Plus de 6500 patients hospitalisés pour Covid-19 dans les hôpitaux d’Auvergne-Rhône-Alpes… Alors que le pic de la seconde vague n’est pas encore atteint, les pires chiffres de la première ont déjà doublé (3055 en avril dernier). Les lits de réanimation continuent également à se remplir : plus de 800 personnes sont aujourd’hui dans un état critique. De la Savoie à l’Isère, en passant par le Rhône et la Loire, le point sur la situation par département dans la région.
Courir entre les services, dépister, se hâter pour ouvrir de nouveaux lits et des patients de Covid-19 qui arrivent par poignées… Le branle-bas de combat des soignants est devenu quotidien dans les hôpitaux de la région Auvergne-Rhône-Alpes, où la situation ne cesse de s’aggraver. 6580 personnes atteintes de Covid-19 y sont actuellement prises en charge, dont 809 en réanimation. Soit le double des patients hospitalisés dans la région lors du pic de la première vague, au printemps dernier (3055 au total).
La région est devenue l’“épicentre de cette deuxième vague épidémique en France“, selon Santé Publique France. La situation de ce lundi 9 novembre en détail, par département.
Un taux d’incidence régional proche de 900 / 100 000 habitants
Ces dernières 24 heures (de dimanche à lundi 8 novembre), on enregistre plus de 443 admissions en médecine conventionnelle contre 74 en réanimation dans la région. Le taux d’incidence auverhonalpin a désormais atteint les 899 cas pour 100 000 habitants tandis que la moyenne nationale reste de 451/100 000. L’heure est grave : le taux de positivité des dépistages au Covid-19 s’élève également à 29,2 %. Soit près de trois personnes sur dix positives : le pourcentage le plus élevé de France.
Et les patients sont nombreux à succomber à cette maladie. “Toutes les sources de données utilisées pour le suivi des décès indiquent une forte progression
de la mortalité liée au COVID-19” dans la région, commente ainsi Santé Publique France. En effet, les chiffres sont alarmants. En 24 heures, 69 nouvelles victimes de la Covid-19 sont à déplorer. Au total depuis le début de l’épidémie, le coronavirus a tué 3354 personnes dans les hôpitaux d’Auvergne-Rhône-Alpes. Un terrible record national auquel s’ajoutent plus de 1862 décès dans les établissements ou service social ou médico-social (ESMS) régionaux.
Covid-19 : multiplication des transferts de patients vers les zones moins touchées
En plus de la charge de travail qui pèse sur les soignants, la charge mentale de devoir choisir entre les patients se profile. En effet, les places commencent à se faire rares au niveau des lits de réanimation. Le risque de devoir commencer, comme au printemps dernier, à “faire le tri” parmi les cas les plus graves est bien présent.
Pour le moment, la solution reste toutefois le transfert des patients. Déjà “43 évacuations sanitaires” ont été réalisées dans la région Auvergn-Rhône-Alpes, selon Olivier Véran, Ministre de la Santé. Une mesure prise par anticipation : “pour libérer des places en réanimation et prévenir toute tension et saturation des établissements. Au regard, d’une part de la situation observée quotidiennement à travers les indicateurs et notamment le taux d’occupation des lits de réanimation dans les établissements de santé et d’autre part sur la base des projections sur l’évolution et la dynamique de l’épidémie dans la région“, explique l’ARS.
En parallèle, il faut continuer à traiter les patients atteints de pathologies graves et potentiellement mortelles. Au total ce lundi 9 novembre, plus de mille personnes occupent les lits des services de réanimation en Auvergne-Rhône-Alpes. Près de 80% d’entre eux sont des patients atteints de la Covid-19.
La Loire, département le plus contaminé de France
Avec un taux d’incidence qui dépasse désormais les 1900 cas pour 100 000 habitants, la Loire maintient sa sombre première place des territoires les plus touchés du pays par le Covid-19. Dans la Métropole de Saint-Etienne, où une baisse du taux d’incidence avait pourtant été enregistrée il y a quelques jours, les hospitalisations continuent également d’augmenter. Elle reste la ville la plus durement affectée de France par l’épidémie de coronavirus.
“Le pic épidémique de cette seconde vague ne semble pas encore dépassé”, alerte Michaël Battesti, secrétaire général du CHU de Saint-Etienne. “Nous sommes sans arrêt en train d’ouvrir des lits supplémentaires de réanimation.”
Plus de 1133 cas/100 000 habitants en Haute-Loire
La situation est loin d’être encourageante dans le département voisin, qui affiche un taux d’incidence de plus de 1133,7 cas positifs de la Covid-19 pour 100 000 habitants. L’épidémie s’est en effet rapidement accélérée sur le territoire. Ce 8 novembre, 217 personnes souffrantes de la maladie étaient prises en charge dans les hôpitaux du département. Ils n’étaient que 10, un mois auparavant.
Le nombre d’hospitalisations actuel est par ailleurs près de cinq fois plus élevé que lors de la première vague, en Haute-Loire. Dans ce même département où le premier décès lié au Covid-19 avait été enregistré fin mars, 51 autres victimes ont été, à ce jour, recensées.
Hausse brutale des indicateurs de Covid-19 en Haute-Savoie
Jusqu’alors presque épargnée par la seconde vague, la Haute-Savoie a vu l’épidémie se propager à une vitesse folle sur son territoire depuis le mois d’octobre. Avec un taux d’incidence de 1101,6/ 100 000 habitants, le département fait désormais partie du trio le plus touché de France. Il endosse également la triste étiquette de la plus forte progression épidémique de la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Le nombre d’hospitalisations liées à la Covid-19 a en effet brusquement augmenté passant de 23, le 4 octobre à près de 400 un mois plus tard. Face à cet “accroissement exponentiel des contaminations”, les professionnels de santé Hauts-Savoyards appellent “les habitants à poursuivre leurs efforts en respectant rigoureusement les règles du confinement ainsi que les gestes barrières”.
Savoie : taux d’incidence hebdomadaire le plus élevé de France ces derniers jours
Cet emballement de la situation épidémique est également ressenti en Savoie. Le taux d’incidence enregistré sur la semaine précédente est le plus élevé de France. Dans la semaine du 29 octobre au 4 novembre dernier, le nombre de nouveaux cas positifs en une semaine a en effet atteint 1 156 pour 100 000 habitants. Selon les derniers chiffres de Santé Publique France, près de 400 malades de la Covid-19 sont actuellement hospitalisés dont une quarantaine en réanimation. Des chiffres encore jamais atteints depuis le début de la crise sanitaire.
À ce jour, le nombre de cas positifs à la Covid-19 est de 1063,3/100 000 habitants dans le département. Un des taux les plus élevés de la région et du pays. À titre de comparaison, la Drôme atteint un taux d’incidence de 724,5/100 000 habitants, presqu’autant que le territoire ardéchois (746,1/ 100 000 habitants). Dans l’Allier, ce chiffre augmente pour atteindre 608,2/ 100 000 contre 549/100 000 dans le département voisin, au Puy de Dôme et 517,3/100 000 en Lozère.
Généralisation du port du masque à Lyon et dans le département du Rhône
Les hôpitaux rhodaniens peinent quant à eux à gérer les dizaines de patients qui abondent chaque jour dans les services. Ce dimanche 8 novembre, 50 nouveaux malades de la Covid-19 ont été admis à l’hôpital. Ils sont actuellement 1815 sur l’ensemble du département. Un chiffre qui devrait augmenter ces prochains jours puisque le taux d’incidence sur le territoire est de 907 cas pour 100 000 habitants, juste derrière l’Ain qui enregistre 952,9 cas/100 000.
Alors que le taux d’occupation des lits de réanimation dépasse désormais les 140% dans le Rhône, les transferts de patients vers d’autres régions moins saturées se multiplient. Le département réalise en effet le plus grand nombre de transferts de la région. Selon Santé Publique France, plus de 200 personnes devraient ainsi être déplacées dans d’autres hôpitaux de France. Cette demande de renfort fait écho aux nombreuses victimes recensées chaque jour. Ce seul dimanche, la Covid-19 a fait 13 victimes dans le département rhodanien. Une situation en perpétuelle aggravation puisque le Rhône dénombre le plus grand nombre de clusters actifs de la région (76).
Dans la Métropole, les Hospices Civils de Lyon (HCL) exposent quant à eux un état des lieux des plus critiques. Sur l’ensemble du territoire lyonnais, 92% des lits ne sont plus disponibles. En services de réanimation, 60% des places sont prises par des patients de la Covid-19.
Pour éviter l’hécatombe, la Préfecture décide de réagir. Pascal Mailhos, préfet de la région Auvergne-Rhône-Alpes rend le port du masque obligatoire sur l’ensemble du département du Rhône et donc de la Métropole lyonnaise. Une mesure en vigueur tous les jours de la semaine, de 6h à 2h, dès ce dimanche 8 décembre.
L’Isère ébranlée par la situation épidémique à Grenoble
Dans le département isérois, les constats se rapprochent dangereusement de ceux du Rhône. Avec 902,7 cas de Covid-19 pour 100 000 habitants, 5% de la population iséroise est ainsi positive. Un taux d’incidence presque similaire à Grenoble. Le maire de la ville, Éric Piolle, accuse un manque de rapidité des mesures gouvernementale sur le plateau d’Europe 1. “Nous avions été épargnés à Grenoble, durant la première vague. Il y a eu moins de morts que la moyenne des cinq dernières années. Là, les chiffres ont explosé… Je suis partisan de mesures strictes. Il faut agir vite”, vitupérait le maire grenoblois.
Pour le moment, il est encore trop tôt pour mesurer l’efficacité des mesures de confinement prises le week-end dernier. Celles-ci pourraient toutefois être renforcées dans les prochains jours en fonction de l’évolution de la crise sanitaire.
À SAVOIR
Avec ”seulement” 336,7 cas pour 100 000 habitants, le Cantal est le seul département de la région Auvergne-Rhône-Alpes a enregistrer un taux d’incidence en dessous de la moyenne nationale (451/100 000 habitants).