Un enfant malade à cause de la rougeole.
Ce début d'épidémie de rougeole en France confirme que ce n'est pas une maladie réservée aux enfants. © Adobe Stock

Les cas de rougeole explosent en France depuis le début de l’année 2025, et l’épidémie ne ralentit pas, comme le confirme Santé Publique France dans son dernier rapport du 20 mars. Nourrissons, jeunes enfants, jeunes adultes : personne n’est épargné. Cette recrudescence inquiète les autorités sanitaires, qui appellent à renforcer la vaccination. On fait le point.

Depuis le 1er janvier 2025, 180 cas de rougeole ont été recensés dans l’Hexagone, contre seulement 83 cas sur la même période en 2024. Soit plus du double en un an. C’est ce que révélait le dernier bulletin national de Santé publique France, publié le 20 mars 2025.

Cette flambée, qui touche déjà 34 départements, suscite une vive inquiétude chez les professionnels de santé. D’autant plus que la rougeole, loin d’être une simple maladie infantile, peut entraîner des complications graves, voire mortelles. Alarmant, pour une maladie que l’on imaginait disparue, ou tout au moins parfaitement maîtrisée…

Qui est touché par l’épidémie de rougeole en France ?

Ce n’est pas que “la maladie des enfants”. En 2025, la rougeole frappe toutes les tranches d’âge, avec en tête :

  • Les enfants de 1 à 4 ans (21 % des cas),
  • Les nourrissons de moins d’un an (14 %),
  • Et les adultes de 30 à 39 ans (14 %).

L’âge moyen des malades est de 17 ans, et l’âge médian de 12 ans. En clair, près de la moitié des cas concernent des tout-petits ou des trentenaires, souvent insuffisamment protégés.

Les nourrissons, trop jeunes pour être vaccinés, sont les plus vulnérables, et ce sont eux qui finissent le plus souvent à l’hôpital.

Des hospitalisations en hausse

Sur les 180 cas signalés :

  • 82 personnes ont été hospitalisées, soit près d’1 sur 2,
  • Dont 6 ont dû être admises en réanimation,
  • Et 35 ont développé des complications, dont vingt pneumopathies et une encéphalite (une inflammation grave du cerveau).

Heureusement, aucun décès n’a été rapporté à ce jour. Mais ces chiffres suffisent à rappeler que la rougeole n’est pas une maladie bénigne, surtout quand elle touche les plus fragiles.

7 cas sur 10 chez des personnes non ou mal vaccinées

C’est un chiffre qui en dit long : 70,5 % des malades n’étaient pas du tout vaccinés ou n’avaient reçu qu’une seule dose de vaccin ROR (Rougeole–Oreillons–Rubéole).

Détail important :

  • 48,3 % non vaccinés du tout,
  • 22,2 % une seule dose,
  • Et seulement 10,5 % correctement vaccinés avec deux doses.

Alors, le vaccin protège, mais la couverture vaccinale reste insuffisante, en particulier chez les jeunes adultes nés après 1980.

Des cas importés, mais des contaminations locales

Parmi les 180 cas recensés, 36 sont des cas importés. Dont 22 cas revenaient du Maroc et les autres de Roumanie, Italie, Vietnam, Suisse, Philippines, Royaume-Uni. Mais ce sont ces cas importés qui ont lancé 11 chaînes de transmission locale, avec 27 nouveaux cas secondaires sur le territoire français.

La situation au Maroc est particulièrement préoccupante : depuis début 2025, 23 % des cas en France sont liés directement ou indirectement à cette épidémie qui sévit là-bas depuis fin 2023.

Une épidémie concentrée dans 5 département, dont l’Ain

Plus de la moitié des cas recensés viennent de 5 départements seulement :

  1. Nord : 55 cas
  2. Val-d’Oise : 15 cas
  3. Bouches-du-Rhône : 13 cas
  4. Ain : 9 cas
  5. Alpes-Maritimes : 9 cas

Aucun cas n’a été signalé dans les départements d’Outre-mer pour l’instant.

Des foyers épidémiques préoccupants

Depuis janvier, 30 foyers de rougeole ont été identifiés par les ARS (Agences Régionales de Santé), représentant 113 cas liés entre eux.

Les contextes de ces cas groupés :

  • Crèches (9 nourrissons touchés dans l’Ain).
  • Lycées (6 cas dans les Bouches-du-Rhône).
  • Hôpitaux (Nord et PACA).
  • Salon d’exposition.
  • Milieux familiaux.
  • Communautés Rom ou d’origine roumaine sédentarisées.

Fait encore plus alarmant : depuis le début de l’année 2025, 12 cas de rougeole ont déjà été signalés en Bourgogne-Franche-Comté, alors même que seulement 11 ont été rencensé sur l’ensemble de l’année 2024. Ce chiffre illustre clairement la reprise active de la circulation du virus, d’autant que le printemps est une saison favorable à sa diffusion.

À SAVOIR 

Le Centre National de Référence de la Rougeole a analysé plusieurs prélèvements en janvier 2025. Résultat : deux génotypes du virus circulent actuellement : le D8 (47 %) et le B3 (47 %), en particulier chez les cas liés au Maroc. Une diversité génétique qui confirme une circulation virale active sur le territoire.

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Marie Briel
Journaliste Ma Santé. Après un début de carrière en communication, Marie s’est tournée vers sa véritable voie, le journalisme. Au sein du groupe Ma Santé, elle se spécialise dans le domaine de l'information médicale pour rendre le jargon de la santé (parfois complexe) accessible à tous.

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