Chaque été, les noyades font tristement la une des actualités. Derrière ces drames, une question essentielle : que se passe-t-il réellement dans notre corps lorsqu’on se noie ?
Selon Santé publique France, 1 244 noyades ont été recensées en France en 2024, dont 350 ont entraîné un décès. Les victimes sont majoritairement des enfants de moins de 6 ans et des personnes âgées. Ces chiffres rappellent que la noyade est l’un des principaux accidents de la vie courante.
La noyade ne survient pas uniquement à la mer. Elle se produit aussi en piscine privée, en rivière ou même dans une baignoire, en particulier chez les jeunes enfants laissés sans surveillance.
Que se passe-t-il en cas de noyade ?
L’immersion et le réflexe de panique
Lorsqu’une personne tombe dans l’eau et n’arrive pas à remonter, le corps réagit d’abord par une apnée volontaire : on bloque sa respiration.
Rapidement, le dioxyde de carbone s’accumule dans le sang, provoquant une envie irrépressible de respirer. C’est le réflexe de panique : la personne s’agite, gaspille son énergie et son oxygène.
L’inhalation d’eau et le spasme laryngé
Sous l’effet du manque d’air, la bouche et le nez finissent par s’ouvrir. L’eau pénètre alors dans les voies respiratoires. Ce passage déclenche souvent un spasme laryngé. Les cordes vocales se ferment brutalement, bloquant l’air comme l’eau. C’est une réaction de défense, mais elle aggrave l’hypoxie (manque d’oxygène).
Lorsque le spasme se relâche, de l’eau peut pénétrer dans les poumons. Elle empêche alors les alvéoles pulmonaires d’assurer correctement les échanges gazeux, ce qui entraîne une asphyxie progressive.
Hypoxie, perte de connaissance et arrêt cardiaque
Privé d’oxygène, le cerveau ne peut fonctionner normalement que quelques minutes. Après 3 à 5 minutes sans oxygène, la personne perd connaissance. L’hypoxie entraîne ensuite une bradycardie (ralentissement du rythme cardiaque), puis un arrêt cardiaque.
C’est pourquoi chaque seconde compte. Un massage cardiaque et une ventilation précoce peuvent faire la différence entre la vie et la mort.
Après la noyade : les séquelles possibles
Toutes les noyades ne sont pas mortelles. Mais une immersion même brève peut laisser des séquelles. On parle parfois de « noyade sèche » ou de « syndrome de noyade secondaire ». Une détresse respiratoire qui survient après coup, en raison d’une inflammation ou d’un œdème pulmonaire. Les symptômes peuvent apparaître plusieurs heures après l’accident (toux persistante, essoufflement, fatigue extrême) et nécessitent une consultation en urgence.
Les survivants d’une noyade sévère peuvent également garder des séquelles neurologiques liées au manque d’oxygène cérébral : troubles de la mémoire, difficultés de concentration, voire handicaps lourds.
Prévenir avant tout : la clé pour sauver des vies
La prévention reste l’arme la plus efficace :
- Ne jamais laisser un enfant seul près d’un point d’eau, même quelques secondes.
- Installer des dispositifs de sécurité autour des piscines (barrières, alarmes).
- Se baigner dans des zones surveillées et respecter les consignes des maîtres-nageurs.
- Éviter l’alcool avant la baignade.
- Apprendre les gestes qui sauvent (massage cardiaque, bouche-à-bouche).
En France, les campagnes de sensibilisation rappellent que 90 % des noyades pourraient être évitées grâce à des mesures simples de vigilance selon Santé publique France.
À SAVOIR
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la noyade cause 236 000 décès par an dans le monde (chiffres 2023), ce qui en fait l’une des dix principales causes de mortalité accidentelle.








