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La Journée mondiale du diabète est le 14 novembre. © Freepik

Avec plus de 3,8 millions de patients en France et des dépenses de santé qui dépassent les 10 milliards d’euros, le diabète devient un vrai casse-tête pour le système de santé. Dans un rapport choc publié début juillet 2025, la Cour des comptes appelle à une réforme en profondeur : repenser la prise en charge, renforcer la prévention et, surtout, adapter le parcours de soins à chaque profil. Mais derrière ces mots, que faut-il vraiment comprendre ? Explications.

Selon Santé Publique France, en 2023, 3,8 millions de Français étaient traités pour un diabète, dont 92 % pour un diabète de type 2, souvent lié à l’âge, au surpoids ou à la sédentarité. Et ce n’est pas tout. Chaque année, près de 200 000 nouveaux cas sont diagnostiqués en France. Ce qui fait du diabète la première affection de longue durée (ALD) dans notre pays.

Un fléau silencieux, souvent découvert trop tard. En 2021, 30 % des nouveaux patients présentaient déjà des complications (rétinopathie, neuropathie, atteintes rénales) au moment du diagnostic.

Et côté finances, c’est l’hémorragie. 10,2 milliards d’euros de dépenses en 2023 pour l’Assurance maladie, soit une hausse de +35 % depuis 2015, et le tout sans amélioration significative des résultats de santé. Bref, on soigne plus, on dépense plus… mais on ne soigne pas forcément mieux.femme diabetique vue de face verifiant son niveau de gluco

Prise en charge du diabète : ce que propose la Cour des comptes

Le système actuel de prise en charge en ALD (Affection Longue Durée) couvre 100 % des soins liés au diabète, dès le diagnostic. Mais pour la Cour des comptes, cette approche uniforme n’est plus adaptée à la réalité de la maladie. La Cour propose donc de créer deux niveaux d’ALD pour le diabète de type 2.

  • ALD 1 : pour les formes débutantes ou bien contrôlées, avec une prise en charge ciblée des soins utiles à la prévention (consultations, bilans, éducation thérapeutique, activité physique).
  • ALD 2 : pour les diabètes sévères ou compliqués, avec un remboursement intégral des soins (y compris hospitaliers).

L’objectif est d’adapter la prise en charge aux besoins réels des patients, éviter les soins inutiles ou redondants… et limiter les dépenses sans nuire à la qualité des soins.

Mais une inquiétude subsiste, celle d’un reste à charge trop important pour certains patients modestes. La Fédération Française des Diabétiques a déjà tiré la sonnette d’alarme, rappelant qu’un parcours de soins efficace doit rester intégralement remboursé, surtout pour les publics les plus fragiles.

Mieux soigner, c’est d’abord mieux prévenir

Le deuxième gros chantier, c’est celui de la prévention. Aujourd’hui, la médecine française reste trop souvent centrée sur le traitement, pas sur l’accompagnement.

La Cour des comptes insiste sur la nécessité de mettre en place un parcours de soins structuré dès le diagnostic, qui repose sur trois piliers :

  1. L’éducation thérapeutique : comprendre sa maladie, savoir gérer sa glycémie, reconnaître les signes d’alerte.
  2. L’activité physique adaptée : des programmes encadrés par des professionnels de santé.
  3. Le conseil nutritionnel : individualisé, sans culpabilisation, mais avec des outils concrets.

Mais, ces approches ne sont pas toujours accessibles, surtout en zone rurale ou pour les personnes isolées. Résultat : moins de 10 % des patients bénéficient d’un vrai accompagnement pluridisciplinaire (Cour des comptes, 2025). La Cour appelle donc à mieux financer ces soins non médicamenteux… car c’est aussi là que se joue le pronostic à long terme.

Des inégalités sociales et territoriales criantes

Autre constat, le diabète frappe beaucoup plus durement les personnes précaires. Les chiffres parlent d’eux-mêmes :

  • Les 10 % les plus modestes ont 2,8 fois plus de risques d’être diabétiques que les plus riches.
  • Les territoires ultramarins (comme la Réunion ou la Martinique) affichent des prévalences deux fois supérieures à la métropole.

Pourquoi ? Parce que les déterminants de santé (alimentation, activité physique, accès aux soins) sont intimement liés aux conditions de vie. Un Nutri-Score ne suffit pas quand on n’a ni budget ni temps pour cuisiner.

La Cour des comptes pousse donc l’État à aller plus loin :

Et maintenant, on fait quoi ?

Le rapport de la Cour des comptes a été globalement bien accueilli par les autorités de santé, notamment la CNAM (Caisse nationale d’assurance maladie), qui partage plusieurs constats. Mais plusieurs questions restent ouvertes :

  • Qui décidera du niveau d’ALD attribué à chaque patient ?
  • Comment garantir un accès équitable à la prévention, partout sur le territoire ?
  • Quel accompagnement pour les professionnels de santé déjà débordés ?
  • Et surtout, comment éviter une réforme qui ferait peser plus de frais sur les malades eux-mêmes ?

La balle est désormais dans le camp du gouvernement. Une réforme de l’ALD est à l’étude, mais rien n’est encore tranché.

À SAVOIR

Selon l’étude britannique DiRECT (The Lancet, 2023), près d’1 patient sur 2 ayant perdu environ 15 kg a vu son diabète disparaître sans médicament, deux ans après. En France, ce type d’accompagnement commence à se développer en éducation thérapeutique.

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Marie Briel
Journaliste Ma Santé. Après un début de carrière en communication, Marie s’est tournée vers sa véritable voie, le journalisme. Au sein du groupe Ma Santé, elle se spécialise dans le domaine de l'information médicale pour rendre le jargon de la santé (parfois complexe) accessible à tous.

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