Médicament prescrit pour ralentir la chute de cheveux, le finastéride 1 mg est aujourd’hui au centre d’une vive controverse sanitaire. Alors qu’il vise des hommes jeunes et en bonne santé, de plus en plus de cas de dépression, d’idées suicidaires et de troubles sexuels persistants sont signalés. Les autorités françaises tirent la sonnette d’alarme.
À première vue, le finastéride 1 mg, plus connu sous son nom commercial Propecia, semble être un traitement presque anodin. Une pilule quotidienne destinée aux hommes de 18 à 41 ans souffrant de calvitie androgénétique, une chute de cheveux d’origine hormonale très répandue.
En agissant sur la conversion de la testostérone en dihydrotestostérone (DHT), hormone clé dans la miniaturisation des follicules pileux, le médicament ralentit, voire stabilise, la perte de cheveux.
Mais derrière cet usage esthétique, se cachent des effets secondaires graves. Depuis plusieurs années, des patients rapportent des troubles sexuels persistants (troubles de l’érection, baisse de libido, difficultés d’éjaculation) mais aussi des symptômes psychiatriques pouvant aller jusqu’à des idées suicidaires.
Dangers de la Finastéride : que font les autorités sanitaires ?
Finastéride : l’alerte donnée à l’échelle européenne
Face à ces signalements, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a saisi en septembre 2024 l’Agence européenne du médicament (EMA). L’objectif est de réévaluer le rapport bénéfice/risque du finastéride (1 mg et 5 mg) et du dutastéride (0,5 mg), une molécule proche utilisée contre l’hypertrophie bénigne de la prostate.
Après examen, le PRAC (Comité européen de pharmacovigilance) a confirmé début 2025 un lien entre la prise de finastéride oral et un risque accru d’idées suicidaires. L’Europe a donc décidé de renforcer l’information :
- ajout des idées suicidaires dans la rubrique « effets indésirables » des notices et résumés des caractéristiques produits (RCP),
- mention plus claire des troubles psychiatriques et sexuels,
- inclusion d’une carte patient dans chaque boîte de finastéride 1 mg,
- envoi d’une lettre aux professionnels de santé prévu pour septembre 2025.
La Commission européenne a entériné ces mesures, jugeant que le rapport bénéfice/risque restait favorable, à condition d’une meilleure vigilance.
La France juge ces mesures insuffisantes
L’ANSM, de son côté, ne cache pas ses inquiétudes. Pour l’agence française, ces ajustements européens ne suffisent pas à protéger efficacement les patients, notamment les jeunes hommes traités pour une simple chute de cheveux.
Une expertise menée par le Centre régional de pharmacovigilance (CRPV) de Limoges a analysé la base nationale de pharmacovigilance (BNPV). Entre janvier 1985 et mai 2024 :
- 110 cas de troubles psychiatriques isolés ou associés à des troubles sexuels ont été recensés,
- âge médian des patients : 30 ans,
- durée moyenne du traitement : 6 ans,
- 67 % des cas étaient graves, avec 1 suicide et 4 tentatives,
- près de 30 % ont signalé un impact majeur sur leur vie sociale, familiale ou professionnelle,
- chez la moitié des patients, les troubles n’étaient pas résolus malgré l’arrêt du traitement, parfois plus de 8 ans après.
Depuis mai 2024, deux suicides supplémentaires ont été rapportés. L’ANSM estime désormais que le rapport bénéfice/risque du finastéride 1 mg dans l’alopécie androgénétique est défavorable.
Finastéride : ce que doivent savoir les patients
Les autorités françaises insistent : les patients doivent être pleinement informés avant de débuter un traitement. La carte patient, bientôt distribuée dans les boîtes, précisera la marche à suivre.
- En cas de dépression, d’anxiété ou d’idées suicidaires : arrêter immédiatement le traitement et consulter son médecin.
- En cas de troubles sexuels : en parler sans délai à son médecin, même si le traitement est arrêté, car ces troubles peuvent persister.
- En cas de traitement prolongé : réévaluer régulièrement la pertinence du médicament lors des consultations de suivi.
Ces recommandations, déjà publiées par l’ANSM depuis 2019, seront désormais systématiquement rappelées.
Le rôle clé des médecins et pharmaciens
Les professionnels de santé se retrouvent en première ligne :
- Médecins : surveiller attentivement l’humeur et la sexualité des patients, interrompre le traitement si des symptômes psychiatriques apparaissent, réévaluer la balance bénéfice/risque à chaque consultation.
- Pharmaciens : être attentifs aux signes évoqués par les patients au comptoir. Un sentiment de tristesse, de fatigue, d’anxiété ou une plainte sexuelle doivent alerter et conduire à conseiller une consultation médicale rapide.
Une question éthique et sociétale
Au-delà des aspects médicaux, l’affaire soulève une question sensible : est-il justifié d’exposer de jeunes hommes en bonne santé à de tels risques pour traiter une pathologie bénigne et esthétique ?
Depuis plusieurs années, des associations comme l’Association française des victimes de la finastéride (AVFIN) dénoncent le « syndrome post-finastéride », un ensemble de troubles persistants malgré l’arrêt du médicament.
Aujourd’hui, les données de pharmacovigilance françaises semblent donner raison à ces alertes. Et si le finastéride 5 mg reste indiqué dans l’hypertrophie bénigne de la prostate, le futur du finastéride 1 mg prescrit contre la calvitie pourrait être remis en cause.
À SAVOIR
En 2021, l’Agence américaine du médicament (FDA) a ajouté dans la notice du finastéride 1 mg un avertissement sur le risque de dépression et d’idées suicidaires, ainsi que sur la possibilité de troubles sexuels persistants après l’arrêt. Cette vigilance internationale confirme que le débat dépasse largement l’Europe.
Perso j’ai aucun effet négatif et je garde mes cheveux c’est cool