Avant de devoir gérer un possible reconfinement, l’Agence Régional de Santé Auvergne-Rhône-Alpes cherche à s’adapter à la poussée épidémique. Pour éviter une saturation des hôpitaux de la région, un balai aérien se met en place. Mission : des transferts de patients Covid dans d’autres régions françaises, dont la Nouvelle-Aquitaine et les Pays de la Loire.
Les jours passent et l‘épidémie de coronavirus poursuit son inexorable progression en Auvergne-Rhône-Alpes. Selon les derniers chiffres fournis ce jour par le docteur Jean-Yves Grall, directeur général de l’Agence Régionale de Santé, le taux d’incidence est désormais de 605 cas/100 000 habitants. Il n’était que de 450 cas/100 000 habitants il y a tout juste une semaine ! Quant au taux de positivité, il dépasse désormais 24% sur les 220 000 tests effectués dans la semaine.
Conséquence, le nombre d’hospitalisations est en constante augmentation dans la région. Ils sont aujourd’hui 3 357 pris en charge pour Covid en Auvergne-Rhône-Alpes. Dont 427 patients en réanimation…. contre seulement 143 le 1er octobre.
Augmentation progressive des lits de réanimation… et des malades Covid
Des chiffre toujours plus alarmants qui exigent des adaptations au jour le jour. Priorité pour les autorités de santé : éviter à tout prix une saturation des services hospitaliers. Le nombre de lits en réanimation est passé de 550 à 772. Il devrait être rapidement porté à 850, puis à 1 200 lits en soins intensifs à moyen terme. “Pour l’instant, le taux d’occupation en réanimation varie entre 90 et 95%, dont 55% de patients Covid. Grâce à la gestion dynamique de la crise, les capacités hospitalières sont encore suffisantes. Mais si la situation s’aggrave, il faudra envisager des dispositifs complémentaires“, explique le docteur Grall.
En attendant, la stratégie de l’ARS est donc de s’adapter au gré de la courbe épidémique et des poussées d’hospitalisations. Une problématique particulièrement aigüe dans la Loire et dans le Rhône. Les deux départements les plus impactés par la deuxième vague.
Des transferts par avion de patients Covid intubés
Pour réduire un peu la pression hospitalière dans certains établissements, des victimes du coronavirus ont été déplacées vers des départements de la région moins encombrés. Pour parer au plus pressé, treize patients Covid ont aussi été transférés depuis la semaine dernière vers des établissements de Nouvelle-Aquitaine. Hier, ce sont deux autres malades qui se sont envolés depuis l’aéroport de Lyon-Bron. Direction, le CHU de Poitiers.
Dans les prochains jours, une douzaine d’autres malades prendront la direction des Pays de la Loire. “Outre le transfert intra régional de patients Covid vers d’autres départements d’Auvergne-Rhône-Alpes moins touchés, nous transférons des malades intubés et ventilés dans d’autres régions. Ces transferts se font après concertation entre les réanimateurs des deux régions concernées et le consentement de la famille. Les rotations permettent de transférer deux patients par avion“, explique Marie Lassaigne, référente régionale urgence à l’ARS.
Le reconfinement, une alternative de plus en plus crédible
Anticiper, telle est donc le leitmotiv du directeur général de l’ARS et de ses équipes, contraint à un délicat pilotage quotidien. En espérant que les mesures prises la semaine dernière (dont le couvre-feu à 21 heures) inverseront la courbe épidémique. Rien n’est moins sûr. Au contraire, les derniers chiffres laissent plutôt entrevoir un nouveau tour de vis gouvernemental en fin de semaine.
Va-t-on vers un couvre-feu avancé à 19 heures et un reconfinement local tous les week-end ? Solution préconisée par les médecins libéraux d”Auvergne-Rhône-Alpes. “Certains estiment qu’il faut aller plus vite. L’appel des médecins est une forme de durcissement du confinement actuel. Des mesures sont en préparation dans les jours à les semaines à venir“, s’est contenté de répondre le docteur Jean-Yves Grall. Des propos qui laissent peu d’espoirs aux partisans d’une ligne douce….
À SAVOIR
Durant la première vague, l’Auvergne avait été relativement épargnée par l’épidémie. Cela avait permis aux établissements de Rhône-Alpes d’effectuer des transferts vers le Puy-de-Dôme et les départements voisins. Cette fois, la deuxième vague est beaucoup plus diffuse en AuRA. Conséquence, une inquiétante progression de l’épidémie dans la métropole de Clermont-Ferrand. Et, donc l’obligation pour l’ARS de se tourner vers des alternatives plus lointaines. Avec des transferts de patients Covid.