L’AVC a souvent des signes avant-coureurs… C’est l’accident ischémique transitoire (AIT). Une unité spéciale a été mise en place à l’hôpital neurologique Pierre Wertheimer pour favoriser une prise en charge précoce et réduire de moitié le risque d’attaque cérébrale lourde.
L’accident Vasculaire Cérébral (AVC) fait chaque année plus de 115 000 victimes en France, soit une toutes les cinq minutes. Autre signe alarmant, une personne sur cinq victime d’un AVC décède dans le mois qui suit et les trois quarts des survivants gardent des séquelles définitives. Pourtant , il est possible dans certains cas de prévenir l’AVC en connaissant les symptômes de l’AIT (Accident Ischémique Transitoire). « Comme les volutes de fumée avant une éruption volcanique, les AIT sont les premiers signes d’attaque d’un AVC ». L’image employée par le professeur Norbert Nighoghossian pour qualifier l’importance des accidents ischémiques transitoires résume toute la nécessité à ne pas prendre à la légère les symptômes d’une affection passagère, mais dont les conséquences peuvent être très lourdes.
L’AVC, souvent mortel
Engourdissement des membres, paralysie d’un côté du visage, trouble de la parole… Inquiétants, les premières manifestations d’un accident ischémique transitoire ressemblent à s’y méprendre à ceux d’un accident vasculaire cérébral. A la différence, notable, que ces symptômes disparaissent spontanément, dans un délai assez court et sans laisser de séquelles, surtout lorsqu’ils sont légers. De quoi soulager les victimes, trop vite débarrassées du spectre d’un AVC souvent handicapant et fréquemment mortel. Pourtant, comme le pointe le chef du service neurologique vasculaire de l’hôpital Pierre Wertheimer (groupement hospitalier Est) de Lyon, « l’AIT est avant tout une alerte à prendre en considération. Les risques d’avoir un AVC après un AIT sont de 10% à trois mois, dont la moitié dans les 48 premières heures ».
50% des AVC pourraient être évités
Bien sûr, tout AIT ne dégénère pas en AVC, mais une prise en charge rapide a clairement le mérite de réduire ce risque. Publiée en 2016, une étude réalisée sous la direction du neurologue parisien Pierre Amarenco auprès de 4789 patients de 21 pays différents a démontré que plus d’un AVC sur deux serait évité dans le cas où l’AIT serait pris en charge dans les 24 heures. D’où la nécessité de pouvoir solliciter des structures adaptées, comme à l’hôpital Bichat de Paris qui a ouvert une clinique SOS-AIT en 2003, où à l’hôpital neurologique lyonnais, qui a mis en place un dispositif dédié en juin 2017.
Bilan AIT : en hôpital de jour à Lyon
Cette plate-forme de bilan AIT fonctionne en hôpital de jour. Les patients y sont admis depuis les services d’urgences pour des examens complémentaires (IRM) et une consultation par un neurologue. L’objectif, évacuer la possibilité d’une autre pathologie présentant des symptômes communs (crise d’épilepsie, crise de migraine) et prévenir les risques de véritable AVC.
La structure accueille aujourd’hui 15 à 20 patients par semaine. « C’est notre capacité maximale, mais nous pourrions en accueillir plus », confirme le dr Laura Mechtouff-Cimarelli, la responsable d’une plate-forme qui, en fonction des moyens alloués pourrait évoluer vers « une prise en charge en temps réel » et un fonctionnement permanent. « Les Hospices Civils de Lyon sont très vigilants à l’extension de cette prise en charge », confirme le professeur Nighoghossian, qui rappelle également toute la nécessité de sensibiliser les médecins urgentistes aux symptômes de ces AIT.
L’enjeu, en effet, est des plus clairs : sur les 115 000 cas d’AVC recensés chaque année en France, 10 à 20 000 pourraient être évités si les prémices de cette attaque cérébrale étaient traités dans les premières heures.
A SAVOIR
Comme les AVC, les accidents ischémiques transitoires peuvent frapper quelque soit l’âge et le sexe. Le risque augmente toutefois avec l’âge. Que faire en cas de symptômes d’AIT ?
Symptômes apparus depuis moins de 6 heures : contacter le 15
Symptômes apparus depuis plus de 6 heures : gagner un service d’urgences
Symptômes anciens (+ d’une semaine) : consulter son médecin généraliste, qui fera une demande de prise en charge à la plate-forme de bilan AIT pour un suivi précis.