Jeux vidéos, ordinateurs ou télévision… Selon une étude de l’Education Nationale, depuis 2010, les troubles des enfants scolarisés de 2 à 11 ans ont progressé de 24 % pour les troubles intellectuels et cognitifs, de 54 % pour les troubles psychiques et de 94 % pour les troubles de la parole et du langage. Au banc des accusés, l’exposition excessive aux écrans. Quels sont les dangers ? Comment réagir ? Conseils d’experts !
A 8 ans, Franck est en surpoids. L’enfant préfère sa console, son écran, aux activités de plein air. « Il y a une étroite corrélation entre le temps passé devant les écrans et le risque d’obésité », explique le Dr Pascal Besse. Dans sa pratique, le pédiatre lyonnais observe régulièrement les effets néfastes de la surconsommation d’écrans sur le bien-être et la santé de ses petits patients, « plus exposés à l’hyperactivité, aux troubles du sommeil et aux difficultés d’apprentissage ».
Selon une étude de l’Education Nationale portant sur l’année 2018, les troubles intellectuels et cognitifs des enfants scolarisés âgés de 2 à 11 ans ont progressé de 24% depuis 2010, alors que les troubles psychiques ont augmenté dans le même temps de 54%. Quant aux troubles de la parole et du langage, ils ont explosé de 94% en moins d’une décennie. Au cœur du débat, une surexposition aux écrans devenue un fléau pour la jeunesse.
De fait, les écrans sont des perturbateurs du système de l’attention, confirme Sabine Duflo, à l’origine du Collectif Surexposition aux Écrans (COSE). La psychologue dénonce aussi les perturbations induites sur le système de l’attachement, les enfants préférant les écrans à l’échange avec autrui.
En moyenne, un collégien passe aujourd’hui 7h48 quotidiennement sur les écrans (1). Un chiffre suffisamment alarmant pour réagir et faire réagir. Car les écrans sont addictifs : limiter la frénésie de certains enfants exige donc de la fermeté. « Le sevrage se fait rarement avec le sourire », prévient Sabine Duflo. Il s’agit même d’un défi familial, pour le Dr Besse : « difficile de réguler ses enfants si on utilise les écrans pour les occuper ou si l’on a soi-même les yeux rivés sur son smartphone. »
1 – Passer un contrat avec l’enfant
« Avant 3 ans, les écrans sont préjudiciables, au-delà le temps d’écran doit être strictement encadré », explique le Dr Besse. On pourra passer un contrat avec l’enfant pour qu’il gère lui-même son temps d’écran. S’il ne parvient pas à s’autoréguler, un logiciel de contrôle permet de planifier des plages horaires et de limiter l’accès à certaines applications comme les jeux.
2 – Sanctuariser des plages sans écrans
Les écrans sont à bannir le matin avant l’école. « Ce sont des perturbateurs de l’attention qui vont freiner les apprentissages scolaires », selon Sabine Duflo. L’heure des repas est également un temps d’échange familial crucial pour l’enfant où les écrans n’ont pas lieu d’être. « Le soir, la lumière bleue émise par les écrans est néfaste : elle inhibe la mélatonine, l’hormone du sommeil ».
3 – Limiter le nombre d’écrans dans la maison
En plaçant l’ordinateur ou la tablette dans un lieu de passage, on peut surveiller l’activité de l’enfant et dialoguer avec lui. Mieux vaut opter pour une console de jeux familiale dans le salon que de laisser l’enfant à une pratique solitaire. Écrans et smartphones sont à éviter dans la chambre, leur usage empiétant sur le temps de sommeil. Désactiver le wifi le soir éloigne la tentation.
4 – Proposer des alternatives
Sport, jeux… Proposer des activités aux enfants reste le meilleur moyen de les éloigner des écrans. Reste que de nombreuses pratiques numériques sont enrichissantes. On peut dessiner, composer de la musique ou encore réaliser des films, l’essentiel étant d’éviter la consommation passive.
(1) Enquête Health Behaviour in School-Age Children conduite tous les quatre ans par l’Organisation Mondiale de la Santé
A SAVOIR
Le temps-écran est devenu une véritable valeur, quantifiée et utilisé par les pédiatres et autres experts infantiles pour leurs recommandations d’usage. Elle est établie en fonction de la durée, mais aussi des effets sur la santé et le bien-être, sur les limites à donner et la recherche de contenu optimal. C’est en effet la qualité du temps-écran qui est déterminante. La communauté scientifique, globalement, s’accorde sur une règle de modération de base: pas d’écran avant 3 ans, et deux heures par jour maximum après, quelque soit l’âge de l’enfant ou de l’adolescent.