Les allergies au lait de vache, œufs et fruits à coque, en forte progression, empoisonnent le quotidien de plus de 5% des enfants de moins de 6 ans. Les conseils du Dr Bouvier, allergologue, pour mieux faire face à ces allergies.
Les allergies et intolérances engendrent des difficultés quotidiennes pour les personnes qui en souffrent, en particulier lorsqu’elles sont alimentaires. Les explications et conseils du Dr Michel Bouvier, allergologue au Centre d’Allergologie ainsi qu’à la Polyclinique du Beaujolais.
Quelles sont les principales allergies alimentaires ?
L’allergie au lait de vache est la plus importante, et peut-être très sévère. Elle concerne notamment 5% des tous petits, jusqu’à 18 mois, pour qui des laits spécifiques existent, autres que les laits de soja ou de riz, moins conseillés. On trouve ensuite l’allergie aux protéine d’œuf, moins fréquentes et aux effets moins violents, d’autant que l’enfant acquiert rapidement une tolérance à l’œuf cuit. C’est le blanc d’œuf qui est incriminé : on le trouve dans les gâteaux, mayonnaises ou omelettes, choses dont on peut facilement se passer. Enfin, 3 à 6% des enfants sont allergiques aux fruits à coque, type, arachides, noix de cajou, pistaches, noisettes, amandes…, avec à la clé des accidents potentiellement sévères.
Est-il vrai que ces allergies sont en constante progression ?
On constate effectivement une augmentation progressive des allergies alimentaires depuis une vingtaine d’années, notamment en ce qui concerne le lait de vache. Cette tendance est liée à de nouvelles habitudes de vie, mais surtout à l’évolution de notre système immunitaire, de moins en moins sollicité par des maladies infectieuses, comme la rougeole ou la rubéole, qui sont en recul. Cela réoriente le système immunitaire, plus facilement accessible aux maladies allergiques.
Allergies alimentaires : des démangeaisons au choc anaphylactique
Quels sont les principaux symptômes ?
En matière de réactions liées aux allergies alimentaires, on distingue les accidents immédiats des accidents retardés. Pour ce qui est des allergies de forme immédiate, l’enfant peut tout d’abord présenter des démangeaisons, notamment de la paume des mains et sous la plante des pieds, dont il ne peut se plaindre s’il est trop petit. Peuvent survenir aussi des rougeurs, type urticaire, plus facilement discernables et qui s’accompagnent d’autres symptômes : œdème marqué au niveau du visage, asthme, très souvent des vomissements et, parfois, perte de connaissance, pouvant amener jusqu’au choc anaphylactique. La forme retardée, de plus en plus fréquente pour ce qui est de l’allergie au lait de vache, se traduit par un manque de tonus, un teint gris, des diarrhées chroniques pouvant engendrer perte de poids, de taille, une anémie et des signes de dénutrition.
Comment faut-il réagir ?
Le plus vite possible ! Il faut savoir utiliser le style auto injectable d’adrénaline : on l’utilise souvent trop tard, jamais trop tôt ! Il vaut pourtant mieux l’administrer à un enfant qui n’en a pas besoin, car il le supportera, que de laisser passer trop de temps. Autres traitements préconisés, les antihistaminiques et la Ventoline. Bien prévoir également une trousse d’urgence pour les déplacements, une visite annuelle chez un allergologue, la mise en place d’un projet d’accueil individualisé et des séances d’éducations thérapeutiques. Nous en délivrons au Centre d’Allergologie du Beaujolais; l’Hôpital Femme Mère Enfant, à Lyon-Bron, en propose également.
Retrouvez l’ensemble des médecins allergologues de votre ville ou de votre quartier sur www.conseil-national.medecin.fr
TÉMOIGNAGE
Sandy Rudewiez (mère d’une fille poly-allergique et fondatrice du site Allia formation) :« Plaques d’eczéma, vomissements…. Nous avons découvert la première allergie de Laureen alors qu’elle avait neuf mois. C’était aux protéines de lait de vache. Depuis, elle a développé d’autres allergies sévères à l’œuf, à l’arachide, à la moutarde, au saumon, puis à tous les graminées et les pollens, les poils de chiens et de chats… Désormais, notre quotidien se transforme en chasse aux allergènes et Laureen a toujours avec elle une trousse de secours avec une injection d’adrénaline ! Un conseil ? Si vous avez un doute, n’hésitez pas à consulter un spécialiste et responsabilisez votre enfant très tôt aux risques allergiques ».
À SAVOIR
Auteur du livre ”100 idées pour vivre sereinement avec une allergie”, Sandy Rudewiez est mère d’une fille poly-allergique. Forte de son expérience et de son implication bénévole au sein de l’Association française de prévention des allergies (AFPRAL), elle a fondé Allia formation, site de conseil et formation en allergies alimentaires. Son témoignage révèle à quel point une ou plusieurs allergies alimentaires peuvent perturber le quotidien d’un enfant.