La perte de mémoire n'est jamais normale !
1 million de Français sont atteints de la maladie d’Alzheimer, mais ce n'est pas la seule cause des pertes de mémoire. ©Canva

Constater des troubles de la mémoire n’est jamais anodin, et ce d’autant plus chez les seniors. Révélateurs de maladies neurodégénératives ou conséquences d’autres pathologies, ces troubles sont à prendre au sérieux pour un diagnostic rapide et des aides adaptées. Quelles peuvent être les causes des troubles de la mémoire ? Sont-elles graves ? Comment réagir en cas d’inquiétude ? Les explications du Dr Muriel Cartron, cheffe du pôle gériatrie du Centre Hospitalier Métropole Savoie site d’Aix-les-Bains.

La mémoire est un système complexe et essentiel à l’être humain. Grâce aux souvenirs, nous sommes capables de résoudre des problèmes, d’apprendre, de prendre des décisions, de communiquer avec les autres, et bien d’autres capacités vitales. 

Il est important d’être particulièrement vigilant aux signes évocateurs d’une altération de cette mémoire, dont le risque augmente avec l’âge. La perte de mémoire n’est jamais neutre et peut révéler des pathologies qu’il faut savoir détecter à temps pour mieux en atténuer les symptômes ou même pour les soigner.

Différents facteurs peuvent favoriser les troubles de la mémoire. Une tumeur cérébrale, un AVC, une consommation excessive d’alcool, ou un dysfonctionnement de la thyroïde sont autant d’éléments susceptibles d’affecter la mémoire, temporairement ou à plus long terme.

La perte de mémoire peut également être un symptôme précoce ou le signe de maladies neurodégénératives, pathologies chroniques qui altèrent le système nerveux central, telles que la maladie d’Alzheimer ou la maladie à corps de Lewy. 

La maladie d’Alzheimer représente 65% des cas de maladies de la mémoire, la maladie à corps de Lewy 15%. Mais il existe de nombreuses autres pathologies, beaucoup moins fréquentes, caractérisées par une altération de la mémoire, à l’image de la maladie de Steel Richardson.

Si oublier un détail d’il y a 20 ans n’est pas préoccupant, il faut être attentif, en revanche, aux troubles de la mémoire immédiate. Se souvenir des faits anciens, mais pas des plus récents, doit nécessiter une consultation médicale dans les délais les plus brefs. 

Parmi les autres signes inquiétants figurent la désorientation dans le temps et l’espace, le fait de ne plus reconnaître des visages ou encore de ne plus réussir à effectuer une tâche pourtant habituelle. Les difficultés subites de langage ou l’oubli de faits historiques célèbres doivent également mettre la puce à l’oreille. 

« Ces troubles du comportement, chez un sénior, doivent alerter l’entourage » prévient le Dr Muriel Cartron, gériatre à l’hôpital d’Aix-les-Bains, en Savoie. 

On ne connaît pas assez les causes des maladies neurodégénératives responsables des pertes de mémoire pour savoir comment les prévenir. Cependant, il est possible de réduire les risques de perte de mémoire en prévenant les autres causes connues. Par exemple, adopter un mode de vie sain peut contribuer à réduire le risque d’accidents vasculaires cérébraux (AVC).

Ainsi, il est recommandé de : 

Certaines maladies neurodégénératives peuvent avoir une composante génétique, mais représentent une minorité des cas.

L’un des écueils rendant le diagnostic compliqué tient au fait que le patient, souvent, ne se rend pas compte lui-même qu’il “perd la mémoire” C’est souvent l’entourage qui observe les premiers signes de mise en danger et qui doit intervenir pour permettre une prise en charge rapide et, in fine, plus efficace. 

Les conséquences de la perte de mémoire sont importantes car elles touchent divers aspects de la vie quotidienne. La conduite automobile devient risquée, la gestion des comptes aussi avec la perte de la valeur de l’argent. La cuisson au gaz est à éviter car la personne peut oublier d’éteindre les appareils. Enfin, une alimentation inadéquate due à la consommation de produits périmés peut entraîner des problèmes de santé graves.

Dans ces situations, l’intervention d’une tierce personne devient nécessaire pour assurer la sécurité d’un senior qui présente des pertes de mémoire car s’y associe une perte d’autonomie.

La personne ressource à contacter en cas d’inquiétude pour un senior dont le comportement change est son médecin traitant. Il est primordial que le professionnel de santé connaisse le patient pour notamment être au courant des nouveaux médicaments pris ou arrêtés qui pourraient expliquer les troubles. Mais également parce qu’un professionnel qui connaît son patient saura détecter au plus vite les comportements inhabituels. 

Une fois la consultation passée avec le médecin traitant, ce dernier pourra orienter le patient vers une « consultation mémoire » pour évaluer les troubles et proposer une prise en charge adaptée. Cette consultation est assurée par une équipe pluri-professionnelle dont un gériatre ou un neurologue.

Il n’est jamais trop tard pour consulter, comme le rappelle le Dr Muriel Cartron, qui regrette entendre trop fréquemment en consultation qu’il est « inutile de poser un diagnostic sur les troubles de la mémoire puisqu’il n’y a pas de traitement. »

Même sans traitement curatif, actuellement, certains traitements peuvent au moins atténuer les symptômes. Des dispositifs existent pour soutenir le patient et les aidants. 

En effet, des associations, des accueils de jour et des aides à domicile peuvent être mobilisés pour essayer de maintenir les capacités du patient, et améliorer son environnement. Il est essentiel, en effet, de conserver le plus longtemps possible toute activité socialisante. Le risque, avec ces troubles, est de s’isoler dans la maladie et que les aidants s’épuisent à la tâche. 

Chaque patient est unique et évolue différemment dans la maladie. Vivre avec la perte de mémoire, c’est essayer de trouver des solutions qui correspondent le mieux à chacun.

À SAVOIR

1 million de Français sont atteints de la maladie d’Alzheimer, dont la très grande majorité concerne des seniors de plus de 65 ans. Selon les études, ce nombre de patients pourrait doubler d’ici 2050, notamment du fait d’un vieillissement de la population.

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Jeanne Guinand
Journaliste Santé / Groupe Ma Santé Étudiante en journalisme, Jeanne s'est spécialisée dans le domaine de la santé. Son ambition ? Informer le public sur des sujets cruciaux, allant de la prévention des maladies aux actualités santé les plus récentes.

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