santé. Après un début de carrière en communication, Marie s’est tournée vers sa véritable voie, le journalisme. Au sein du groupe Ma Santé, elle se spécialise dans le domaine de l'information médicale pour rendre le jargon de la santé (parfois complexe) accessible à tous.

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