Pour les centaines de milliers d’élèves confrontés chaque année au harcèlement scolaire (700 000 cas avérés par an), l’école, le collège ou le lycée sont des jungles éprouvantes au plus profond desquels ils avancent seuls. On estime ainsi à 12% les élèves concernés dès la primaire, 10% au collège et 4% au lycée. Marquée par des années de brimades, une jeune Drômoise de 22 ans délivre son « Maud d’emploi » contre le harcèlement scolaire. Un vibrant témoignage auquel Marie Costa, coach Parental à Lyon, apporte quelques éléments de réponse pour mieux prévenir le risque et ses terribles conséquences, à quelques semaines de la rentrée scolaire.
C’est une histoire tristement banale. Celle d’un cas de harcèlement scolaire comme il en survient par milliers dans notre pays. Un pays soi-disant civilisé, mais où les barbares ont parfois le visage des anges. Cette histoire, énième illustration d’un fléau qui ravage nos écoles, Maud C. a choisi de la coucher sur le papier. Non par souci de thérapie, mais pour « soutenir et encourager les parents », « montrer que la reconstruction est possible » et « sensibiliser les enseignants ». Pour faire bouger les lignes, donc, et contribuer à ce que le secret des cours de récrés cesse de faire des victimes innocentes.
« L’histoire commence en 2011, j’ai onze ans, je suis en sixième ». Bonne élève, épanouie, elle se « sens en totale confiance » dans son collège de Valence. Mais un jour, son regard se pose « sur un autre groupe d’amies, qui me suit du regard tout en rigolant ». Elle ne le sait pas encore, mais le ver est dans le fruit. « Un jour d’automne, je vois un doigt qui se pointe vers moi. J’entends des moqueries, des insultes ». Plus rien ne sera comme avant. Les saillies deviennent quotidiennes, ses harceleuses sont partout et seul son oreiller, le soir venu, recueille les larmes de Maud. « Je suis devenue leur cible. Pour elles, j’étais une jeune fille sans défense et tellement facile à détruire ».
Solitude : la double peine du harcèlement scolaire

Vérone éditions
28 pages, 10,50€
« J’avais l’impression d’être seule face à cela ». Elle ne trouve pas refuge auprès de ses parents, qui « ne voulaient pas se convaincre de ce qui se passait dans ma cour d’école. (…) Par leur manque de vigilance, la cicatrice est toujours là et saigne parfois ». Elle choisit de ne plus se plaindre, et bien que « brisée de l’intérieur » offre à tous « un faux sourire » de façade. Son comportement change. Elle devient « le monstre de la cour (…), celle dont il ne fallait pas s’approcher ».
Au lycée, le harcèlement continue. Maud ne dort plus, fait des crises de spasmophilie, passe son temps à l’infirmerie, se met à fumer, décroche scolairement. « Mes rêves de première littéraire se brisent en mille morceaux ».
Alors que ses tentatives de trouver le salut auprès des enseignants échouent, c’est sa passion pour l’équitation qui l’aide à surmonter ces terribles années de souffrance. Et puis, peu à peu, la jeune fille reprend confiance, se refait des amis et, surtout, obtient son bac. Celle qui s’était convaincue d’être nulle comprend, par la grâce d’un simple diplôme décroché dans la « trouille », que tout redevient possible. Et si elle dut affronter encore des difficultés (le divorce parental, des études compliquées), l’enfer est derrière elle. « Aujourd’hui je suis heureuse ». L’essentiel de son message est là : « chaque enfant, quelque soit sa différence, a le droit d’être heureux ».
Trois questions à Marie Costa, coach parental certifiée à Lyon
Qu’est ce qui caractérise un cas de harcèlement scolaire ?
“Il s’agit de violences verbales, morales et/ou physiques répétées exercées par un ou plusieurs élèves sur une ou plusieurs victimes. Le harcèlement scolaire se définit par un rapport de force, avec un dominant et un dominé, la répétitivité des actes et l’isolement de la victime. Il y a deux types de harceleurs : le meneur, parfois ancien harcelé, et les suiveurs, qui souvent agissent pour ne pas subir à leur tour les brimades.”
Quels sont les signes qui alertent les parents d’un éventuel harcèlement scolaire ?
“L’enfant ne se confie que rarement, par honte, volonté de ne pas faire de peine, peur des représailles. Il faut donc être attentif à tout changement brutal : mauvais sommeil, cauchemars, énurésie, stress, maux de tête ou de ventre, bégaiement… L’enfant harcelé se replie sur lui, peut refuser d’aller à l’école, ses résultats dégringolent. Il peut devenir agressif, chercher la confrontation, se disputer avec ses frères et sœurs…”
Comment protéger et accompagner son enfant ?
“D’abord, éviter les réactions trop rapides, sans identifier le problème dans sa globalité. L’enfant doit tout raconter : si l’on bouge trop vite, cela pourra lui suffire et il ne livrera pas tout. Et évidemment, dompter la colère parentale : intervenir directement empire souvent les choses. Cela renvoie à l’enfant, mais aussi au harceleur, l’image qu’il n’est pas capable de se défendre seul. S’il est important d’alerter l’établissement, il ne fait pas se mettre les enseignants à dos. Le changer d’établissement ne règle pas tout non plus, car s’il n’a pas appris à se défendre, il sera repéré ailleurs comme victime. L’enfant doit acquérir les codes.”
Les conseils du coach parental pour parer au harcèlement scolaire
- Lui faire OBSERVER son environnement scolaire, les mécanismes de la cour de récré.
- CROIRE EN LUI, le valoriser, lui donner confiance pour qu’il puisse réagir sans pleurer.
- DEVELOPPER ses habiletés sociales, en lui apprenant à répondre aux phrases assassines, en cultivant sa répartie, en lui donnant les réponses adaptées.
- Le laisser CHOISIR des amis qui lui ressemblent, en lui laissant le temps de les trouver, car les premiers rencontrés ne sont pas toujours les bons.
Marie Costa est coach parental certifiée à Lyon.
À SAVOIR
Où trouver aide et infos ?
Numéro vert gratuit « Non au harcèlement » : 3020
Association Hugo (Lyon)
Le tout premier centre français de formation du Harcèlement Scolaire a ouvert ses portes à Lyon en septembre 2019.
Témoignage poignant qui révèle bien les mécanismes du harcèlement scolaire. Je rajouterai qu’il existe aussi l’Hypnose Humaniste qui va permettre d’agir directement sur les processus inconscients de l’enfant. Ici, la peur sera symbolisée par l’enfant et ce par le biais de l’imagination permettant à celui-ci, à la fois, d’apaiser le stress et les émotions négatives accumulés…