La dialyse ou la greffe de rein peut souvent être évitée si le dépistage d’une maladie rénale est effectué à temps. Les explications du docteur Emmanuel Villar, spécialiste en néphrologie au Centre Hospitalier Saint Joseph Saint Luc de Lyon.
Quelles sont les causes des maladies rénales ?
Dans les pays occidentaux, on distingue deux grandes causes que sont le diabète et les maladies cardio-vasculaires, notamment l’hypertension artérielle avec plus de 12 million de Français hypertendus. Certaines maladies rénales sont d’ordres héréditaires, c’est pourquoi les enfants sont aussi concernés par un dépistage s’ils ont déjà un proche affecté par ce type de pathologie. Enfin, certains patients souffrent de cette maladie à cause de traitements médicaux pouvant être toxiques pour les reins.
Quelles sont les conséquences de ces maladies rénales sur l’organisme ?
Dans un premier temps les reins ont une fonction d’épuration, les filtres doivent éliminer un certain nombre de molécules comme l’urée et la créatinine. Quand le rein ne fonctionne pas, l’urée se propage dans l’organisme, ce qui peut engendrer bon nombre de dégâts sur les os et sur le système cardiovasculaire. Dans un deuxième temps, certains patients gardent de l’eau et du sel, ce qui peut provoquer des œdèmes et majorer l’hypertension. Enfin, il y a un risque d’anémie, c’est-à-dire qu’il n’y a plus assez de globules rouge dans l’organisme.
Maladie du rein et transplantation
Une fois la maladie rénale détectée, quelles peuvent être les interventions médicales ?
Une fois infectés, les reins ne peuvent être régénérés, il n’est plus possible de revenir en arrière. Si la maladie est détectée à temps, on peut alors préserver les néphrons restants par le biais de traitements. A l’inverse, si la pathologie rénale est détectée trop tard, il faut recourir à une dialyse ou bien, solution extrême, à la transplantation rénale.
En quoi un dépistage précoce peut éviter de recourir à une greffe ?
Quand on parle d’évolution de maladie rénale, on parle d’évolution sur plusieurs années. Elle peut mettre jusqu’à 10 ans ou 20 ans à se déclarer. Si aucune prise en charge n’a été faite à temps, on doit parfois recourir à la dialyse ou bien à la transplantation. Une personne dépistée de manière précoce, lorsqu’elle commence à être hypertendue ou diabétique, pourra prendre les dispositions pour protéger ses reins et éviter, 10 ou 20 ans plus tard, d’arriver à un stade terminal (Ndlr: instant où il est nécessaire de faire une dialyse ou une transplantation) avec des traitements très lourds. Il est donc extrêmement important de dépister les patients à risque le plus tôt possible.
La tension artérielle, premier stade du dépistage
Comment se déroule une séance de dépistage classique ?
Le dépistage se découpe en 3 étapes : sur le plan clinique, on va tout d’abord prendre la tension artérielle et regarder si le patient est hypertendu ou non. Ensuite, on fait une analyse sanguine pour voir si le taux de créatinine n’a pas augmenté. Enfin, il faut procéder à une analyse urinaire pour vérifier si les reins filtrent correctement les globules rouges et les protéines.
Ou peut-on se faire dépister ?
Il n’y a pas de dépistage systématique comme il peut en exister pour le cancer colorectal. Il faut donc que les médecins généralistes détectent les potentiels patients à risque pour les diriger vers des examens plus poussés. La grande difficulté est que ce type de pathologie est indolentes et n’a pas de signes cliniques.
Avez-vous quelques conseils pour éviter les maladies rénales ?
Ce qui est extrêmement important, c’est d’en parler avec son médecin généraliste quand on sait qu’un membre de sa famille a déjà été touché par ce type de pathologie, sans pour autant faire de psychose bien sûr… Il faut aussi de manière régulière prendre sa tension artérielle, au moins une fois par an.
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A SAVOIR
Dans bien des cas, il est possible de prévenir ou de ralentir l’évolution de l’insuffisance rénale en s’astreignant à quelques contraintes ou en suivant des conseils de bon sens, comme pratiquer une activité physique régulièrement, surveiller son poids ou limiter sa consommation de sel. Il est aussi vivement recommandé de boire beaucoup d’eau (au moins un litre par jour), se méfier de la surconsommation de certains médicaments (comme le anti-inflammatoires), limiter la consommation de graisses animales et les régimes hyperprotéinés.