Une recrudescence des cas d’hépatite A en France, notamment dans la région lyonnaise depuis quelques semaines, alerte les autorités sanitaires. Pour freiner la circulation du virus qui se transmet en grande partie par l’eau ou des aliments souillés, il est recommandé de redoubler de vigilance en matière d’hygiène.
L’hépatite A, souvent qualifiée de « maladie des mains sales », vient de faire une quarantaine de victimes sur la seule Métropole de Lyon. De quoi inciter les autorités sanitaires à alerter la population sur cette infection virale aiguë, généralement bénigne, transmise par voie oro-fécale.
De fait, après des années de diminution du nombre de cas en France – avec entre 400 et 1 400 cas par an selon les années – plusieurs signaux récents ont révélé une recrudescence des infections. Ainsi, en juin-juillet 2025, l’agglomération nantaise a enregistré à elle seule plus de 25 cas, un pic jugé atypique par l’Agence régionale de santé Pays‑de‑la‑Loire. Désormais, c’est donc Lyon et sa région qui sont concernés par cette propagation du virus.
Pourquoi une résurgence des cas d’hépatite A ?
Le paradoxe épidémiologique
Dans les pays à haut niveau d’hygiène comme la France, l’immunité naturelle contre le virus de l’hépatite A diminue avec le temps. Ainsi, plus de 50 % des adultes n’ont jamais rencontré le virus à l’âge de 50 ans et restent susceptibles d’être infectés, souvent de façon symptomatique. Ce phénomène crée un paradoxe : une meilleure hygiène conduit à une population plus vulnérable, et donc une éventuelle recrudescence de cas cliniques.
Une transmission par l’eau souillée
Concrètement, le virus se transmet principalement par voie oro‑fécale : mains sales, aliments ou boissons contaminés (fruits et légumes mal lavés, coquillages peu cuits), eaux souillées. Le risque est particulièrement élevé lors de contacts dans les collectivités, les lieux mal assainis ou encore après un retour de voyage en région à endémie moyenne ou élevée.
Fatigue, fièvre et nausées
Après une période d’incubation de 14 à 28 jours, les symptômes habituels comprennent fatigue, fièvre, nausées, douleurs abdominales, ictère, et urines foncées. L’évolution est le plus souvent favorable mais peut s’aggraver avec l’âge, voire entraîner dans de très rares cas une insuffisance hépatique nécessitant une greffe. Heureusement, les décès restent exceptionnels.
Un virus qui se transmet facilement
Différents modes de transmission
Tous ceux qui n’ont jamais été infectés ou vaccinés sont à risque. Sont particulièrement vulnérables :
- les voyageurs vers des zones à moyenne ou forte endémie ;
- les professionnels ou personnes vivant en collectivités (crèches, écoles, institutions) ;
- les personnes en situation de précarité (logement insalubre, accès à l’eau limité) ;
- certains groupes comme les hommes ayant des relations avec des hommes ou les personnes consommant des drogues, via des circuits de transmission interhumaine.
L’importance de la vaccination
La vaccination contre l’hépatite A est efficace, bien tolérée et confère une protection de 10 à 20 ans. En France, le vaccin est recommandé pour les personnes exposées ou voyageant dans des régions à risque. La vaccination commence dès l’âge de 1 an, avec deux doses intramusculaires espacées de 6 à 12 mois.
L’hygiène, la meilleure des protections
Pour limiter les risques de contamination, il faut se laver les mains avec de l’eau et du savon:
- avant de passer à table et après être allé aux toilettes ;
- avant et après avoir manipulé des aliments ;
- après avoir changé une couche ou aidé un jeune enfant.
Bref, même si le risque zéro n’existe pas, des recommandations simples d’hygiène peuvent briser la chaîne de transmission.
Il est aussi recommandé d’éviter la consommation de fruits de mer crus ou peu cuits.
Pourquoi cette résurgence maintenant ?
Les effets induits de la pandémie
Par le passé, la pandémie de Covid‑19 a limité la circulation du virus en raison des gestes barrières, confinements et baisse des déplacements. En conséquence, le nombre de cas est resté bas (411 en 2020, 423 en 2021), et la proportion de cas liés aux voyages a chuté (28 % en 2021 vs 39 % entre 2006 et 2019). Une fois ces mesures levées, le virus reprend progressivement du terrain.
L’alerte des autorités sanitaires
A l’instar de l’Agence Régionale de Santé Auvergne-Rhône-Alpes, les autorités sanitaires émettent quelques recommandations de nature à limiter la propagation du virus et les risques de contamination :
- la détection rapide des symptômes compatibles (ictère, fièvre, fatigue, douleurs abdominales) ;
- la consultation médicale dès l’apparition des signes ;
- la vaccination des personnes non immunisées exposées ou voyageant dans les zones à risque ;
- le strict respect des gestes barrières, et notamment le lavage des mains à l’eau et au savon;
- dans la restauration ou collectivités, une attention accrue à l’hygiène alimentaire.
A SAVOIR
Si vous partez en voyage, il est conseillé de se faire vacciner contre l’hépatite A, notamment en cas de voyage dans les zones où l’épidémie circule énormément. C’est le cas de l’Afrique, de l’Amérique latine, du Moyen-Orient, de l’Asie centrale et de l’Océanie. Par ailleurs, Au retour d’un séjour dans ces pays, l’apparition de symptômes digestifs ou d’une jaunisse doit conduire systématiquement à une consultation médicale.