Le mouvement de grève entamé par les médecins généralistes dans la Loire est très suivi. Entre 95 et 100% des praticiens de la région roannaise ont fermé leurs portes depuis lundi pour une durée de trois jours. Cette mobilisation exceptionnelle contre la loi Touraine commence de se propager par effet de contagion dans d’autres départements français comme la Saône-et-Loire.
Les médecins généralistes roannais avaient promis une mobilisation exceptionnelle. Ils ont tenu parole. Dans cette commune de la Loire et ses environs, pratiquement tous les cabinets sont restés fermés depuis lundi, illustration de la détermination des praticiens locaux. “Sur une centaine de médecins généralistes du secteur, entre 95% et 100% ont suivi le mot d’ordre de grève. Nous avons fait la preuve que notre profession pouvait se mobiliser alors que tout le monde pariait sur un essoufflement du mouvement depuis l’adoption de la loi”, se félicite le docteur Claude Leicher, président de MG France.
Entamé ce lundi 18 mai pour une durée de 72 heures ce mouvement de trois jours entend « dénoncer l’indifférence et l’immobilisme » de la classe politique française face à la crise traversée actuellement par le monde médical.
En d’autres termes, les médecins généralistes roannais souhaitent alerter l’opinion face au manque de vocations sur ce bassin de près de 200 000 habitants assez représentatif du monde rural français. « Beaucoup de mes confrères dans la Loire partent à la retraite sans trouver de successeur. Par ailleurs, les conditions d’exercice de notre métier sont de plus en plus délicates. Certes, nous sommes souvent obligés de faire 55 heures pour vivre correctement. Mais plus qu’un problème de revenu, c’est la dégradation de nos conditions de travail qui est aujourd’hui au cœur de nos revendications“, explique le docteur Leicher.
Non au tiers-payant !
En l’occurrence, le praticien fait notamment référence aux contraintes nouvelles générées par certains articles de la loi Touraine, à l’instar de l’instauration du tiers-payant. “Nous ne sommes pas contre le principe du tiers-payant, assure le docteur Leicher. Le problème, c’est que cela induit une perte de temps et d’énergie qui, dans le contexte actuel, est insupportable. Nous sommes des médecins, pas des comptables !“.
En fermant leur porte durant trois jours, les praticiens roannais veulent donc maintenir la pression sur le gouvernement, un mois après l’adoption de la loi de Santé. « Le vote en toute hâte par les députés de la loi Touraine témoigne de l’incompréhension de la classe politique de la problématique des médecins (…) Nous sommes aussi inquiets au sujet de la disparition du secret médical, de la privatisation de notre système de santé et de sa mise sous tutelle de l’Etat« , soulignent les grévistes dans une lettre adressée à leurs patients.
Un risque de contagion dans d’autres départements
Reste à savoir si ce mouvement va faire l’effet d’un électrochoc dans la profession, alors que la grogne des médecins semblaient s’essouffler peu à peu après l’adoption de la loi. “Face à l’attitude jusqu’au boutiste de nos politiques, on va inexorablement vers une radicalisation du mouvement. Le feu couve la température monte“, assure le docteur Leicher. “La mobilisation est plus vive que jamais“, assure le président de MG France qui évoque déjà d’ordre moyens d’actions pour faire infléchir la position gouvernementale, que ce soit sur le plan tarifaire, à travers des grèves administratives ou des gardes notamment.
Par ailleurs, certains médecins généralistes de départements limitrophes ont déjà fait part de leur soutien. En Saône-et-Loire, le collectif “MST 71” (Médecins Sans Télétransmission) qui regroupe 200 médecins généralistes a ainsi annoncé son intention de s’associer au “Printemps de Roanne”. Les praticiens fermeront leur cabinet ce mercredi 20 mai, alors que certains médecins lyonnais (Rhône) envisageraient d’entrer en rébellion de manière active…
A SAVOIR
Le mouvement de grève inédit lancé dans la Loire illustre bien les états d’âmes d’une profession en mal de reconnaissance et confrontée à une désertification en milieu rural. Ainsi, à Roanne, sur 42 médecins généralistes, deux se sont retirés suite à un syndrome d’épuisement professionnel (burnout) et quatre partent à la retraite à la fin de l’année alors qu’aucun remplaçant n’est pour l’instant envisagé.