Les régimes sans gluten sont à la mode. Mais combien sont-ils réellement à devoir se priver de gluten pour des raisons pathologiques ? Quelles sont les conséquences de ce régime observé à mauvais escient ? Eléments de réponse avec le Dr Ajzenberg, allergologue à Lyon.
La maladie coeliaque, une pathologie grave
Tout d’abord, pouvez-vous nous rappeler ce qu’est le gluten ?
Le gluten est une composante des céréales, du seigle, et plus particulièrement du blé. Il s’agit d’une masse protéique, gélatiforme, qui demeure lorsque l’on dissout le blé. C’est cette masse qui donne une certaine élasticité aux produits à base de blé comme les pâtes et le pain. Elle permet de donner de la consistance, et de mieux mâcher.
Quelles pathologies requièrent un régime sans gluten ?
La principale est la maladie coeliaque, c’est là que l’on peut réellement parler d’intolérance au gluten. L’intestin ne dispose pas dans ce cas de ce qu’il faut pour bien digérer, ce qui provoque une inflammation et ainsi des douleurs et des troubles digestifs. L’intestin va avoir du mal à absorber les sels minéraux, les vitamines, ce qui va engendrer une perte de poids. On trouve cela surtout chez l’enfant. Chez l’adulte, la maladie coeliaque est encore plus complexe car elle peut évoluer vers des formes de cancer qui peuvent être graves. Ainsi, 80 à 90% des personnes qui se déclarent intolérantes au gluten par effet de mode, ne le sont en fait pas.
En revanche, il peut aussi il y avoir des personnes allergiques au blé, et notamment à certaines protéines qui le constituent à l’image de la gliadine (qui fait partie de la famille du gluten). Mais ces cas sont très rares, et c’est un tout autre mécanisme.
Une sensibilité au gluten
Une certaine « sensibilité au gluten » existe-t-elle malgré tout ?
Certaines personnes qui souffrent de colopathies peuvent avoir du mal à digérer le gluten à cause d’un intestin paresseux. Quand ces personnes s’imposent un régime sans gluten, il peut effectivement arriver qu’elles se sentent mieux. Il y a très certainement une grande part de psychologique, mais il ne faut pas non plus sous-estimer cela, et prendre en considération ce ressenti. Peut-être qu’il se passe quelque chose, et l’important est qu’elles aillent mieux.
Comment savoir si l’on souffre d’une véritable intolérance au gluten ?
Pour savoir si l’on est intolérant au gluten, il existe deux tests très sensibles. Tout d’abord, la coloscopie pratiquée par un gastro-entérologue. A l’aide d’un tube, il va réaliser des prélèvements et regarder la muqueuse intestinale. Celle-ci aura un aspect typique et permettra un diagnostic sûr. Le second test consiste en une prise de sang spécifique.
En ce qui concerne l’allergie au blé, là, on pratique un bilan allergologique classique, par prise de sang ou test cutané.
Des risques de carence alimentaire
A qui doit-on s’adresser ?
En général, le trio généraliste, gastro-entérologue et allergologue est en mesure de gérer l’ensemble des problèmes en collaboration.
Quels sont les risques à suivre ce régime sans en avoir besoin ?
Il peut il y avoir des carences alimentaires. D’autre part, cela comporte aussi un aspect financier car manger sans gluten est relativement cher. Cela a aussi un retentissement sur la vie sociale des individus : ils vont se rendre moins souvent au restaurant, être moins souvent invités car il faudra leur servir un menu spécial.
A savoir
Les aliments contenant le plus de gluten sont les pâtes, la semoule, le pain, les pizzas et les pâtisseries qu’il faudra donc remplacer par des versions sans gluten. Attention aussi aux friandises, aux yaourts parfumés au chocolat, aux fromages à tartiner, aux plats surgelés… De manière générale, plus un produit est transformé, plus il risque de contenir du gluten. A l’inverse, le maïs, le riz complet, le quinoa et le sarrasin ne contiennent pas de gluten.