Chaque année en France, plus de 1000 femmes décèdent d’un cancer du col de l’utérus. Un meilleure prise en charge de cette maladie permettrait pourtant d’éviter l’hécatombe. Le point sur l’importance du dépistage avec les Dr Gaelle Vareilles et Dr Anne Garnier, médecins de Santé publique.
En 2018, près de 3000 femmes ont vu leurs vies changer avec le diagnostic du cancer du col de l’utérus. Les trois quart d’entre elles ont moins de 65 ans. L’objectif aujourd’hui en France est d’agir en amont de la pathologie, dès l’adolescence. L’accent est ainsi mis sur la vaccination des jeunes filles aux papillomavirus, principale cause de cancer du col de l’utérus.
Le Dr Gaelle Vareilles, médecin de santé publique et adjointe au chef du service prévention-santé-publique de la direction des solidarités en Isère et le Dr Anne Garnier, médecin de santé publique et référente au sein du Centre Régional de Coordination du Dépistage des Cancers (CRCDC) pour le cancer du col de l’utérus en Auvergne-Rhône-Alpes, reviennent sur l’importance cruciale d’un dépistage précoce.
Quel est le profil des femmes les plus touchées par le cancer du col de l’utérus ?
La principale cause du cancer du col de l’utérus (pour presque la totalité des cas) est la présence prolongée et anormale des papillomavirus (HPV), infection sexuellement transmissible. Parmi les facteurs qui favorisent l’infection prolongée des HPV et donc la formation d’une anomalie cellulaire : le tabac et les problèmes liés à une immunité défaillante.
Cancer du col de l’utérus : les papillomavirus en première ligne
Qu’appelle t-on papillomavirus (HPV) et quel est leur rôle dans le cancer du col de l’utérus ?
Les papillomavirus sont une infection courante à transmission sexuelle. En France, 8 femmes sur 10 ayant des rapports sexuels y sont exposées. L’infection a lieu le plus souvent dans les premières années de la vie sexuelle.
En règle générale, 90 % des femmes qui en sont porteuses s’en débarrassent dans les deux années qui suivent la contagion. L’infection peut persister chez certaines d’entre elles notamment celles ayant une déficience immunitaire. L’installation à long terme de ce virus peut engendrer des lésions cancéreuses au niveau du col de l’utérus et ainsi aboutir à un cancer.
Outre le cancer du col de l’utérus, les papillomavirus sont également responsables des cancers plus rares : de l’anus, du pharynx, de la vulve, du vagin ou encore celui du pénis.
La prévention passe avant tout par la vaccination
Peut-on se prémunir des HPV et donc à terme, du cancer du col de l’utérus ?
Il est difficile de se protéger des papillomavirus. La transmission intervient au cours des contacts sexuels par simple contact au niveau des parties génitales même s’il n’y a pas pénétration. Ces virus HPV peuvent également être transmis par le sexe oral et infecter la gorge.
Ainsi, bien que le préservatif soit très efficace contre les autres maladies sexuellement transmissibles, il ne protège pas suffisant contre les HPV. Le mode de prévention le plus efficace (à 90%) est la vaccination aux papillomavirus.
Le vaccin anti-HPV : pour qui et à quel moment ?
Né il y a une quinze ans, le vaccin contre les papillomavirus est le moyen de lutte le plus efficace l’infection et ses conséquences. D’ici quelques années, la protection contre le cancer lui-même pourrait être attestée. La recommandation concerne chez les jeunes filles de 11 à 13 ans, aux prémices de l’activité sexuelle et en rattrapage à 19 ans.
Il n’est cependant jamais trop tard pour se faire vacciner ! L’intérêt de cette prévention dépend surtout de l’activité sexuelle de la femme, l’âge étant un ordre de référence. Pour être efficace, le vaccin doit être réalisé au plus tôt avant le début des rapports intimes. Le vaccin apporte un bagage immunitaire efficace contre le papillomavirus. Ainsi, cela permet à la personne qui la contracte de s’en débarrasser facilement. Le cancer du col de l’utérus peut être ainsi évité.
Cancer du col de l’utérus : vers une évolution du dépistage
Dépistage : quels sont les recommandations ?
On détecte chaque année environ 30 000 de lésions précancéreuses au niveau du col de l’utérus chaque année. Pour le moment, le frottis cervico-vaginal reste le moyen de dépistage standard et préconisé pour le cancer du col de l’utérus. Cet examen a permis de diminuer par deux le nombre de cancers du col utérin dans la population depuis sa diffusion.
Le frottis se réalise entre 25 et 65 ans, tous les trois ans. Il s’agit donc de soigner une pathologie déjà installée en détectant les lésions pré-cancéreuses contrairement au test HPV.
Le test de dépistage des HPV serait-il plus efficace que le frotti ?
Depuis quelques années, l’objectif du Ministère de la Santé est d’agir en amont. La détection d’une présence anormale de papillomavirus, responsable de l’apparition du cancer pourrait en effet prévenir le cancer. La Haute Autorité de Santé recommande aujourd’hui le dépistage à travers la recherche des HPV plutôt la recherche de lésions via le frottis cervico-vaginal.
Le test de dépistage des papillomavirus est plus efficace puisque la part des lésions cancéreuses non-détectées est moindre que celle du frottis. Il pourra être réalisé par les gynécologues, médecins traitants et sages-femmes. Il sera également possible pour les femmes d’effectuer un auto prélèvement.
Les évolutions du dispositif de dépistage étant encore en cours, il faudra attendre quelques temps pour que les femmes puissent bénéficier gratuitement du test de détection des HPV.
À SAVOIR
Pour sensibiliser sa population à la vaccination contre les papillomavirus (HPV), le département de l’Isère se mobilise. Depuis 2018, le dispositif STOP HPV se développe dans les établissements scolaires notamment et chez les professionnels de santé. Objectif de cette opération : doubler le taux de vaccination d’ici 2022 pour ainsi diminuer le nombre de cas de cancers du col de l’utérus sur le territoire. Une vidéo explicative détaille notamment l’importance du vaccin pour les jeunes Iséroises. Chaque année, le département rescence 50 nouveaux cas de cancers invasifs du col détectés.
La recommandation de la Haute Autorité de Santé (HAS) pour la vaccination contre les papillomavirus concerne les filles et les garçons de 11 à 14 ans.