De plus en plus d’enfants souffrent d’obésité. Comment prendre ce problème à bras-le-corps ? Comment leur apprendre à avoir une bonne hygiène alimentaire ? Eléments de réponse avec Cédric Ben Chemhoun, nutritionniste et diététicien à Lyon.
Observez-vous dans votre cabinet lyonnais une plus forte incidence du nombre d’enfants obèses ?
Oui, il y a une augmentation du nombre de ces patients d’année en année. Malheureusement, c’est souvent lié à un abandon des parents. Ces derniers ont travaillé toute la journée et n’ont pas envie de se battre avec leur enfant. Certains de mes patients de 8 ou 10 ans ne savent pas ce qu’est une courgette. Dans les rayons des magasins, de nouveaux produits toujours plus tentants débarquent tous les jours, et on a envie de goûter à tout. Ce n’est pas dramatique de manger une friandise de temps en temps. Le problème, c’est lorsque ces enfants ne se nourrissent que de pâtes et de biscuits.
Cette obésité infantile est-elle imputable à des facteurs génétiques, ou avant tout à de mauvaises habitudes alimentaires ?
Oui, il y a toujours une base génétique. Nous ne sommes pas tous égaux face à la prise de poids. Certains vont pouvoir manger des goûters tous les jours, d’autres vont prendre au moindre écart. Malgré tout, il est important de dire que même une personne qui ne prend pas, risque elle-aussi de payer les pots cassés tôt ou tard : cholestérol, triglycérides… C’est le cas notamment de jeunes hommes de 25-30 ans qui continuent à manger comme durant leur adolescence. Une étude démontre que quand on a consommé de la malbouffe pendant des années, on souffrira de dommages irréversibles sur son métabolisme. Bien entendu, je ne parle pas ici de simples écarts au mois d’août, mais d’une mauvaise alimentation pendant 10 ou 15 ans.
Quels conseils donneriez-vous aux parents d’enfants en surpoids ?
Il est important d’éduquer les enfants au niveau nutritionnel, c’est encore plus important que pour un adulte, car cela leur évite des troubles plus graves par la suite. Dans 99% des cas, les problèmes de surpoids sont dus à une mauvaise alimentation. Oui, certains sont prédisposés, mais il faut avoir mal mangé au départ. Souvent, les parents d’enfants obèses ont eux-aussi des problèmes d’éducation alimentaire. Bien entendu, il ne s’agit pas de culpabiliser les parents. De plus, il est strictement inutile de contraindre son enfant au niveau alimentaire : les ados souffrant de troubles du comportement alimentaire, ont souvent dû suivre des régimes très tôt sur ordre de leurs parents. Il faut donc qu’une tierce personne intervienne. On va proposer à l’enfant des mets plaisants, lui dire d’éviter de manger certains aliments. On peut le faire sous forme de missions. Par exemple, sur 15 jours, l’enfant doit manger 7 légumes différents. Cette longue rééducation sera plus féconde qu’un régime strict !
Votre enfant est-il en surpoids ?
L’excès de poids est décelé en fonction de l’IMC (indice de masse corporel) calculé en divisant son poids par sa taille au carré. Par exemple, si votre enfant pèse 48 kilos et qu’il mesure 1,55, son IMC sera de 20 (48/1,55×1,55). Cet indice est dans la normalité. Un enfant est considéré en surpoids si son IMC dépasse 25. On parle d’obésité si cet indice de masse corporel dépasse 30.
A savoir
Selon une étude publiée par The Lancer Oncology, près de 500 000 nouveaux cas de cancers dans le monde chez les adultes peuvent être attribués au surpoids et à l’obésité. Un fléau qui touche davantage les femmes que les hommes, essentiellement en raison des cancers de l’endomètre (muqueuse de l’utérus) et des cancers du sein après la ménopause. Chez les hommes, les problèmes de surpoids et d’obésité sont surtout à l’origine de cancers des reins et du colon. Près des deux tiers de ces nouveaux cas détectés sont enregistrés en Amérique du Nord et en Europe.