Les mutuelles santé, ou complémentaires, s’apprêtent encore à augmenter leurs tarifs en 2026. Mais de combien ? C’est là que les choses se compliquent : selon les experts, la hausse pourrait aller jusqu’à près de 10 %. Une fourchette large qui reflète l’incertitude du contexte actuel. Une certitude cependant, les cotisations ne baisseront pas.
En matière de mutuelle santé, les mauvaises nouvelles s’accumulent. Après une hausse moyenne des cotisations de 8,1 % en 2024 selon la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), puis une nouvelle progression en 2025, l’année 2026 s’annonce elle aussi plus chère pour les assurés.
Les projections varient, mais toutes vont dans le même sens. Les complémentaires santé devraient encore augmenter, avec des hausses prévues entre +2,5 % et +10 %.
Des prévisions divergentes, mais un constat commun : ça va augmenter
Les organismes spécialisés dans les prévisions d’assurance ne sont pas d’accord sur l’ampleur exacte des hausses à venir.
- Addactis, cabinet de conseil en actuariat, prévoit une progression comprise entre +3,4 % et +10 % pour les contrats individuels, et entre +3,6 % et +9 % pour les contrats collectifs, avec des médianes autour de 5 % et 6,2 %.
- De son côté, Facts & Figures, autre cabinet réputé, se montre plus optimiste : il table sur une hausse limitée à +2,5 % à +3,5 %.
Les scénarios diffèrent, mais le diagnostic est le même, les cotisations ne baisseront pas.
Pourquoi les mutuelles augmentent-elles encore ?
La hausse continue des dépenses de santé
Les dépenses de santé progressent plus vite que l’inflation générale. Selon la Drees, la consommation de soins et biens médicaux a augmenté de 3,7 % en 2023. Cela inclut les consultations médicales, les hospitalisations, mais aussi les dispositifs médicaux (lunettes, prothèses dentaires, appareils auditifs).
La réforme du 100 % santé, qui garantit zéro reste à charge sur certains équipements, a transféré une partie des dépenses vers les complémentaires santé. Alors, elles doivent absorber une facture plus lourde.
Les réformes à venir en 2026
Pour combler le déficit de l’Assurance maladie, le gouvernement prévoit en 2026 d’augmenter les franchises médicales. Aujourd’hui, chaque boîte de médicaments, acte paramédical (kiné, infirmier…) ou transport sanitaire est facturé de quelques centimes à l’assuré, dans la limite de 50 € par an et par personne. Demain, ce plafond pourrait être porté à 100 €. Autrement dit, un patient qui consomme beaucoup de soins pourrait payer jusqu’à 50 € de plus par an directement de sa poche.
Même logique pour les participations forfaitaires. Ce 1 € payé à chaque consultation pourrait être augmenté ou appliqué à davantage d’actes médicaux. En clair, deux scénarios sont possibles :
- soit les patients paient plus immédiatement à chaque passage chez le médecin ou à la pharmacie ;
- soit les mutuelles choisissent de couvrir ces nouveaux frais, et dans ce cas, elles augmenteront leurs cotisations pour compenser.
Dans les deux cas, le résultat est le même, les assurés verront leur facture de santé augmenter.
L’inflation et les coûts externes
L’inflation n’épargne pas le secteur de la santé. Le prix des médicaments, par exemple, ne cesse de grimper. En 2024, la Cour des comptes signalait déjà une progression de plus de 3 % en moyenne sur certains traitements courants. À cela s’ajoutent les coûts croissants des dispositifs médicaux (prothèses, implants, lunettes), souvent fabriqués à l’étranger et sensibles aux fluctuations des matières premières ou des transports.
Les hôpitaux et cliniques, eux aussi, subissent de plein fouet cette inflation : hausse des factures d’énergie, coût accru de l’alimentation dans les services de restauration, augmentation des charges de personnel. Les salaires des soignants, revus à la hausse depuis le Ségur de la Santé (2020-2022), pèsent également davantage sur les budgets hospitaliers.
Le vieillissement de la population
La France vieillit. Selon l’Insee, près d’un habitant sur trois aura plus de 60 ans en 2030. Or, plus on avance en âge, plus on consomme de soins : consultations plus fréquentes, hospitalisations plus longues, médicaments réguliers, soins liés aux maladies chroniques (diabète, hypertension, arthrose…).
À titre d’exemple, toujours selon l’Insee, un assuré de plus de 75 ans dépense en moyenne trois fois plus en soins de santé qu’un adulte de moins de 50 ans. Cette évolution démographique exerce une pression constante sur les complémentaires santé. Les cotisations doivent être ajustées à mesure que la population vieillit et sollicite davantage le système de soins.
Pour les mutuelles, c’est un véritable casse-tête. Comment maintenir un équilibre financier alors que la pyramide des âges pèse toujours plus lourd sur les dépenses ? La réponse passe bien souvent par une hausse des cotisations, au moins partielle, pour compenser cette consommation accrue.
Concrètement, combien ça représente pour vous ?
Selon la Drees, la dépense moyenne de complémentaire santé en France atteignait environ 850 € par adulte en 2023.
- Une hausse de +5 % correspond à environ +42 € par an (soit 3,5 € de plus par mois).
- Une hausse de +10 % grimpe à +85 € par an (soit plus de 7 € par mois).
Attention, ces chiffres sont des moyennes. Dans la réalité, tout dépend du type de contrat :
- Les contrats collectifs (mutuelles d’entreprise), souvent cofinancés par l’employeur, amortissent un peu le choc.
- Les contrats individuels (indépendants, retraités, étudiants) sont plus exposés aux hausses.
- Les garanties “renforcées” (optique, dentaire, hospitalisation) entraînent mécaniquement des primes plus élevées.
Quelles solutions pour limiter la facture ?
Il faut comparer régulièrement les offres. Depuis décembre 2020, il est possible de résilier sa mutuelle à tout moment après un an. Profiter de la concurrence peut permettre de trouver un contrat plus adapté ou moins cher.
Aussi, adaptez vos garanties à vos besoins réels. Par exemple, si vous n’avez pas besoin d’une couverture renforcée en optique, vous pouvez réduire cette garantie pour alléger votre prime. Et, le petit truc en plus, renseignez-vous sur la Complémentaire santé solidaire (CSS). Ce dispositif public aide les foyers modestes en réduisant fortement, voire en supprimant, la cotisation. En 2024, près de 5,8 millions de Français en bénéficiaient selon l’Assurance Maladie).
À SAVOIR
En 2022, selon la Drees, les complémentaires santé ont pris en charge 13,3 % de la dépense courante de santé en France, contre 78,2 % pour la Sécurité sociale et 7 % restant à la charge des ménages. Cela veut dire qu’aujourd’hui, près d’un euro sur sept dépensé en soins est couvert par une mutuelle.