Alors que le spectre du reconfinement plane sur Auvergne-Rhône-Alpes, le nombre d’hospitalisations pour Covid-19 fait froid dans le dos. De Lyon à Saint-Etienne, en passant par Grenoble et Clermont-Ferrand, 3691 victimes du coronavirus sont actuellement prises en charge dans les établissements hospitaliers. Des chiffres qui dépassent désormais ceux atteints lors du pic de la première vague. Dans le même temps, les lits des hôpitaux se remplissent à une vitesse affolante. Le point avant l’allocution du chef de l’Etat, demain soir.
La deuxième vague de coronavirus déferle sur Auvergne-Rhône-Alpes. Toujours plus violente. Actuellement, 3691 patients sont hospitalisés pour Covid-19 dans la région. Soit un bond de plus de 90% en une seule semaine ! Alors que nous ne sommes qu’au début de la seconde vague, les pires chiffres atteints lors de la première sont déjà dépassés. En effet, au plus fort de l’épidémie au printemps dernier, les hôpitaux de la région comptaient 3055 prises en charge pour coronavirus.
Dans ce contexte actuel de crise, les services hospitaliers peinent à tenir le rythme. Le point sur la situation dans la région ce mardi 27 octobre.
Un bilan épidémiologique affolant dans la région
Certains chiffres n’avaient encore jamais été atteints. À quelques kilomètres de Saint-Etienne, la commune du Chambon-Feugerolles, dans la Loire, affiche un taux de positivité qui frôle désormais les 1400 pour 100 000 habitants. Un inquiétant record national pour cette petite ville de 12 600 habitants.
Le taux d’incidence de la Métropole de Saint-Etienne, le plus élevé des villes de France, dépasse quant à lui les 845/ 100 000 habitants. Il est de 676/100 000 sur l’ensemble du département de la Loire.
Dans les autres départements d’Auvergne-Rhône-Alpes, la situation n’est guère plus réjouissante. En Isère, le taux d’incidence est de 444 pour 100 000 habitants contre 408 en Haute-Loire.
La deuxième vague de coronavirus n’épargne pas le Rhône. Dans ce département, le taux de positivité atteint même 568/100 000 habitants. Le Rhône accueille à lui seul plus de 30% des malades Covid hospitalisés. Plus de 1045 personnes y sont actuellement prises en charge. Dont 165 en services de soins intensifs et de réanimation.
Les services de réanimation dépassés
Sur l’ensemble de la région Auvergne-Rhône-Alpes, 427 patients occupent les lits de “réa”. Soit un pourcentage alarmant de 55% des lits disponibles dans ces services. La situation, déjà très préoccupante, est en passe d’empirer ces prochaines semaines. “La situation va encore s’aggraver dans les 8 à 15 prochains jours compte tenu du laps de temps entre l’apparition des premiers symptômes et le développement de cas graves”, rappelle le Dr Jean-Yves Grall, directeur de l’Agence régionale de Santé de la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Surchargés, les HCL adoptent de nouvelles mesures
Autre chiffre significatif de cette terrible deuxième vague de coronavirus, 16,5% des hospitalisés Covid d’Auvergne-Rhône-Alpes sont pris en charge au sein des Hospices Civils de Lyon. Au sein de ces établissements, 554 personnes sont actuellement soignées pour le coronavirus. Soit plus de 200 patients de plus qu’il y a 6 jours (voir la courbe ci-dessous).
L’augmentation du nombre d’hospitalisations est en corrélation avec la hausse des admissions en services de réanimation. Les 200 lits ouverts en soins intensifs par les HCL sont déjà occupés à 89,5%. Plus de 60% par les patients du Covid-19.
Des chiffres qui poussent les HCL à “franchir une nouvelle étape dans la déprogrammation des interventions”. Cette déprogrammation des interventions non urgentes “s’étend dorénavant à l’ensemble des activités programmées et inclut la chirurgie ambulatoire et l’activité de médecine en hospitalisation complète“.
Toutes les mesures pour libérer les précieuses places sont bonnes à prendre. Tandis que les visites ont été interdites dans la plupart des services, les transferts de patients vers d’autres départements se multiplient.
Au sein des quatorze établissements des Hospices Civils de Lyon, le taux de positivité au Covid-19 (patients et personnels confondus) atteint quant à lui près de 21% sur les 17 355 personnes testées.
2355 décès liés au Covid-19 depuis le début de la crise
Autre constat alarmant, sur l’ensemble du territoire auverhônalpin, le nombre de décès liés au coronavirus s’envole. On compte aujourd’hui 2355 victimes de la maladie depuis le début de l’épidémie.
Santé Publique France note surtout une hausse de la mortalité chez les personnes âgées de 65 ans et plus. Premières victimes du Covid-19. Le nombre de cas graves chez cette population accélère en effet plus rapidement que pour le reste de la population notamment dans les Ehpad.
Un taux de mortalité en hausse depuis la seconde vague
Ces dernières semaines, ces tendances se confirment. Ainsi, la courbe de la mortalité est brusquement remontée depuis la mi-septembre. Soit le début de la seconde vague. “Des excès de mortalité toutes causes modérés sont observés depuis la semaine 38 à l’échelle de la région, du Rhône et de la Loire selon les semaines”, constate Santé Publique France pour la mi-septembre.
Vers un reconfinement localisé… ou national ?
Les médecins de la région jugent les mesures actuelles insuffisantes. Dans un communiqué, l’URPS des médecins libéraux d’Auvergne-Rhône-Alpes estime que la “situation est trop grave” . Pour eux, “le temps n’est plus aux demi-mesures“. Face à une crise sanitaire inédite et une hausse affolante du nombre de cas, ils demandent “un élargissement immédiat des horaires du couvre-feu à partir de 19 heures en semaine et à un confinement les samedis et dimanches“.
Dans les prochains jours, les autorités de santé pourront ainsi décider d’adopter ces nouvelles mesures sanitaires. L’optique d’un reconfinement localisé se profile.
Un premier conseil de Défense s’est réuni hier à l’Elysée. Objectif : évoquer les différentes pistes possibles pour endiguer cette deuxième vague épidémique. Une autre réunion interministérielle doit se tenir ce jour pour acter de nouvelles mesures restrictives.
Le président Macron devrait s’adresser ce soir à 20h aux Français. Il est de plus en plus question d’un couvre-feu avancé à 19 heures dans les zones les plus à risques. Mais surtout, d’un reconfinement les week-end. Des décisions fortes qui pourraient être accompagnées d’une généralisation du télétravail, voire de la fermeture de tous les commerces « non essentiels ». Verdict du chef de l’Etat dans les prochaines heures…
A SAVOIR
À défaut de vaccin certifié, la prévention reste pour le moment le premier moyen de lutte contre le Covid-19. l’application mobile “TousAntiCovid” (anciennement “Stop Covid”) Peut permettre de casser les chaînes de contamination. Téléchargeable sur les smartphones, l’application permet d’alerter les cas contacts des personnes testées positives au Covid-19.