Saint Etienne ville record pour l'épidémie de coronavirus en France
La ville de Saint-Étienne, pour des raisons obscures, est la plus durement touchée par l'épidémie de coronavirus en France : 600 personnes sont actuellement hospitalisées dans les hôpitaux de la Loire, contre 450 au plus fort de la première vague. ©Ville de Saint-Étienne

Le nombre d’hospitalisations explose dans la Loire. La ville de Saint-Étienne détient notamment depuis plusieurs jours déjà le taux d’incidence le plus élevé du pays avec 1100 cas pour 100 000 habitants. Ce triste record, qui devrait durer tant les perspectives s’avèrent inquiétantes, reste énigmatique. Même si l’âge avancé de sa population, comme sa précarité et sa fragilité, semblent pointés du doigt. En attendant, les hôpitaux font face. Pour l’instant.

Sur le front du coronavirus, la métropole de Saint-Etienne bat depuis plusieurs jours un triste record. Celui du taux d’incidence le plus élevé du pays, qui culmine ce mercredi à 1100 cas pour 100 000 habitants ! Un chiffre effarant confirmé dans un communiqué commun le CHU de Saint-Étienne et les établissements de santé publics et privés de la Loire et du Nord-Ardèche. “Saint-Étienne est la métropole la plus durement touchée en France”.

Une flambée vertigineuse des contaminations

La situation sanitaire se dégrade plus vite dans la Loire et son chef-lieu que dans les autres départements d’Auvergne-Rhône-Alpes, pourtant en première ligne de l’épidémie. Au 23 octobre, le taux d’incidence était déjà, selon Santé Publique France, de 846/100 000 habitants pour la métropole de Saint-Étienne, et de 727/100 000 habitants dans la Loire. Soit bien plus que dans le Rhône et à Lyon (616 et 646/100 000 hab), ou encore qu’en Isère et à Grenoble (474 et 555/100 000 hab).

Résultat, le nombre d’hospitalisations s’emballe, du fait de la multiplication des cas. “Près de 4400 personnes ont été contaminées au cours des 7 derniers jours à Saint-Étienne Métropole. Le taux de positivité est dorénavant supérieur, dans la région, à 25%, et à près de 35% à Saint-Étienne”, précisent les établissements de santé du territoire Loire-Nord-Ardèche.

Coronavirus à Saint-Étienne : des raisons démographiques ?

Le constat est implacable. L’explication un peu moins. Elle relève très certainement d’une conjonction de facteurs, mais conserve une grande part d’inconnu. Au coeur d’une région Auvergne-Rhône-Alpes où la circulation du virus est déjà très active, Saint-Étienne semble d’abord payer le prix d’une population très âgée. “Dans ce département, la pyramide des âges et le taux d’équipement en structures Ehpad est plus élevé“, note ainsi Serge Morais, le directeur général adjoint de l’ARS. “On y retrouve aussi une forte densité de population, des familles nombreuses et des logements plus exigus. Il y a aussi une plus forte interaction sociale, notamment chez les 15/25 ans“. L’irrespect des gestes barrières et des comportements à risque, à l’image de la fête étudiante ayant réuni 150 personnes dans un petit appartement début octobre, peut ainsi être pointé du doigt.

Selon Régis Juanico, député de la Loire, “les très mauvais chiffres pour la Loire peuvent en partie s’expliquer par la part significative de notre population en situation de précarité et de pauvreté. Et la proportion plus importante qu’ailleurs de personnes âgées et à risques.

Mais ces explications ont leurs limites, comme l’illustrait le maire stéphanois, Gaël Perdiau, sur France Info : “J’ai travaillé avec les chefs de service du CHU cette semaine encore. Eux-mêmes ne sont pas capables de donner des explications scientifiques, médicales, techniques. Je rappelle qu’en juillet, août et septembre, la carte du département était entièrement verte. Il n’y avait plus de cas de Covid. Et puis, on les a vus réapparaître avec la rentrée. Il n’y a pas d’explication aujourd’hui connue”.

Coronavirus à Saint-Étienne: les hôpitaux bientôt débordés ?

Sous haute tension, les hôpitaux font désormais face à une situation pire que celle du printemps. “L’épidémie a depuis quelques jours dépassé l’intensité de la première vague de mars-avril dernier. Près de 600 patients, dont plus de 70 en réanimation, sont actuellement hospitalisés dans les établissements de santé du territoire. Au plus fort de la première vague, ils étaient 450 patients”. Et la tendance ne semble pas prête à s’inverser : “Les projections réalisées pour les semaines à venir montrent une poursuite de la hausse de ces hospitalisations, au moins pour les deux prochaines semaines, soit dans un délai d’environ 10 jours après la contamination”.

La capacité d’accueil en lits de médecine devrait passer de 550 à 700 dans les prochains jours. 15 lits supplémentaires vont aussi ouvrir en réa, services actuellement dotés de 183 lits. Les déprogrammations des activités chirurgicales non urgentes s’intensifient. De même que le transfert de patients Covid-19 vers des zones moins touchées. “L’enjeu est d’anticiper en permanence et d’adapter en conséquence l’offre de soins. Il faut assurer une réponse tant aux patients COVID qu’aux patients venant en urgence pour d’autres prises en charge. Tous les établissements sont extrêmement mobilisés pour faire face à cette situation sanitaire”, insiste le collectif stéphanois.

Malgré toute leur bonne volonté, les acteurs du système de soins ligérien seront-ils en mesure de supporter cette dégradation stratosphérique ? Les effets du reconfinement annoncé ce mercredi soir par Emmanuel Macron devraient apporter leur lot de réponses.

À SAVOIR

À défaut de vaccin certifié, la prévention reste pour le moment le premier moyen de lutte contre le Covid-19. l’application mobile “TousAntiCovid” (anciennement “Stop Covid”) Peut permettre de casser les chaînes de contamination. Téléchargeable sur les smartphones, l’application permet d’alerter les cas contacts des personnes testées positives au Covid-19.

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Journaliste expert santé / Rédacteur en chef adjoint du Groupe Ma Santé. Journaliste depuis 25 ans, Philippe Frieh a évolué dans la presse quotidienne régionale avant de rejoindre la presse magazine pour mettre son savoir-faire éditorial au service de l'un de ses domaines de prédilection, la santé, forme et bien-être. Très attaché à la rigueur éditoriale, à la pertinence de l'investigation et au respect de la langue française, il façonne des écrits aux vertus résolument préventives et pédagogiques, accessibles à tous les lecteurs.

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