Les jeunes préfèrent les villes à la campagne… Le 24 janvier, l’URPS Chirurgiens-Dentistes Rhône-Alpes organise “Dent la poudre”, une journée de sensibilisation afin de promouvoir les zones sous-dotées auprès des étudiants.
Pourquoi avoir organisé une telle journée de sensibilisation en Rhône-Alpes ?
Déjà l’année dernière, on avait fait une tournée départementale concernant les zones sous-dotée en chirurgiens-dentistes, selon un zonage édité par l’Agence Régionale de Santé (ARS) en concertation avec notre URPS. On a souhaité mettre en lumière ces zones sous-dotés auprès des étudiants pour les accompagner dans leur projet professionnel et leur donner l’envie d’exercer dans ces zones. Il s’agit aussi de les rassurer sur les conditions d’exercice professionnel, les conditions de vie, le cadre quotidien, l’environnement familial, en rencontrant d’autres professionnels déjà sur place ainsi que des élus locaux.
Quels sont les secteurs de Rhône-Alpes souffrant le plus du manque de chirurgiens-dentistes ?
Tous les départements sont concernés même si certains sont plus impactés que d’autres. Certaines vallées alpines comme la Maurienne où nous allons le 24 sont clairement sous-dotées. On manque aussi de chirurgiens-dentistes dans la Loire, notamment autour du Roannais, sur les plateaux ardéchois assez éloignés des voies de communication, à l’extrémité Sud-Ouest de la région. Ce sont les trois grands secteurs qui focalisent aujourd’hui notre attention, sachant qu’il faut aussi promouvoir auprès des futurs chirurgiens-dentistes certaines entre Lyon et Grenoble, dans le Vercors et le Dauphiné.
Les dentistes des champs ont (aussi) la belle vie
Quels sont vos arguments pour inciter les étudiants à s’installer dans ces zones ?
On s’appuie sur une étude réalisée l’année dernière avec l’ORS (Observatoire Régional de la Santé), une enquête qualitative sur le vécu personnel et professionnel des confrères dans ces zones. Cette étude démontre que les conditions de vie personnelles et professionnelles dans ces zones sont jugés agréables, avec des patients beaucoup plus ponctuels, agréables et plus respectueux que dans les zones urbaines denses. Par ailleurs, dans ces zones, la concurrence professionnelle est moindre. Il est donc moins difficile de créer sa patientelle et la développer. On met aussi en avant la qualité du réseau routier et autoroutier. Des infrastructures de transports optimum en Rhône-Alpes qui permettent de rester finalement assez proches des grands centres urbains, de l’activité culturelle, de la vie nocturne. Bref, les jeunes chirurgiens-dentistes ne sont pas “à l’écart du monde des vivants”…
Constatez-vous malgré tout une baisse du nombre de vocations en Rhône-Alpes ?
Non, les chiffres sont assez stables. Certes, il y a plus de départs à la retraite que de nouveaux installés. C’est lié au nombre de diplomés qui reste assez contraint. Certains étudiants partent aussi terminer leur études ou s’installer à l’étranger : en Espagne, en Roumanie, en Belgique… Mais à l’inverse, des étrangers viennent aussi s’installer en France. Il y a donc une sorte d’équilibre qui se fait, même si on peut craindre à l’avenir un sureffectif dans la région car on ne contrôle plus du tout la situation comme par le passé avec le numerus clausus. Bref, il n’y a pas de baisse des vocations, simplement une mauvaise répartition des chirurgies-dentistes sur l’ensemble du territoire, ce qui justifie nos opérations de sensibilisation.
A savoir
L’étude démographique des chirurgiens-dentistes révèle que la situation en Rhône-Alpes est proche de celle observée au niveau national. La région Rhône-Alpes comptait ainsi, en 2012, 4 025 chirurgiens-dentistes dont 38,6% de femmes et 33% de praticiens âgés de 55 ans ou plus. La densité de chirurgiens-dentistes est de 65 pour 100 000 habitants, avec de fortes disparités entre départements et entre zones urbaines/rurales. Au niveau national, plus de 80% des chirurgiens-dentistes exercent dans une commune de plus de 10 000 habitants.