annulation foire de lyon
L'annulation de la Foire de Lyon, initialement prévue du 8 au 12 octobre, est emblématique des lourdes répercussions économiques engendrées par le rebond de l'épidémie de coronavirus. ©Foire de Lyon

La seconde vague de l’épidémie de Covid-19, particulièrement virulente à Lyon et dans le Rhône, a entraîné l’annulation ou le report des plus importants salons de la fin de l’année. Directement liées à la crise sanitaire et aux décisions prises pour endiguer la propagation du virus, les conséquences économiques seront très lourdes pour les acteurs événementiels et les nombreux exposants privés d’une opportunité de relance. L’hôtellerie, la restauration et les autres activités de l’écosystème événementiel sont également touchées de plein fouet.

Covid-19 : “des conséquences lourdes” pour les salons lyonnais

Les nouvelles mesures de restrictions liées à l’épidémie de Covid-19, annoncées lundi et renforcées mercredi soir, ont entraîné le report ou l’annulation de plusieurs salons majeurs à Lyon. Foire de Lyon, Pollutec, Sihra… La plupart de ces manifestations font les frais de la décision préfectorale interdisant les rassemblements de plus de 1000 personnes.

La mesure, en elle même, ne souffre pas de contestation. Les organisateurs s’accordent sur sa légitimité, tant il y a urgence à contenir la propagation de l’épidémie de coronavirus. “Si les conditions sanitaires s’aggravent dans la région, il est en effet plus sage d’interdire les grands événements”, relève ainsi Éric Dejean-Servières, le commissaire du salon Préventica Santé et Sécurité au travail, qui a annoncé lundi le report de l’événement prévu du 29 septembre au 1er octobre à Lyon-Eurexpo.

Mais les dommages collatéraux sont colossaux, pour un territoire qui comptait bien se refaire la cerise au terme d’un premier semestre 2020 en berne. La Foire de Lyon, le Sihra ou Pollutec sont autant d’événements qui contribuent au rayonnement international de la métropole lyonnaise, locomotive économique de toute la région Auvergne-Rhône-Alpes. “Les conséquences économiques, pour Eurexpo-Lyon, pour le groupe GL Events et le Palais des Congrès de Lyon, sont lourdes”, confirme Anne-Marie Baezner. “Mais elle le sont aussi pour les exposants, pour qui ces événements étaient un outil de relance”, poursuit la directrice générale des sites lyonnais du groupe GL Events.

La directrice de la Foire de Lyon, Véronique Szkudlarek, a ainsi estimé à 20 millions d’euros les pertes directes liées à l’annulation de l’événement, et à 200 millions d’euros le manque à gagner pour les exposants.

Mises à mal par le confinement et la baisse drastique de leurs activités depuis le printemps, de nombreuses entreprises de la région espéraient une rentrée en forme de rebond. Rebond qui, au final, ne concerne que… le nombre de cas de contaminations au coronavirus et, surtout, d’hospitalisations. “Tout l’écosystème de l’événementiel est touché”, reprend Anne-Marie Baezner, “qu’il s’agisse de l’hôtellerie, de la restauration, des sociétés de gardiennage, etc.” 

“50 à 60% d’activités business en moins”

“Nous étions plein d’optimisme pour la rentrée. Mais cela devient compliqué, avec jusqu’à 50 à 60% d’activité business en moins”, témoigne Thierry Roussel, le directeur du Novotel Lyon Confluence. Pour lui, l’annulation de ces événements “aura forcément un impact sur l’activité, et sur les prix. C’est une période où, en temps normal, toute la ville est complète”.

François Gaillard, le directeur général d’OnlyLyon Tourisme & Congrès, annonçait déjà la couleur fin août, sur l’antenne de nos confrères de Radio Scoop. “Lyon est à 65% une destination de tourisme d’affaire. Une activité économique va reprendre à la rentrée. Les voyageurs d’affaires vont donc revenir dans nos hôtels et nos restaurants. C’est surtout les quatre derniers mois de l’année que l’on va observer à la loupe. On verra comment le marché se comporte, et si une dynamique reprend, ou si on reste dans un attentisme global, et que les choses n’avancent pas“. Les craintes se sont donc révélées fondées, et ces quatre derniers mois de l’année, qui ne pourront compter sur le poids des grandes manifestations lyonnaises, vont être difficile à supporter.

Covid-19 et report des salons : “l’impact est terrible” dans la restauration

“On s’accrochait avec beaucoup d’espoir à ces rendez-vous qui devaient rythmer la fin d’année”, confirme Frédéric Berthod, le chef du restaurant 33 Cité. Proche du Centre des Congrès, l’établissement de la Cité Internationale perd ainsi une grande partie de sa clientèle habituelle. “Après un été correct, la reprise de septembre a déjà été compliquée. On sent que les gens ont peur, qu’il faut les rassurer. On subit aussi les conséquences du télétravail, avec une fréquentation moindre. Là, c’est la double peine. Car nous sommes placés sur un site qui, à cette période, a une très forte activité. Tout est arrêté et l’impact est terrible”.

Au-delà de la frustration, un autre sentiment domine chez les organisateurs d’événements. Celui de subir un recours à des mesures anti-coronavirus à double vitesse. “On nous limite à 5000 visiteurs, puis à 1000, alors que certains magasins accueillent 10 000 visiteurs chaque jour. Et ce sans aucune restriction”, assène la DG lyonnaise des sites GL Events. Même son de cloche du côté du salon Préventica, dont le commissaire fustige ces “milliers de personnes dans les grandes surfaces, ces rues commerçantes bondées le samedi”.

Ce vent de colère s’alimente d’une certaine forme d’injustice. Ces événements avaient en effet mis les bouchées doubles pour faire preuve d’exemplarité sanitaire. “Nous avons relancé nos salons début septembre, et ils se sont très bien déroulés. Que ce soit le SIDO, le Sirha Green, les gestes barrières ont été très bien respectés. Nos espaces sont immenses, avec de l’air 100% régénéré”, détaille Anne-Marie Baezner. Qui cite l’exemple de la Foire européenne de Strasbourg, organisée du 4 au 14 septembre en format adapté par GL Events et durant laquelle aucun cas n’a été détecté. Las, la décision est irrévocable, et l’évolution de la situation sanitaire ne risque pas d’infléchir la tendance.

Covid-19 : d’autres reports à venir pour les salons restants ?

“On croise les doigts pour que le peu d’événements restants soient maintenus”, note Frédéric Berthod, le restaurateur de la Cité Internationale. Le salon Patrimonia aura bien lieu les 1er et 2 octobre au Centre de Congrès, comme l’ont annoncé ce mercredi ses organisateurs. Le Festival Lumière aussi (du 10 au 18 octobre), même si les jauges de certains rendez-vous sera revue à la baisse. Ce sera le cas de la cérémonie d’ouverture, le 10 octobre à la Halle Tony Garnier. Ou de la remise du Prix Lumière aux frères Dardenne, le 16 octobre au Centre de Congrès. Equita Lyon, programmé du 28 octobre au 1er novembre à Lyon Eurexpo, “n’est pas interdit”, selon GL Events. Le 42e salon Époqu’auto aussi est maintenu pour l’instant, du 6 au 8 novembre à Eurexpo Lyon. Tout comme Zen & Bio (ex-Vivez Nature), du 20 au 22 novembre au même endroit.

Les nuages noirs, en revanche, s’amoncellent déjà sur la plus grande manifestation internationale lyonnaise: la Fête des Lumières. Pascal Mailhos, le préfet du Rhône, a indiqué dès lundi sur BFM Lyon que “les conditions n’étaient pas tout à fait réunies” pour que l’événement puisse avoir lieu du 5 au 8 décembre.

L’hôtellerie, la restauration et les secteurs de l’événementiel survivront-ils à un hiver dans le creux de la seconde vague ? “Il y aura de la casse”, annonce Frédéric Berthod. “Tout dépendra de la manière dont vont consommer les locaux, la clientèle vers laquelle on va se tourner. Mais la durée dans le temps est telle, que tout le monde va souffrir, les gros comme les petits…”

À SAVOIR

Les principales mesures prises par le préfet du Rhône pour enrayer la propagation de l’épidémie dans la métropole lyonnaise sont :

  • obligation du port du masque, en plus de Lyon et Villeurbanne à Bron, Caluire, Décines, Écully, Saint-Fons, Saint-Genis-Laval, Tassin-la-Demi-Lune, Vaulx-en-Velin, Vénissieux et Villefranche-sur-Saône
  • port du masque obligatoire dans un rayon de 50 mètres autour des écoles, collèges, lycées, gares, salles de sport et spectacles, centres commerciaux
  • port du masque obligatoire dans les lieux fermés
  • interdiction des regroupements de plus de 1000 personnes
  • interdiction des fêtes foraines, brocantes, vide-greniers…
  • Visites en Ehpad limitées à 2 visiteurs par résident et par semaine
  • Classes fermées en cas de 3 cas de Covid-19

Mercredi soir, le Ministre de la Santé a annoncé des mesures encore plus restrictives. Elles sont applicables pour 15 jours à partir du lundi 28 septembre:

  • fermeture des bars à 22h
  • fermeture des salles des fêtes, gymnases et salles de sport
  • interdiction des fêtes étudiantes ou fêtes locales
  • interdiction des rassemblements de plus de 10 personnes sur la voie publique
  • incitation au télétravail
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Journaliste expert santé / Rédacteur en chef adjoint du Groupe Ma Santé. Journaliste depuis 25 ans, Philippe Frieh a évolué dans la presse quotidienne régionale avant de rejoindre la presse magazine pour mettre son savoir-faire éditorial au service de l'un de ses domaines de prédilection, la santé, forme et bien-être. Très attaché à la rigueur éditoriale, à la pertinence de l'investigation et au respect de la langue française, il façonne des écrits aux vertus résolument préventives et pédagogiques, accessibles à tous les lecteurs.

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